L’intérêt pour l’école à la maison grandit au Québec

Par Nathaliedansereau

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur confirme une augmentation de près de 24 % du nombre d’enfants faisant l’école à la maison depuis l’an passé, à pareille date. La pandémie force certains parents à considérer des alternatives au milieu scolaire traditionnel pour leur enfant, selon l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED).

Le nombre d’enfants inscrits à l’enseignement à domicile pour la rentrée scolaire est passé de 5 964 enfants en 2019 à 7 367 en 2020, selon les chiffres fournis par la direction des communications du MEES, le 18 août.

Pour Marine Dumond, doctorante et chargée de cours en Éducation à l’Université de Montréal et présidente de l’AQED, il ne fait aucun doute que les parents sont curieux d’en apprendre plus sur ce mode d’éducation. Elle note 22 % d’augmentation des inscriptions, depuis la mi-mars, et plus de 1 000 nouveaux membres sur le groupe public Facebook de l’association.

« Au début de la pandémie, les parents ont été pris au dépourvu. Ils posaient surtout des questions sur comment télétravailler avec des enfants, mais depuis le début de l’été les questions tournent autour des questions légales, des étapes à suivre et des ressources disponibles pour enseigner les matières à la maison », souligne Marine Dumond.

D’emblée, il faut faire la distinction entre l’école à la maison et la formation à distance. Avec formation à distance, l’école et les centres de services scolaires demeurent responsables de l’éducation aux yeux du ministère de l’Éducation tandis qu’avec l’école à la maison, le parent-éducateur est le principal responsable du projet d’apprentissage de son enfant et le principal interlocuteur du Ministère.

Une des particularités soulevées par les résultats d’une étude sociodémographique portant sur les familles faisant l’éducation à domicile au Québec, réside dans le fait que le discours des parents-éducateurs québécois ne semble pas dominer par une voix religieuse, antiétatique ou philosophique comme dans d’autres pays.

Pour l’ensemble des participants de cette étude réalisée par Christine Brabant de l’Université de Sherbrooke en 2004, « les principaux facteurs à la base de ce choix sont un désir de poursuivre un projet éducatif familial, une objection aux modes d’organisation du système scolaire, une volonté d’offrir de l’enrichissement et un souci du développement socioaffectif des enfants ».

Les adeptes de l’éducation à domicile parlent d’un rythme de vie plus lent, moins effréné. Un apprentissage plus personnalisé permettant de surmonter certaines difficultés ou d’aller plus vite, si l’enfant comprend bien.

On invoque également la possibilité de voyager et de faire plus de sorties éducatives sans être limité par le calendrier scolaire. Bref, moins de contraintes et plus de liberté. En temps de pandémie, l’aspect sécuritaire semble faire pencher la balance pour certains parents.

« J’encourage d’autres parents à faire l’éducation à domicile, mais avec un petit bémol. Il faut bien comprendre que c’est un engagement familial. Toute la famille doit faire partie du projet. On peut travailler, mais il faut passer du temps avec les enfants et avec les groupes de soutien. C’est le parent qui doit se déplacer pour faire des activités. Et si ça ne marche pas, on a toujours l’option de remettre notre enfant en milieu scolaire », témoigne Dominique Nadeau, mère-éducatrice de six enfants.

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La recrudescence du choix des parents de faire l’éducation à domicile pourrait forcer le gouvernement à soutenir de façon récurrente des associations comme l’AQED qui peine à donner tous les services requis par les parents-éducateurs.

« À mon avis, il faut offrir un meilleur soutien pour les familles qui débutent l’éducation à la maison pour des raisons sanitaires ou autres », explique Marine Dumond.

Près du deux tiers des membres de l’AQED présentent des besoins particuliers ou des troubles d’apprentissage. Au niveau politique, la remise en place de La Table de concertation nationale en matière d’enseignement à la maison, suspendue il y a deux ans, serait pertinente en ce moment, selon la présidente de l’AQED.

Cette Table réunissait les principaux acteurs concernés par la délégation de l’instruction des enfants, en tout ou en partie, soit : les associations de parents-éducateurs, les centres de services scolaires, des associations professionnelles telles que les orthopédagogues et des chercheurs universitaires.

École à la maison… par où commencer?

Renseignez-vous auprès de :

La Direction de l’enseignement à la maison du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, 600, rue Fullum, 8e étage, Montréal (QC)  H2K 4L1 | 514 787-3583 poste 5265 | 1 866 747-6626 | Téléc. : 514 864-8921

Groupes de soutien des Laurentides:

Les Apprentis-Sages des Basses-Laurentides Groupe École-Maison Laurentides et L’Envolée laurentienne

Associations et regroupements pour faciliter le réseautage et aider avec
les obligations :
Association québécoise d’Éducation à domicile (AQED) : www.aqed.qc.ca

Association Chrétienne des Parents-Éducateurs du Québec (ACPEQ)

Association juridique canadienne pour l’école-maison (HSLDA)

Réseau des Écoles Démocratiques du Québec (RÉDAQ)

Suggestion de lecture : L’Éducation à domicile au Québec (2018) et l’Éducation à domicile (2019) écrit par : Marie-Noëlle Marineau, Julie Roux, Julie R-Bordeleau, et Marie-Eve Boudreault

LE CADRE LÉGAL

Au Québec, tout enfant qui reçoit un enseignement à la maison approprié est dispensé de l’obligation de fréquentation scolaire, dans la mesure où les conditions prévues par le cadre juridique applicable sont remplies. Ce cadre vise notamment à assurer que ce mode d’instruction contribue au développement du plein potentiel de l’enfant, à sa réussite éducative et à sa qualification en vue des études postsecondaires ou de son intégration au marché du travail. Ainsi, le fait de recevoir un enseignement à la maison doit permettre à l’enfant d’avoir accès à des apprentissages de qualité.

Loi sur l’enseignement privé, RLRQ, chap. E-9.1 Loi sur l’instruction publique, RLRQ, chap. I-13.3.

Règlement sur l’enseignement à la maison, RLRQ, chap. I-13.3, r. 6.01.

Règlement modifiant le Règlement sur l’enseignement à la maison, décret 787-2019, 8 juillet 2019.

La Direction de l’enseignement à la maison (DEM) du Ministère peut assister les parents-éducateurs pour l’élaboration des projets d’apprentissage et suit la progression des enfants, examine les bilans et offre des
informations relativement aux épreuves ministérielles et à la sanction des études. Enfin, elle évalue la progression des apprentissages des enfants pour lesquels les parents éducateurs ont soumis un portfolio au Ministère.

De leur côté, les centres de services scolaires devraient assurer à l’enfant qui reçoit un enseignement à la maison, un accès gratuit aux manuels scolaires approuvé par une direction d’école, au matériel didactique et à certains services complémentaires. Les anciennes commissions scolaires prennent aussi les mesures pour permettre aux enfants d’être évalués gratuitement en vue d’obtenir les unités pour la délivrance d’un diplôme reconnu par le Ministère.

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