Nouveau plan d’urbanisme : Saint-Jérôme repense pour la qualité de vie des citoyens
Par France Poirier
Il aura fallu 30 000 heures et 37 employés pour réaliser en trois ans le nouveau plan d’urbanisme de Saint-Jérôme. C’est lors de la dernière assemblée du conseil, le 18 février dernier, que les élus ont adopté le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité.
La Ville avait sa vision. « On partait du fait qu’on voulait densifier le centre-ville. À partir de la densification du centre-ville, il fallait modifier le périmètre urbain. Où s’arrêtait la densification ? », souligne le maire Marc Bourcier.
Voici les six priorités pour la refonte du plan d’urbanisme et de mobilité :
- la revitalisation et le développement du centre-ville;
- le développement du pôle régional de santé;
- le développement des secteurs industriels;
- le développement des secteurs commerciaux;
- l’amélioration du niveau de service des réseaux d’aqueduc et d’égout;
- l’amélioration des projets situés sur des terrains desservis par les infrastructures existantes qui ne nécessitent aucune modification.
Selon le directeur de l’urbanisme de la Ville de Saint-Jérôme, Aurélien Borie, une refonte de l’ancien plan d’urbanisme était nécessaire. « C’était une machine pour faire de l’argent. Il fallait aller à l’envers des paradigmes et la vieille mentalité. Il fallait que ça change. Ça datait de 2010. Il fallait un cadre. L’urbanisme attendait que le conseil veuille aller de l’avant. Il a fallu bousculer plusieurs règlements et le conseil avait aussi cette volonté », explique M. Borie.
« Notre administration trouvait important de faire des consultations publiques, mais il faut la participation de la Ville et des fonctionnaires. Lors de ces consultations, ils étaient sur place pour répondre aux questions des citoyens. Pour changer, ça prend du vouloir et ça prend du coeur », souligne Nathalie Lasalle, présidente de la Commission de l’urbanisme.
« Il y a eu une appropriation. On voulait changer le plan d’urbanisme. C’est notre outil de travail et on était content de le changer. La magie s’opère quand il y a un ADN commun de pensées, parce qu’on avait la même lecture du Saint-Jérome de demain. Ce qu’on retrouve dans ce nouveau plan, c’est ce qu’on avait imaginé », ajoute M. Borie.
Le désir des citoyens
« Les citoyens ont enrichi le plan et lui ont donné de la profondeur. Ils nous ont donné du pouvoir pour aller plus loin. Par exemple, avec la protection des paysages. On a compris que ça faisait partie de l’identité et que c’était très important. On propose des mesures plus audacieuses, plus de quartiers à protéger. On pense au Domaine Parent, par exemple. Des citoyens en ont parlé comme d’un bijou architectural qui n’est pas protégé. Tous ces témoignages se sont reflétés dans nos choix d’aller plus loin, avec les espaces verts et les voies cyclables, par exemple », souligne le directeur.
« On travaille tous ensemble avec les urbanistes. Je ne suis pas une experte, mais j’ai beaucoup appris. On discute ensemble pour aller chercher le meilleur pour les citoyens », ajoute Nathalie Lasalle. « Pour arriver là, il faut une confiance dans les différents niveaux. Les élus prennent les décisions et les fonctionnaires amènent les bons paramètres pour qu’ils prennent des décisions. Il y en a un qui a la légitimité de prendre la décision et il y en a un qui a la légitimité de donner l’information », indique M. Borie
« Si on n’avait pas agi, il y aurait eu des belles choses qui seraient arrivées, mais il y aurait aussi eu de l’opportunisme sans qu’on décide vraiment de l’avenir qu’on veut avoir. Le poids de la capitale régionale était en déclin. La Ville de Saint-Jérôme était menacée en terme de qualité de vie et de finances municipales. Sans une intervention majeure, l’avenir était gris. On se maintenait. On laissait l’opportunité aux autres de diriger le développement. Pour moi, le nouveau plan représente un symbole de qualité de vie pour les citoyens, actuels et futurs », explique le directeur. « Une ville à échelle humaine », ajoute Nathalie Lasalle.
Pour le maire Bourcier, l’immobilier et l’étalement urbain ne sont jamais payants pour une ville. « Avant nous, on avait autorisé du développement urbain qui grugeait nos parcs et ce n’est pas payant. Les tuyaux et les installations sanitaires, ce n’est pas avantageux pour une ville. »
Un virage
Ça prend du courage organisationnel pour effectuer un virage comme celui-ci, nous indique nos interlocuteurs. « Il va falloir tenir le volant pour maintenir ce virage parce que c’est facile de retomber dans les vieilles habitudes. Il y aura de nouvelles demandes et tous les services vont devoir s’adapter. On est dans un plan qui prône plus le verdissement, qui prône d’avoir des rues avec des réseaux cyclables, donc ça implique du déneigement peut-être et la plantation d’arbres qui demande un entretien supplémentaire. Faut convaincre à l’interne de s’approprier le nouveau plan. On va devoir se serrer les coudes pour travailler dans le même sens », conclut Aurélien Borie avec l’appui du maire et de la conseillère Lasalle.