« Le contexte n’est pas facile pour les élus »
Par France Poirier
L’annonce de la démission de la mairesse de Saint-Jérôme, Sophie St-Gelais, a fait beaucoup réagir. Nous avons invité les maires de la MRC de La Rivière-du-Nord à commenter la situation à Saint-Jérôme.
« Ce fut une surprise pour moi, mais je n’ai pas d’information autre que celles données dans les journaux. Pour le moment les opérations régulières se déroulent bien, mais nous avons hâte d’avoir de la stabilité dans la ville centre de notre MRC », nous a répondu Bruno Laroche, préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord et maire de Saint-Hippolyte.
« Ce ne sera pas facile pour la personne qui va prendre la relève. Déjà que le contexte est particulier. Ce n’est pas facile actuellement pour les élus. Surtout en temps de pandémie alors que l’on ne peut pas rencontrer les citoyens », souligne Louise Gallant.
Selon elle, personne n’a vu venir la démission de madame St-Gelais. « J’ai parlé à certains de mes confrères de la MRC et personne n’était au courant de rien. C’est dommage que ça se termine ainsi. On sentait madame St-Gelais solide. On sait que le contexte politique n’est pas facile en ce moment. Je suis peinée pour elle. Je pense qu’elle voulait bien faire, mais qu’elle s’est trouvée dans une position difficile. »
« En terrain miné »
« La situation est inquiétante à la MRC avec l’instabilité à Saint-Jérôme. On doit s’entendre sur la révision du schéma d’aménagement. Ça pourrait aussi retarder le calendrier pour le Plan de gestion des matières résiduelles, nos objectifs environnementaux. L’ex-mairesse St-Gelais souhaitait retarder, ça paralyse les décisions. Tant qu’il n’y aura pas d’élection, pas de nouveau conseil, il n’y aura pas de changement idéologique.
C’était tout un défi pour elle. La Ville de Saint-Jérôme est une grosse machine et on sait qu’aucun citoyen n’avait voté pour elle (élue par acclamation comme conseillère, puis nommée à la mairie par les conseillers). Elle était en terrain miné par l’ancien maire et n’avait pas de marge de manœuvre », nous a confié le maire de Saint-Colomban Xavier-Antoine Lalande.
« Ma préoccupation, c’est la facture du train de banlieue »
« On rêve d’une stabilité, on rêve d’un interlocuteur qui est capable de reconnaître les erreurs de la Ville de Saint-Jérôme et de les régler », a exprimé Paul Germain, maire de Prévost. Il se dit préoccupé par la facture du train de banlieue qui n’est toujours pas réglée.
« C’est dommage parce que nous (les quatre autres municipalités de la MRC), on va aller en conciliation pour la facture du train de banlieue et un arbitre va rendre une décision. Le litige au niveau du train de banlieue n’a pas de raison d’être judiciarisé. Le nouveau conseil en novembre va probablement se retrouver avec une dette de plusieurs millions. »
Paul Germain dit avoir été surpris de la démission de la mairesse. « En même temps, je me demande si elle ne vivait pas un dilemme cornélien, qu’elle n’était pas déchirée entre sa loyauté envers la Ville et ses valeurs. Au départ, elle nous disait vouloir régler les dossiers problématiques à la MRC, puis après il y a eu un revirement de situation. Saint-Jérôme a publié un communiqué qui allait dans la direction opposée des quatre autres municipalités en disant avoir chargé le coût véridique et disait vouloir rouvrir l’entente. Ça semblait un geste d’ouverture, mais c’était plus un geste de provocation. Elle s’est décrédibilisée totalement à ce moment », a-t-il ajouté.