Levée de boucliers en faveur de General Cable
Une nouvelle concernant l’usine General Cable a fait bondir la Ville de Saint-Jérôme, de même que son député, Pierre-Karl Péladeau. On apprenait en effet, il y a quelques jours, que la date limite d’un appel d’offre lancé par Hydro-Québec, et auquel participe l’usine de Saint-Jérôme, avait été repoussée afin de permettre à plus de fournisseurs de se qualifier. Les élus craignent de voir fermer l’usine, au cas où General Cable n’obtiendrait pas le contrat.
Ainsi la Ville de Saint-Jérôme n’a fait ni une ni deux, et pris la résolution, à l’occasion de son conseil municipal du 25 août dernier, d’adresser «une requête à la société d’état Hydro-Québec pour qu’elle revoie sa décision d’inviter des entreprises de l’extérieur du Québec à concurrencer la compagnie jérômienne General Cable, seule usine de câbles isolés encore en opération dans la province.»
Deux jours plus tard, le député de St-Jérôme et chef de l’opposition officielle, Pierre-Karl Péladeau emboîtait le pas. Appuyé par ses collègues du Parti Québécois, Stéphane Bédard, porte-parole du parti en matière d’économie, d’entrepreneuriat, de PME et d’exportation et Bernard Drainville, porte-parole en matière d’énergie et de ressources naturelles, il interpelait par voie de communiqué Hydro-Québec, autant que le gouvernement libéral: «La société d’État devrait avoir comme priorité les achats québécois. Dans sa politique «Nos acquisitions de biens meubles et de services et les conditions des contrats», en vigueur depuis le 17 août 2009, Hydro-Québec stipule clairement qu’afin de maximiser les retombées économiques au Québec, elle s’engage à utiliser son pouvoir d’achat pour favoriser le maintien et le développement de l’activité économique du Québec. Est-ce que le gouvernement libéral a lu cette politique? » demande Pierre-Karl Péladeau.
Sécurité d’approvisionnement
Hydro-Québec confirme que «le dépôt des soumissions a été reporté du 4 août au 8 septembre, «à la demande de la majorité des fournisseurs». Selon Serge Abergel, porte-parole de la Société d’état aux Affaires publiques et gouvernementales, «il est fréquent que des fournisseurs demandent le report de la date de dépôt des soumissions, et il est fréquent qu’Hydro-Québec acquiesce à de telles demandes.»
«Dans le cas de l’appel de propositions en cours», révèle-t-il, «General Cable était le seul fournisseur qualifié, et le seul fournisseur au Québec, depuis l’achat de Câble Alcan par General Cable en 2012.»
Se basant sur la politique d’acquisition d’Hydro-Québec, qui prévoit la «sécurité d’approvisionnement» et doit «favoriser le maintien d’un nombre adéquat de fournisseurs compétents pour maintenir un niveau requis de savoir-faire», Serge Abergel maintient qu’Hydro-Québec a de ce fait «le devoir d’élargir le marché à d’autres fournisseurs, et d’assurer la sécurité de l’approvisionnement ainsi qu’une saine concurrence.»
Des avis divergents
À cela, le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, répond que «ce qui pourrait sembler légitime dans le cas d’une entreprise ordinaire ne l’est pas pour une société d’état. Certes, on doit rechercher la profitabilité et de bonnes pratiques de gestion, mais pas au point de fragiliser l’économie du Québec et des régions.»
En mai dernier, Pierre-Karl Péladeau avait déposé une pétition à l’Assemblée nationale, exigeant d’Hydro-Québec qu’elle s’approvisionne en câbles auprès de l’usine General Cable de Saint-Jérôme, afin d’y maintenir les emplois. La Ville de Saint-Jérôme avait également adopté une résolution en soutien à l’usine.
Rappelons que General Cable est une multinationale américaine basée au Kentucky. Son usine de Saint-Jérôme est spécialisée dans la fabrication de câbles électriques, basse et moyenne tension et engage une centaine d’employés.
L’arrêt des opérations de la compagnie ayant entraîné sans préavis la mise à pied d’une soixantaine d’employés à La Malbaie, en 2014, les employés de l’usine craignent qu’une situation semblable ne se reproduise à Saint-Jérôme.