(Photo : Archives)
Les municipalités ont fait de la pression au gouvernement pour qu'il instaure des barrages à l'entrée des villes de la région, durant la pandémie.

Les limites du pouvoir municipal

Par Simon Cordeau

De l’urbanisme à la gestion de l’eau, en passant par la sécurité, la culture et les loisirs, les responsabilités des municipalités sont nombreuses sur leur territoire. Certains irritants locaux relèvent toutefois du pouvoir provincial : un casse-tête pour les citoyens.

« C’est difficile pour les citoyens de faire la différence. » Nadine Brière, mairesse de Sainte-Adèle, comprend la confusion de ses citoyens. Si la plupart des routes dépendent de la municipalité, les ponts et les routes provinciales (celles à numéro) ne font pas partie de leur juridiction. « Tous les ponts sur le territoire de Sainte-Adèle qui sont vétustes, qui sont une catastrophe au regard, c’est provincial. Moi, je n’ai pas l’autorité pour aller faire des travaux. »

Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur, donne l’exemple de la route 364, qui traverse le village. « On n’a pas la juridiction de mettre un feu de circulation ou un arrêt. On est toujours obligé de demander au ministère des Transports. Et l’attente peut être très, très longue. »

Les communications entre les élus municipaux et le ministère des Transports du Québec (MTQ) sont très difficiles, selon Mme Brière. « Le MTQ, c’est tellement une grosse machine. J’ai l’impression que des gens vont lancer la serviette parce qu’il n’y a rien à faire. » Par exemple, si des travaux routiers sont faits, souvent la municipalité n’est avertie que la veille ou l’avant-veille.

La santé : un pouvoir provincial

Vous savez peut-être déjà que la santé est de juridiction provinciale. Mais en temps de pandémie, cela signifie que les maires ont moins de contrôle sur ce qui se passe sur leur territoire.

Jacques Gariépy est maire de Saint-Sauveur. Photo: Archives

M. Gariépy, par exemple, aimerait bien avoir un droit de regard sur qui peut entrer sur le territoire de Saint-Sauveur, voisin d’une zone rouge. Si des barrages routiers restrictifs avaient été mis en place au printemps, ceux mis en place début octobre n’étaient que pour sensibiliser les automobilistes. « On n’a aucun contrôle! C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait des sorties médiatiques, et c’est ce que je reproche au premier ministre. »

Et les problèmes ne se limitent pas qu’à l’accès au territoire. « Nous à Sainte-Adèle, il y a beaucoup plus de médecins qui prennent leur retraite que de nouveaux médecins qui arrivent », déplore Mme Brière. Elle est toutefois impuissante face au problème. « Je pourrais faire les plus belles annonces, faire une opération charme comme dans La Grande Séduction, reste que c’est le gouvernement provincial qui décide combien de médecins sont envoyé dans la MRC. »

Autres limites

Dans d’autres secteurs, les frontières entre le pouvoir municipal et provincial sont encore plus floues pour les citoyens.

L’éducation relève du provincial, mais ce sont les villes qui doivent faire l’acquisition des terrains pour bâtir des nouvelles écoles.

Nadine Brière est mairesse de Sainte-Adèle. Photo: Archives

L’accès aux plans d’eau relève du municipal, mais une fois sur ou dans l’eau, c’est de compétence fédérale. Mais la sécurité des embarcations, elle, relève plutôt du provincial. « Parfois, c’est moins évident. Les citoyens m’interpellent : « On ne veut pas tel type d’embarcation sur notre lac. On ne veut pas d’île flottante. » Ce n’est pas moi qui a cette compétence-là », illustre Mme Brière.

« Un partenaire d’occasion »

Malgré ces quelques accrochages, les relations sont généralement bonnes entre les municipalités et le gouvernement provincial. « Moi, je vois le provincial comme un partenaire dans tout ça », dit Mme Brière. « Nous sommes des élus de proximité. C’est facile de nous rencontrer, de venir nous voir. On peut écouter les citoyens, et on les réfère à notre députée, Nadine Girault. » Elle affirme aussi qu’il est facile pour elle de discuter avec l’équipe de Mme Girault des enjeux soulevés par ses citoyens.

Même son de cloche pour M. Gariépy. « Le provincial, ce n’est pas un adversaire. Ce n’est pas nécessairement un allié. C’est plus un partenaire d’occasion. » Sur certaines questions comme le tourisme, c’est plus facile de travailler conjointement. « Nous avons une belle collaboration avec le gouvernement en général. » Cela étant dit, il souhaiterait être consulté davantage.

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