La MRC de La Rivière-du-Nord trace sa voie économique malgré les incertitudes
Malgré le vent d’incertitude qui souffle actuellement sur l’économie mondiale, la MRC de La Rivière-du-Nord garde le cap. Détenant une économie diversifiée, une stabilité relative et de grands projets en cours, elle mise sur la collaboration régionale et l’innovation pour continuer de grandir dans les années à venir.
En ce moment, la situation économique dans la MRC de La Rivière-du-Nord demeure relativement stable. « Si on regarde le pourcentage des parts d’emploi, nous, on est beaucoup dans les soins de santé, on est aussi dans le service d’enseignement. Il y a quand même la construction qui occupe une bonne part du marché. Uniquement ces domaines représentent 35 % de l’économie », explique Charléric Gionet, directeur du développement économique à la MRC. Cette prédominance des secteurs publics et parapublics, notamment la santé, la justice, et les administrations municipales, contribue à protéger la région des problèmes économiques à l’international.
M. Gionet reconnaît d’ailleurs une certaine prudence chez les entreprises. « On sent un ralentissement dans la création de postes ou d’entreprises. Il y a de l’incertitude, mais pas de déséquilibre majeur », note-t-il. Une stabilité qui repose aussi sur une planification proactive face aux aléas extérieurs.
Diversifier les marchés pour affronter les turbulences internationales
Avec les tensions commerciales récentes entre le Canada et les États-Unis, la MRC n’a pas attendu que la situation dégénère pour réagir. Ils se sont rapidement réunis avec leurs partenaires, notamment Laurentides International et Investissement Québec, pour soutenir les entreprises exportatrices, selon M. Gionet.
L’objectif de la MRC est de réduire la dépendance du marché américain. Des fonds sont déjà disponibles pour aider les entreprises à explorer de nouveaux débouchés internationaux et bâtir des plans d’affaires adaptés. « On s’est dit, on ne veut pas non plus sonner très alarmiste puis courir à la panique, puis vite, il faut changer, réorienter, se désorganiser. Il y a des entreprises sur notre territoire qui avaient déjà prévu le coup », précise-t-il.
Trois projets phares pour 2025
À l’heure actuelle, la MRC a différents projets de développement économique. Le premier d’entre eux ? Un centre de formation et d’innovation en transport avancé. « C’est un projet sur lequel on travaille depuis 2022. […] On a déjà un terrain qui nous a été octroyé par la Ville de Saint-Jérôme à la fin de l’année dernière. On travaille actuellement avec une firme d’architectes pour le plan fonctionnel et technique », souligne Gionet. Le centre comprendra notamment un cyberrange pour la recherche en cybersécurité et intelligence artificielle, ainsi qu’une vitrine technologique pour permettre aux entreprises de tester de nouvelles technologies avant de les intégrer à leurs chaînes de production.
Le deuxième projet est le développement de l’économie sociale. « On espère annoncer bientôt la création d’un fonds d’investissement en économie sociale », dit M. Gionet. Ce fonds visera à soutenir des projets collectifs capables de répondre aux besoins locaux, en collaboration avec les municipalités et les organismes communautaires.
Enfin, la MRC souhaite se positionner dans la filière des écomatériaux. « On veut aussi s’attarder à tout ce qui est le zonage agricole et la productivité des terres. Ça commence à pousser un peu partout au Québec, mais on a l’occasion dans les Laurentides d’avoir quand même beaucoup de terres agricoles. On en a aussi une bonne partie qui sont soit en jachère ou soit qui sont inopérables. On s’est dit, on a quand même une économie industrielle, développée, manufacturière. Est-ce qu’on pourrait intégrer des écomatériaux dans cette chaîne-là? », ajoute le directeur.
Un virage régional
Au-delà des projets locaux, la MRC de La Rivière-du-Nord veut faire des projets de collaboration. « On veut travailler avec toutes les MRC des Laurentides et la Ville de Mirabel sur une stratégie économique régionale. Trop souvent, notre région a été délaissée, faute de vision commune », déplore M. Gionet.
La démographie est pourtant en plein essor dans les Laurentides, et les investissements doivent suivre. « Il faut s’assurer que les Laurentides ont une juste part du gâteau à des investissements publics, puis qu’on soit en mesure d’avoir des infrastructures autant routières, des institutions qui soient à la hauteur de ce qu’on est capable, de ce qu’on veut faire », dit-il. L’idée est de ne pas avoir de la compétition entre territoires, le but est plutôt d’avoir une vision intégrée, où chaque pôle joue sa carte.
Un développement équilibré et inclusif
Pour assurer une croissance qui profite à toute la population, la MRC mise sur son influence dans des comités stratégiques. Par exemple, elle est intervenue auprès d’Investissement Québec pour être incluse dans les discussions sur la filière batterie, selon le directeur. M. Gionet insiste sur l’importance de faire valoir les forces régionales auprès des grandes institutions.
Chaque municipalité joue ses propres cartes également. Sainte-Sophie et Saint-Colomban misent sur une industrialisation verte, Prévost sur la qualité de vie et les commerces de proximité. Une diversité d’offres qui permet à la région de séduire des investisseurs aux profils variés.
Une vision tournée vers l’avenir
Pour les cinq prochaines années, la MRC de La Rivière-du-Nord entend bien continuer sur cette lancée. Ses priorités, entre autres, sont de soutenir l’innovation, former une main-d’œuvre qualifiée, favoriser une croissance inclusive, et bâtir une région unie capable de porter des projets d’envergure.
« Pour nous, ça va être important de développer l’économie sociale, l’économie circulaire dans un même bateau. On veut trouver une façon d’avoir des projets qui vont venir régler des enjeux locaux par des projets collectifs », conclut Charléric Gionet.