Les dépôts sauvages d’ordures: plus fréquents?
Par Charlier Mercier
Sous un soleil plombant, au coin du boulevard Curé Labelle à Prévost, l’équivalent d’un gros sac de déchets a été jeté en bordure de la rue. Plus loin, aux abords de la rue du Versant-du-Ruisseau, un spa rouillé est abandonné. Certains citoyens se plaignent que les dépôts sauvages sont plus fréquents depuis le ramassage des ordures aux trois semaines à Prévost. Qu’en est-il réellement ?
« Si les vidanges passaient aux deux semaines, il y aurait beaucoup moins d’ordures sur le bord des routes », croit Gabrielle Lachance-Ouellette, une Prévostoise. Pourtant, Frédérick Marceau, directeur au service de l’environnement à la Ville de Prévost, observe que le nombre de dépôts sauvages est demeuré stable au cours des derniers mois. Il estime que la Ville ramasse environ un dépôt par mois et que ni le confinement ni le collectage moins fréquent des ordures n’a fait augmenter ce nombre.
Depuis janvier dernier, la collecte des ordures se fait maintenant aux trois semaines à Prévost, une mesure pour un « virage vert » qui a attiré les foudres de plusieurs citoyens, dont Gabrielle Lachance-Ouellette. La mère d’une famille de cinq membres (« bientôt six ») fait valoir qu’ils doivent jeter plusieurs couches et qu’il leur est difficile de composter. « Nous n’avons pas la place dans le congélateur pour tous les restants de table qui vont au compost afin d’éviter les vers », fait-elle valoir.
Pascal Déry et sa conjointe ont cinq enfants à la maison âgés de 12 à 19 ans. « Même en nous forçant beaucoup pour la récupération et le compost, nous accumulons beaucoup de déchets, explique-t-il. Un bac aux trois semaines ce n’est vraiment pas assez ». M. Déry se dit prêt à payer plus cher pour que les ordures passent plus souvent.
Mission possible
Plusieurs plaintes et inquiétudes du même ordre avaient été formulées par des citoyens en 2015, lorsque la Ville est passée à un intervalle de deux semaines pour les collectages des ordures. M. Marceau considère que c’est « possible » même pour une famille nombreuse d’effectuer un tri efficace de ses déchets afin d’éviter que son bac d’ordure ne déborde.
Luc Désautels est pour sa part convaincu que la Ville de Prévost a pris la bonne décision. « Ma poubelle verte est rarement remplie plus qu’à la moitié, même après trois semaines », explique-t-il. En plus des économies réalisées par la Ville, l’impact environnemental est appréciable selon lui, considérant qu’on réduit les passages de camions.
Une mesure efficace
Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre, estime qu’une collecte des ordures moins régulière peut encourager la population à réduire leur quantité de déchets. « Plusieurs municipalités et MRC ont d’ailleurs choisi cette avenue et cela donne de bons résultats en incitant à un meilleur tri à la source », indique-t-elle.
Parmi les villes et les régions qui ont opté pour une collecte d’ordure aux trois semaines, on compte notamment Saint- Hippolyte, Mont-Saint-Hilaire, la MRC de La Vallée-du-Richelieu, de même que la majorité des municipalités de la Vallée de La Matapédia. Il est encore trop tôt pour savoir si cette mesure diminuera la quantité d’ordures de la Ville de Prévost.
En 2022, les citoyens de Prévost qui souhaitent se procurer un second bac de poubelle ou de recyclage devront débourser un montant supplémentaire de 35 $.
Problème d’asticots ?
Sur les réseaux sociaux, certains citoyens se plaignent qu’en période de canicule, leur bac d’ordures est infesté d’asticots. Pour éviter ce problème, Mme Côté conseille de trier ses matières organiques dans le bac brun avec la méthode « lasagne », en alternant les couches de matières humides et de matières sèches. On peut également déposer du papier journal ou du bicarbonate de soude au fond du bac brun pour absorber l’humidité des résidus.