Les enseignants manquent de temps pour recevoir des stagiaires

Par Charles Séguin

Les étudiants se bousculent pour être admis en enseignement primaire au campus de Saint-Jérôme de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Une fois les 50 étudiants par année acceptés, leur trouver un milieu de stage serait un gros défi, selon l’UQO. Les enseignants n’auraient plus le temps d’encadrer et d’épauler des stagiaires pour transmettre leur expérience à la prochaine génération.

Les enseignants acceptent d’accueillir un stagiaire sur une base volontaire. Autrefois, ils pouvaient choisir de recevoir une compensation financière ou en temps. « Généralement, les enseignants choisissaient le temps pour pouvoir discuter avec leur stagiaire et pour l’épauler », raconte le président par intérim du Syndicat de l’enseignement de la Rivière-du-Nord, Jean-Stéphane Giguère. Cependant, « puisqu’il n’y a plus personne pour remplacer quand les enseignants sont libérés, seule la compensation financière est présentement offerte », complète-t-il.

M. Giguère explique que « cette compensation financière, qui était de 100 dollars, a été doublée l’an dernier ». Pour les stages en enseignement primaire, la durée varie généralement entre 18 et 52 jours.

Le Nord révélait, le 27 septembre dernier, que les étudiants étaient nombreux à se faire refuser l’admission aux baccalauréats en enseignement du campus de Saint-Jérôme de l’UQO, malgré la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui fait rage partout au Québec. Les programmes d’enseignement exigent aux étudiants la réussite de quatre stages. L’UQO expliquait le nombre limité de places dans ses programmes par la difficulté à placer ses étudiants en milieu de stage.

Les quelque 200 futurs enseignants au primaire de Saint-Jérôme doivent effectuer un stage par année. Le Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord a indiqué par courriel au Journal qu’il reçoit « plus de 230 stagiaires par année ». Environ 115 d’entre eux seraient au primaire et au préscolaire.

Une tradition

« Les enseignants ont toujours voulu accueillir des stagiaires. Pour certains, c’est même une tradition », précise le président du syndicat. Dans les dernières années, plusieurs facteurs causent une augmentation de la charge de travail des enseignants, leur laissant moins de temps à accorder à un stagiaire.

« Maintenant, les enseignants y pensent deux fois avant de recevoir un stagiaire, explique M. Giguère, car ils doivent déjà encadrer et superviser les employés non qualifiés et faire de la suppléance de dépannage. »

« Souvent, les étudiants font leur stage dans une région parce qu’ils ont espoir d’y faire carrière, explique-t-il. Les stagiaires du Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord ont de bonnes chances de travailler dans la région, peu importe l’université d’où ils proviennent. »

Les mesures instaurées pour faciliter l’accès aux qualifications d’enseignant comme la maîtrise qualifiante sont encourageantes, selon le président du syndicat. Il croit d’ailleurs qu’il serait bénéfique de modifier les baccalauréats en s’inspirant du modèle des résidences en médecine. « Durant leur quatrième, les étudiants en enseignement seraient en résidence en milieu scolaire », explique-t-il. Il croit que ce modèle bonifierait l’apprentissage des étudiants tout en palliant la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

« Les centres de services scolaires, les syndicats, les universités et les ministères commencent à se parler. On n’a pas atteint le niveau optimal, mais cette collaboration est de bon augure », croit Jean-Stéphane Giguère.

Avec la collaboration de France Poirier

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *