Liquidation Marie : Combattre l’inflation et le gaspillage alimentaire
Par France Poirier
Ouvert depuis le 24 octobre dernier à Saint-Jérôme, Liquidation Marie connaît un succès qui ne se dément pas. Très active sur les réseaux sociaux, Marie-Ève Breton, via Liquidation Marie, compte 73 400 membres sur sa page Facebook. Presque quotidiennement, elle publie sur sa page et parle à ses membres, en plus de répondre à leurs questions.
Le concept est simple : Marie-Ève Breton achète des lots de produits déclassés qu’elle peut vendre à des prix réduits. On y retrouve en majorité de l’épicerie, mais aussi différents produits. Son aventure a débuté entre deux congés de maternité. Elle essayait de concilier sa vie de famille et le travail. Elle a commencé dans son sous-sol en remettant en vente des articles de ses enfants qu’elle n’utilisait plus. Après trois enfants, sa famille était complète.
« J’ai vu que les gens cherchaient des articles à bas prix. Et de fil en aiguille, j’ai trouvé des petits fournisseurs et j’ai commencé à rentrer de la marchandise. Plus ça allait, plus j’avais besoin d’espace », nous confie la dynamique femme d’affaires.
Depuis 2012
Comme ça fonctionnait beaucoup, elle a loué un local à Saint-Zotique. De là est né Liquidation Marie, en 2012. Puis en novembre 2020, en pleine pandémie, elle ouvre une deuxième succursale, celle-ci à Valleyfield. « On a vécu la limite de client dans le magasin, la distanciation, mais comme on vendait de la nourriture, nous étions un service essentiel », explique-t-elle.
Elle connaît une croissance exceptionnelle. Et il n’y a pas une semaine sans que des gens lui demandent de venir ouvrir une succursale dans leur ville. « Il faudrait que je m’installe dans toutes les villes du Québec. Je pense que ça fonctionnerait avec l’économie et le panier d’épicerie qui ne cesse d’augmenter », nous confie Marie-Ève.
Le magasin de Saint-Jérôme a été un succès instantané. Il n’est pas rare de voir une file à l’extérieur en attendant l’ouverture, notamment lors de l’arrivage des fruits et légumes annoncé sur les réseaux la veille. Saint-Jérôme est son plus gros magasin avec 5 000 pieds carrés. « C’est maintenant des locaux de cette grandeur que je vise. C’est une bonne grandeur pour ce type de magasin, tant pour la gestion de la marchandise que du personnel. »
Dirait-elle qu’elle arrive à point dans le marché ? « Si je recule de 4 ou 5 ans, les gens ne voulaient pas toucher à une boîte de céréales périmée. Ils trouvaient ça dégueulasse. La clientèle est maintenant plus ouverte à essayer un article déclassé pour le payer à moindre coût. On sent qu’il y a une plus grande ouverture. Le concept est clair », explique-t-elle.
Elle trouve ses aubaines grâce à des fournisseurs. « Presque tous les jours, je reçois des courriels d’entreprises qui ont des surplus, des dates expirées, des dates proches, des produits qui ne sont plus listés dans les chaînes d’alimentation », indique Marie-Ève.
Des témoignages inspirants
Sur les réseaux sociaux, il y a de nombreux témoignages de gens pour qui le concept de Liquidation Marie a changé leur vie. « Les gens sont super contents. En fait, il y a deux types de clients : les gens offusqués parce qu’ils se sont déplacés et qu’il ne restait pas ce qu’ils voulaient, et les autres qui se déplacent et qui sont contents de trouver des aubaines. Il n’y a pas de zone grise chez nous », dit-elle en riant.
Pour Marie-Ève, c’est valorisant d’aider des familles à mettre de la nourriture sur la table. Plusieurs personnes témoignent sur la Page Facebook de Liquidation Marie, en publiant leurs achats avec leur facture, et ils sont très fiers. « Pour moi, c’est ma paie. C’est valorisant. Je me dis c’est pour ça que je fais ça, c’est ma mission. Je suis fière, si je peux faire profiter les gens de mon gagne-pain. Je donne l’exemple de mes pizzas Beach Day. Je les vendais 3 pour 25 $ et les gens étaient contents. Finalement j’ai réussi à négocier un méga prix et les baisser à 2 pour 10 $. J’y vais au prorata du prix que je paye. J’en fait bénéficier le plus de gens possible », explique-t-elle.
« Je pourrais mettre plus cher, mais je le mets selon le prix que je paye. Des fois c’est un peu plus cher : c’est parce que j’ai payé plus cher », souligne-t-elle.
Une croissance exceptionnelle
Liquidation Marie compte une cinquantaine d’employés actuellement. « On est passé de deux employés au début à Saint-Zotique en 2012. Par la suite, on a ouvert trois autres succursales en l’espace de cinq ans : Valleyfield en 2020, Mascouche en 2023, et Saint-Jérôme en 2024. En 2025, on ouvrira deux autres succursales qui seront à Repentigny et à Montréal. Je suis en attente des permis, mais les deux devraient ouvrir pas mal en même temps. Mes comptoirs-caisses sont en production et mes tablettes aussi. Dès qu’on aura les permis, ça va aller assez rapidement », ajoute Marie-Ève.
Quand on lui demande si elle a un plan d’affaires, sa réponse est claire. « Ce sont plutôt des opportunités d’affaires. Je n’ai jamais choisi un endroit ou un site en faisant une étude de marché. Je me promène et je trouve des locaux ou même des gens me contactent pour me proposer des locaux. Je suis une fille qui va voir et qui réfléchit, puis je décide. Je suis une fille de feeling et d’opportunités. Mais je pense que peu importe où j’ouvrirais, actuellement, ça fonctionnerait », souligne-t-elle.
Péremption et expiration
C’est quoi la différence entre une date de péremption et une date d’expiration ? « La date d’expiration signifie que ce n’est plus bon après. Une date de péremption, c’est une date de fraîcheur, meilleur avant. Mais meilleur avant ne veut pas dire plus bon après », souligne Marie-Ève Breton.