Le motoneigiste Patrick Farmer adore son loisir motorisé, malgré les embûches. Courtoisie

Motoneige : Les Boomers sauveront l’industrie à court terme

Par Luc Robert

Malgré plusieurs difficultés, l’industrie de la motoneige risque de survivre au Québec à moyen terme, car les mordus n’ont pas l’intention de rendre les armes à leur arrivée massive à l’âge de la retraite.

Les contraintes semblent se multiplier : changements climatiques, perte de droits de passage, mésententes entre clubs, sévérité aux barrages policiers, hausse du prix de la carte annuelle de membre, etc. Pourtant, les adeptes ne font que modifier leur approche, au lieu de quitter ce loisir qui a fait la fierté de plusieurs régions.

« Le contexte entraîne un manque de renouveau, mais les mordus le demeureront tant qu’ils le pourront. À 25 000 $, les motoneiges sont devenues des véhicules loisirs de luxe. Les mordus limitent leurs sorties ou raccourcissent leur durée. Les couples s’adonnent plus à des locations à court terme près des hôtels. Et les délinquants continueront à nous nuire en roulant sans passe de sentiers, quitte à payer le double des amendes s’ils se font prendre. Ces mêmes délinquants nous dépassent comme des bombes et nous enterrent de neige, avec leurs crampons volumineux, qui pellettent la neige de fond dans nos visières. Les comportements de certains doivent changer », a estimé un retraité qui pratique encore son loisir préféré.

La carte de membre saisonnière est passée à 545 $ par année, pour une saison qui dure entre six à huit semaines.

« Pour plusieurs inconditionnels, ça leur prend leur drogue blanche, coûte que coûte. Et je ne parle pas de cocaïne. Dès qu’un mordu signale aux autres que les prévisions météo annoncent 15 cm, ils n’en dorment pas. Ils ont préparé leur machine, vérifié les sites de clubs pour savoir si tel ou tel club a surfacé ou non ses tracés. C’est le branle-bas de combat. »

Moins de joueurs

Dans le contexte économique difficile des années post-COVID, les jeunes adultes orientent souvent leurs activités vers les loisirs de plein air. Tronquer les patins de motoneige pour ceux à glace ou des skis a des répercussions chez les grands fabricants.

Ainsi, Yamaha et Arctic Cat ont laissé savoir qu’ils ne construiront plus de sleighs motorisées. Bombardier produits récréatifs et Polaris occuperont dorénavant seuls le marché des motoneiges neuves (sans compter celles électriques).

« On est loin des Polarisques d’antans, où tu partais avec ce Ski-Roules (ce qui roule, NDLR) et tu revenais avec ce Ski-Reste. De nos nos jours, toutes les machines ont leurs avantages et grandes qualités. Mais c’est psychologique pour plusieurs : les ventes vont continuer. À moyen terme, en tout cas, quand un maniaque voit les dernières innovations, tu vois encore dans la salle de montre des concessionnaires des écriteaux « Vendu » sur la majorité des modèles affichés. Les constructeurs qui restent vont conserver le marché, car les irréductibles demeurent plus fidèles à leur marque, comme les propriétaires de voitures par exemple. »

Plus au nord

L’époque où les motoneigistes débarquaient leur monture à Saint-Jérôme pour partir à l’aventure sur les sentiers semble modifiée dans les comportements des adeptes. Finis les départs de la maison, avec un arrêt à l’ex-Vallon forestier de Prévost, en direction des Pays-d’en-Haut.

« Je suis de Sainte-Adèle et je faisais beaucoup de trailer (déplacement à remorque) pareil. Avec l’arrivée tardive du gel et de la neige, on a moins de départs à partir de Saint-Janvier, par exemple. De plus, les vols ont augmenté pour les machines neuves. On m’a volé dans les Pays-d’en-Haut mon BRP 2020 Renegade 850 fluo à même ma remorque. J’ai perdu une saison avant que ça soit réglé avec les assurances. Maintenant, je laisse mon Renegade 2022 jaune et noir traditionnel dans un garage du nord de Lanaudière. Je pars directement de Saint-Donat, vers le Relais 601, la Glacière, le Cabanon, chez Bazinet ou autres. Par en-haut (nord), les surfaceuses sauvent nos saisons. »

La remorque demeure toujours la solution pour d’autres, malgré les coûts. « Celui qui n’a pas de budget quitte le milieu ou change ses voyages prévus. Partir en Gaspésie, Charlevoix, la Côte-Nord ou aux Monts-Valin du Saguenay, c’est facilement plus de 1 500 $ à défrayer en nuités, repas, plaques, assurances et entretien de ta motoneige, ce qui rend les voyages dispendieux. Les adeptes demeurent dans la région des Hautes-Lautentides, en allant à la montagne du Diable de Mont-Laurier et dénichent des forfaits spécialisés. C’est devenu un loisir de riches limités, ou de moins fortunés, qui signent en-bas et en-haut du contrat, en espérant que la reprise de possession se fera le plus tard possible. On en est rendu là pour certains. »

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