Les héros méconnus de la tempête – Les ambulanciers au front
Par Rédaction
CHRONIQUE
Par Philippe Leclerc
Pour cette chronique, je mets de côté l’actualité politique laurentienne – il y aura bien d’autres occasions d’y revenir ! – pour parler de ceux qui, loin des projecteurs, ont tenu la ligne de front lors de la tempête historique de la semaine dernière. Une tempête d’une ampleur inédite en 127 ans !
En seulement quatre jours, des quantités record de neige se sont abattues sur le Québec, transformant nos routes en pièges glacés et nos villes en labyrinthes d’obstacles. Pourtant, au cœur de ce chaos blanc, des travailleurs essentiels ont poursuivi leur mission, coûte que coûte. Parmi eux, les ambulanciers et ambulancières.
Les policiers et pompiers ont, eux aussi, répondu présents, apportant leur soutien dans cette crise, tout comme le CISSS des Laurentides et la Sécurité civile, qui ont coordonné les interventions d’urgence. Mais aujourd’hui, je veux braquer les projecteurs sur ceux qui, en silence, ont bravé l’enfer des routes pour sauver des vies.
Une tempête sans répit, des appels en rafale
En temps normal, les ambulanciers des Laurentides sont habitués aux hivers rudes. Mais cette fois-ci, c’était différent. Cette fois-ci, chaque déplacement était une lutte. Les routes ? Presque impraticables. Les appels ? Multipliés par les urgences liées aux conditions extrêmes.
Dans leurs radios, les mêmes urgences revenaient en boucle : des malaises cardiaques causés par un pelletage trop intense, des chutes sur des trottoirs invisibles sous la neige, des accidents de la route où des voitures finissaient leur course dans le fossé. Chaque mission devenait une course contre la montre, avec un ennemi invisible : le temps.
Une coordination vitale pour éviter le pire
Dans ce chaos, la coordination entre les services d’urgence a été essentielle. Les policiers ont sécurisé les axes routiers, fermant certains secteurs trop dangereux. Les pompiers ont prêté main-forte pour libérer des véhicules pris dans la neige, parfois même pour dégager l’accès aux domiciles où les ambulanciers devaient intervenir.
Le CISSS des Laurentides et la Sécurité civile ont supervisé cette immense opération en coulisses, assurant que les ressources soient déployées là où le besoin était le plus urgent. Un ballet d’intervention où chaque minute comptait, où chaque geste faisait la différence.
Des ambulanciers au bout de leurs forces… mais qui restent
Comme si affronter la tempête ne suffisait pas, ces ambulanciers ont dû en faire encore plus. Malgré un manque criant de personnel, malgré la fatigue accumulée, plusieurs ont volontairement prolongé leur quart de travail pour soutenir leurs collègues. Certains sont arrivés plus tôt, d’autres sont restés après leur shift, incapables de rentrer chez eux en sachant que les appels ne s’arrêtaient pas.
Dans une région déjà en pénurie de main-d’œuvre, où chaque paramédic compte, cette implication dépasse l’engagement. C’est un sens du devoir qui force l’admiration.
Un parcours semé d’embûches
Les ambulanciers ne se contentaient pas de rouler dans des rues enneigées. Ils devaient souvent s’arrêter bien avant l’adresse indiquée et finir le trajet à pied, avec leur matériel sur le dos. Une scène surréaliste en 2024 : des paramédics transportant des civières et des équipements médicaux à travers des bancs de neige, à bout de souffle, mais déterminés à atteindre leur patient.
Et lorsque l’accès était complètement bloqué ? Ils prenaient des pelles et dégageaient eux-mêmes le chemin. Des ambulanciers devenus déneigeurs par nécessité.
Et ce n’est pas tout. Leur code d’éthique les oblige à s’arrêter lorsqu’ils croisent quelqu’un en détresse. Peu importe l’urgence en cours, s’ils voient une voiture accidentée ou une personne effondrée sur le bord de la route, ils interviennent, tout en restant à l’affût du patient initial. Ils ne peuvent pas détourner le regard.
Héros au travail, citoyens après le quart
Imaginez leur état après un quart de travail dans ces conditions. Exténués, couverts de neige et de sueur, ils rentraient chez eux… pour affronter la même réalité que nous tous.
Déneiger leur propre entrée. Dégager leur voiture. Recommencer.
Mais ils n’avaient pas le luxe de souffler. À peine 48 heures plus tard, une nouvelle tempête d’appels les attendait. Pas de télétravail, pas de pause, pas d’excuse. Juste une mission : sauver des vies.
Une reconnaissance essentielle
Ces femmes et ces hommes ne cherchent ni médailles ni acclamations. Mais leur travail mérite d’être reconnu. Leur engagement force le respect.
Dans l’ombre, ils ont tenu bon, affrontant l’hiver avec courage et permettant que l’inévitable soit évité.
À eux, ces héros méconnus des Laurentides, un immense merci.
Chapeau bas.