Les pancartes électorales sont bien présentes sur la route 117. (Photo: Nordy – Sébastien Fleurant)

Élections 2022 : Même les travailleurs n’y arrivent plus

Par Ève Ménard

Le coût de la vie est sur toutes les lèvres en ce début de campagne électorale. Plusieurs partis ont d’ailleurs déjà fait des annonces en ce sens, afin de contrer les effets de l’inflation. Qu’en est-il de la situation dans les Laurentides? Portrait d’un enjeu qui affecte particulièrement l’accès à du logement abordable.

Le prix des loyers explose dans la région des Laurentides. Selon un rapport publié en juin 2022 par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le loyer moyen sur la Rive-Nord pour un 4 ½ est de 1 357 $. Il s’agit d’une hausse de 17,4 % en comparaison avec 2021.

Des logements rares et dispendieux

Jean-François est travailleur de rue pour l’Écluse des Laurentides dans la MRC des Pays-d’en-Haut. Chaque semaine, il reçoit deux à trois appels de nouvelles personnes qui se cherchent un logement ou qui sont mal prises. Ça force parfois les gens à endurer des « conditions sous-optimales parce qu’ils ne trouvent rien d’autre », se désole le travailleur de rue.

« On reçoit régulièrement des gens qui seront évincés dans le mois qui suit ou des gens dont le loyer est rendu à 2 000 $. C’est fou! Il manque de logements et les prix sont exorbitants », indique pour sa part Geneviève Guilbault, coordonnatrice au Centre de la Famille qui dessert la MRC de La Rivière-du-Nord.

Même les étudiants subissent la pénurie de logements : la semaine dernière, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) lançait un appel à la population, dont celle de Saint-Jérôme, afin de leur trouver des logis en vue de la rentrée universitaire.

Frein à l’économie

Une nouvelle épicerie, une grande garderie, deux quincailleries : Sainte-Anne-des-Lacs vit actuellement une « renaissance économique », se réjouit la mairesse, Catherine Hamé-Mulcair. Mais le plus grand problème de ces employeurs, ce sont les logements. Les travailleurs et les familles n’ont pas d’endroit où se loger. Même son de cloche chez la mairesse de Sainte-Adèle, Michèle Lalonde : au nouveau CHSLD de la ville, certains employés habitent Mirabel parce qu’ils n’ont pas pu trouver un logement plus près de leur milieu de travail.

L’économie étant surtout concentrée sur l’hôtellerie ou la restauration à Sainte-Adèle, les salaires des citoyens et des citoyennes ne sont pas les plus élevés, ajoute Mme Lalonde. Il devient donc nécessaire d’offrir davantage de logements abordables sur le territoire.

L’épicerie écope

Le loyer est normalement le poste de dépense le plus important des ménages. Le fait d’y consacrer une grande part de son revenu peut engendrer des coupures sur d’autres besoins essentiels. C’est ce dont témoigne la directrice générale de Moisson Laurentides, Annie Bélanger. « Les logements sont très chers et souvent, la seule dépense que tu peux compresser, c’est l’alimentation », affirme-t-elle.

Les organismes en sécurité alimentaire vivent une augmentation de la demande pour leurs services. En mars 2022, il y a eu 40 000 visites dans des programmes d’aide alimentaire de la région, comparativement à 36 000 en mars 2021. On témoigne aussi d’un changement dans la clientèle : de plus en plus de travailleurs à temps plein qui n’y arrivent plus font appel à des services de sécurité alimentaire, souligne Mme Bélanger.

Vis-à-vis la hausse du coût de la vie, ce qu’il faut surtout retenir, selon la directrice de Moisson Laurentides, c’est que de plus en plus, « ça pourrait être votre voisin, votre sœur, vos amis qui sont confrontés à une situation où ils vivent de l’insécurité alimentaire et où ils doivent demander de l’aide ».

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