L’OMH de Prévost n’est pas que pour les Prévostois
Par Simon Cordeau
L’Office municipal d’habitation (OMH) de Prévost offre 26 logements aux personnes à faible revenu. Mais malgré la crise du logement qui sévit, ces logements ne sont pas réservés aux Prévostois : les gens de n’importe où au Québec peuvent appliquer.
Quelques Montréalais habiteraient même dans ces logements. Questionné par un citoyen durant le conseil municipal du 13 juin, le maire de Prévost, Paul Germain, était surpris et choqué. Par texto, il a déclaré au Journal : « Cela est inadmissible, surtout que la Ville contribue financièrement. Sans vouloir intervenir dans les affaires internes de l’organisme, la Ville va demander à l’OMH d’étudier la question. »
Daniel Denis est directeur général de l’OMH de Saint-Jérôme, qui gère aussi l’OMH de Prévost et celui de Saint-Hippolyte. Il n’a pas été en mesure de nous confirmer l’information. Cependant, il précise que le territoire couvert par l’OMH de Prévost n’est pas limité.
« Le territoire par défaut d’un OMH, c’est le Québec au complet. Si un OMH décide de limiter son territoire, il doit le faire approuver par la Société d’habitation
du Québec et son conseil d’administration (CA). »
Limiter le territoire
Pourtant, l’OMH de Saint-Jérôme limite l’accès à ses logements aux résidents de sa ville. « La démarche a été faite il y a quelques années », explique M. Denis.
Dans les villes plus petites, il arrive régulièrement que des logements restent disponibles, soutient M. Denis. Ainsi, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation permet aux OMH d’ouvrir les candidatures au-delà de leur territoire.
L’OMH de Saint-Jérôme gère 881 logements, tous programmes confondus. La liste d’attente compte 289 ménages. L’OMH de Prévost gère 26 logements, et celui de Saint-Hippolyte, 10 logements. Les listes d’attente comptent respectivement 22 et 15 ménages.
« En fait, c’est de trouver l’équilibre entre les locataires qui entrent et ceux qui sortent. S’il y a une vingtaine de personnes qui attendent un logement, et qu’il y a trois ou quatre résidents locaux sur la liste, on pourrait penser à limiter le territoire. Mais si jamais on est dans une situation où il n’y a personne sur la liste d’attente, on peut faire des démarches pour rouvrir le territoire. »
« Je ne pense pas qu’il y a un problème de manque de candidatures », admet cependant le directeur général. À Prévost, 22 ménages attendent un logement abordable de l’OMH. M. Denis n’a pas pu nous indiquer combien sont des Prévostois.
« Par contre, je souligne que les deux OMH [Prévost et Saint-Hippolyte] vont revoir leurs critères de sélection pour établir une limite du territoire d’admissibilité. La situation a changé de façon importante depuis la pandémie », ajoute M. Denis.
Une attente difficile à prévoir
Il est toutefois difficile de prévoir à quel rythme les logements se libèrent, précise M. Denis. « Ça dépend des années. C’est vraiment étonnant. » À Saint-Jérôme, entre 50 et 100 logements peuvent se libérer selon les années. « Dans les petites villes, il y a moins de roulement. Nous avons eu zéro départ à Prévost en 2022 », note-il.
Rappelons que les OMH sont des organismes à but non-lucratif (OBNL), mais que les municipalités contribuent à leur financement. Bien qu’indépendant, le CA de l’OMH de Saint-Jérôme par exemple est formé de sept membres, dont deux nommés par le MAMH, trois par la Ville de Saint-Jérôme, et deux par les locataires. « Les villes contribuent financièrement. C’est un peu normal qu’elles soient sensibles à ça ».