Négociations syndicales : Les pompiers de Prévost craignent une fusion imposée
Par Luc Robert
À la lumière des résolutions municipales adoptées la semaine dernière à Saint-Hippolyte et Prévost, le syndicat des pompiers de cette dernière ville, membre de la section locale 7161 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), se demande si les autorités laisseront dépérir leur situation jusqu’à une fusion complète des services d’incendies avec Saint-Jérôme.
L’entente actuelle de cinq ans entre les trois villes dispose pour le moment d’un même état-major et de services d’entraides mutuels. Elle se termine le 31 décembre 2024. Or, on a lancé l’idée d’étudier la possibilité d’unir les trois services dans une seule entité globale.
Résolutions à Saint-Hippolyte et Prévost
À la réunion du conseil municipal du 12 septembre, les élus de Saint-Hippolyte ont adopté la résolution 1.8. Celle-ci « autorise la participation à la réalisation de l’étude de regroupement des services de sécurité incendie (demande d’aide financière par la Ville de Saint-Jérôme) ».
« C’est Saint-Jérôme qui est le maître d’œuvre de ce dossier. Elle parle au nom des trois municipalités au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH). Le but est d’explorer si on peut créer un service des incendies commun. L’échéancier doit aller assez vite, car l’entente achève. On ne voudrait pas que ça déborde [au-delà de la date limite] et que nous soyons pris pour adopter une structure temporaire, avec l’embauche d’un chef intérimaire et les déboursés qui vont avec ça. On verra ce que l’étude recommandera », a prudemment soutenu le maire de Saint-Hippolyte, Yves Dagenais.
À la réunion ordinaire du 12 septembre à Prévost, la résolution 8,1, similaire à celle des voisins de l’Est, a aussi été adoptée par les édiles municipaux. « Approbation d’une étude de faisabilité, d’opportunité et diagnostics en sécurité incendie – demande d’aide financière – (volet 4 – soutien à la coopération intermunicipale du fonds des régions et ruralité). »
« On a trois ans et demi de fait selon l’entente actuelle. Les partenaires veulent regarder d’autres formules. Nous, celle actuelle nous convient et nous est avantageuse. [Prévost et Saint-Jérôme] vont vouloir rétablir un équilibre. Il semble qu’il y ait une intégration plus grande souhaitée par les autres partenaires. C’est seulement une étude : il faut être bon joueur et écouter. Notre intérêt reste d’offrir le meilleur service des incendies, au meilleur coût possible. Ce sont nos seuls critères », a lancé le maire de Prévost, Paul Germain.
Me Caroline Dion, greffière à Prévost, a d’ailleurs lu les détails de la proposition d’étude, « qui concerne le regroupement possible des services d’incendies de la MRC de La Rivière-du-Nord ».
Craintes
De son côté, le président du syndicat des sapeurs, M. Guillaume Aspireault-Massé, s’est dit craintif de l’étude. À l’heure actuelle, ses 24 membres viennent de rejeter la dernière proposition de convention collective « finale » présentée par la Ville de Prévost.
« M. Germain a laissé des sous-entendus pour créer de la peur et de la confusion chez nos membres. S’ils laissent traîner le dossier jusqu’en 2025 pour que Saint-Jérôme nous prennent, ils vont devoir négocier une rétroactivité et prendre le service tel quel. Ça pourrait être bon si nos membres deviennent des pompiers à temps plein. Sinon, être encore sans entente collective pendant 15 mois, c’est encore de l’instabilité. Faudra-t-il que Prévost dédommage ensuite Saint-Jérôme si nous sommes intégrés ? », a-t-il questionné tout haut.
Tout comme les villes de Mercier et de Blainville, les sapeurs de Prévost sont dans l’attente de la signature d’une nouvelle convention collective, échue depuis le 31 décembre 2021.
« On revient du congrès du SPQ. Le cas de Rosemère a été évoqué, mais je ne crois pas qu’ils puissent fermer notre service tout bonnement. Imaginez la prime d’assurance des citoyens, qui serait sûrement haussée. Il y aurait un gros impact à prévoir, si les appels étaient répondus par des services extérieurs. »
Majoritairement rejetée par les syndiqués, les syndiqués ont ramené et déposé l’offre de convention prévostoise aux élus en pleine séance du conseil.
« Ils veulent réactiver le Conseil des différents. Mais celui-ci n’est même plus légal, car le gouvernement doit réécrire cette loi. Le syndicat de la fonction publique (SCFP) attend juste ça. La minute où ils invoqueront cet organisme, une injonction de la cour sera émise. Ce n’est qu’un écran de fumée », a-t-il évalué.
Poursuite des négociations
Le maire Germain a gardé sa ligne tracée, selon les propos émis en séance ordinaire.
« Nous sommes dans un contexte où il faut protéger les intérêts des citoyens, mais aussi ceux des pompiers. On ira en conciliation. Les points [de la proposition finale] sont essentiels à une bonne gouvernance. La Ville est prête à aller en arbitrage. L’arbitre tranchera. La négo doit se faire dans les deux sens. À date, elle a été unilatérale. J’ai des fonctionnaires qui ont autre chose à faire que perdre leur temps. Dans la négo, [les syndiqués] font fausse route. »
Aspirault-Massé n’ pas digéré des récentes mesures de l’employeur.
« La journée de la paie, vendredi denier, ils ont coupé mon dû pour libération syndicale (défense de griefs) normalement rémunérée. Ils ont invoqué une limite atteinte de banque d’heures, pour le secrétaire du syndicat et moi. Et pour la course de boîtes de savon, ils nous ont demandé de faire du bénévolat en sécurité, alors que nous avons déjà été payés par le passé. C’est insultant ! »
Vérification faite, les employés des travaux publics étaient rémunérés en surtemps, mais de 14 h à 17 h, pour le nettoyage du site après la course communautaire pour les jeunes.