Mobilisation à Sainte-Agathe : « C’est assez les féminicides, c’est assez la violence conjugale »
Par Ève Ménard
Vendredi dernier, l’ensemble du Québec s’est mobilisé pour démontrer son indignation face à la violence conjugale et aux féminicides. Dans les Laurentides, une marche pacifique a rassemblé plusieurs dizaines de personnes à Sainte-Agathe-des-Monts. Les slogans « C’est assez » et « Pas une de plus » ornaient les bannières. On rappelle que depuis le début de l’année, huit féminicides sont survenus au Québec.
Myriam Tison, directrice générale de l’Ombre-Elle, une maison d’hébergement desservant les MRC des Pays-d’en-Haut et des Laurentides, nous explique que l’idée de départ était de se joindre aux manifestants à Montréal. « Mais nous avons réalisé que ça serait trop compliqué et les gens nous demandaient de le faire aussi en région. Donc jeudi dernier [25 mars] nous avons commencé l’organisation et une semaine plus tard, c’est fait! En peu de jours nous avons réussi à mobiliser beaucoup de monde », s’est réjouie la directrice.
Stéphanie Tremblay, coordonnatrice en soutien à l’intervention à l’Ombre-Elle, partage cette même fierté. Elle souligne d’ailleurs que des gens de partout dans les Laurentides se sont déplacés pour l’évènement, ainsi que des directrices d’autres maisons d’hébergement. « Même des hommes se sont joints à nous. On trouve ça génial parce qu’eux aussi ont une voix pour dénoncer la violence. »
Manque de financement en sensibilisation
Plusieurs enfants accompagnaient leurs parents lors de cette mobilisation citoyenne. Ce n’est pas sans rappeler que tout passe par l’éducation. « Il faut parler aux enfants. Il faut que les hommes parlent aux garçons, que les garçons parlent aux autres garçons. Il faut qu’entre nous, on puisse établir un nouveau mode de communication pour que ça arrête », rappelle Myriam Tison.
« Depuis des années, nous faisons de la sensibilisation dans les écoles. Malheureusement, en ce moment, la maison est tellement pleine que j’ai dû rapatrier toutes mes ressources à l’interne et c’est pour cette raison que nous en faisons moins. Nous aimerions en faire plus », indique la directrice générale de l’Ombre-Elle. Pour ce faire, « il faut définitivement plus d’argent », déplore-t-elle.
Denise Brouillard, co-fondatrice de la Maison d’Ariane à Saint-Jérôme, était sur place vendredi dernier pour démontrer sa solidarité à la cause. « C’est assez les féminicides, c’est assez la violence conjugale », affirme-t-elle. « Il est temps qu’on agisse. »
La marche a d’ailleurs débuté devant le bureau de circonscription de la députée de Bertrand et ministre, Nadine Girault. Ce n’est pas un hasard : on souhaite lancer un message clair au gouvernement. « On sent chez les ministres qu’elles ont une belle ouverture à la compréhension de la violence conjugale. Nous sommes très heureuses de ça », reconnaît Myriam Tison. « Mais malheureusement, il faut encore faire plus » rappelle-t-elle.