Aux yeux de Charles Roy, président de l’Association des psychologues du Québec, les investissements du gouvernement représentent une solution d'urgence et de court terme.

Les mutations au privé portent fruit, selon le CISSS

Par Charlier Mercier

Les investissements du gouvernement et les mutations du secteur public vers le privé aident à réduire la pénurie de main-d’oeuvre et à faire face à la hausse des demandes, indique la direction du CISSS des Laurentides. Le président de l’Association des psychologues du Québec émet toutefois d’importantes réserves.

Le 19 octobre dernier, Le Devoir révélait que 19 000 adultes et enfants sont inscrits sur des listes d’attente pour recevoir des soins en santé mentale. En automne 2020, le Québec avait annoncé un investissement de 100 millions de dollars pour rendre les services plus accessibles. De ce montant, 25 millions de dollars devaient payer les salaires des psychologues et des psychothérapeutes du privé pour pallier le surplus de clientèle au public.

Référencement au privé: une solution?

Aux yeux de Charles Roy, président de l’Association des psychologues du Québec, ces investissements représentent une solution d’urgence et de court terme. « Ce ne sont pas des solutions qui affectent la structure », déplore-t-il.

La direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides assure que le recours au programme gouvernemental d’accès à des psychologues au privé permet d’offrir davantage de services de psychothérapie.

Le délai moyen d’attente pour un service en psychothérapie dans les services publics dans les Laurentides est de 85 jours, signale le CISSS des Laurentides.

En matière de santé mentale au Québec, en date du 6 octobre, 1433 patients du réseau public ont été redirigés vers le privé. Parmi eux, 232 patients provenaient des Laurentides, ce qui représente 16 % des références de la province, alors que le poids démographique des Laurentides totalise 7,4 % de la population du Québec.

Les défis des mutations

Selon M. Roy, le secteur privé est déjà débordé étant donné que la demande s’intensifie et que depuis le début de la pandémie, les troubles anxieux ou dépressifs se sont accrus.

Des difficultés se posent aussi lorsqu’un client est orienté du secteur public vers le privé, explique M. Roy. « Le psychologue du privé qui reçoit un client s’aperçoit assez rapidement que pour pouvoir l’aider, il doit faire des contacts avec le travailleur social, avec le médecin, s’informer et coordonner son travail avec d’autres professionnels. » Ce sont donc des clientèles qui demandent du travail interdisciplinaire, ce qui peut causer des surcharges de travail, prévient-il.

Problème structurel

Au fil des dernières années, le secteur des soins en santé mentale a connu plusieurs coupes budgétaires, déplore M. Roy. Les salaires des psychologues sont insuffisants selon lui, surtout si l’on considère que depuis 2016, un doctorat est requis pour pratiquer la profession.

Il déplore également qu’il y ait de plus en plus de restrictions sur la marge de manoeuvre des psychologues, ce qui raccourcit parfois les durées de suivi. « C’est une expertise en soi la psychologie. Vous ne demanderiez pas à un chirurgien d’interrompre sa procédure. C’est ce qu’on nous demande pourtant », illustre-t-il.

Du côté privé 

Nous avons téléphoné à près d’une trentaine de psychologues privés situés à Saint- Jérôme, Saint-Sauveur et Sainte-Adèle. La plupart d’entre eux n’admettaient aucun nouveau client et certains disaient même ne plus ajouter personne à leur liste d’attente.

À l’instar de deux autres psychologues, Johanne Lefebvre a indiqué qu’elle prenait de nouveaux clients, à son bureau à Saint- Sauveur, comme à Laval.

La psychologue de Saint-Sauveur Paule Mongeau ne prend plus de nouveaux clients. Plusieurs de ses collègues ont une liste d’attente de 6 à 9 mois. « Ça me brise le coeur de refuser des clients. Il y a une grande demande et c’est très difficile de trouver un psychologue », confie-t-elle.

Tous ceux que nous avons contactés constatent une demande accrue, ce qui serait attribuable, selon eux, à la détresse psychologique engendrée par les confinements liés à la COVID-19.

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