Les chauffeurs d’autobus scolaires sous pression

Par Guillaume Marchal

Samedi 14 mai, un peu plus de 1 000 personnes manifestaient dans les rues de Québec. Impulsée par le FEESP– CSN [Fédération des employées et employés de services publics et Confédération des syndicats nationaux], la manifestation avait pour objectif de confronter le gouvernement aux conditions de travail des chauffeurs d’autobus scolaires.

Dans une pétition déposée à l’Assemblée nationale, on proposait d’augmenter le financement du transport scolaire. D’ailleurs, plus de 3 000 personnes l’ont signée.

« Un chauffeur d’autobus scolaire ça ne gagne pas plus de 20 000 $ par an », affirme Josée Dubé, présidente au syndicat des travailleurs des Autobus Gil-Ber (CSN). En octobre 2020, le gouvernement débloquait une prime de 2 000 $ pour les conducteurs d’autobus et de berlines scolaires.

Distribuée annuellement, la subvention ne fait pas l’unanimité. « C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Une prime au mois serait beaucoup plus intéressante pour le personnel routier », estime Josée Dubé. Pour bénéficier de l’aide, il faut avoir travaillé au moins 97 % du temps de travail annuel prévu par l’employeur. À Saint-Jérôme, un peu plus de 110 routiers desservent les écoles de la région.

« C’est moins que le salaire minimum »

Historiquement, les chauffeurs d’autobus scolaires n’exerçaient pas la profession à temps plein. « C’étaient des fermiers, ou encore des agriculteurs qui tenaient des cabanes à sucre », se rappelle la présidente du syndicat. « Aujourd’hui, on a de moins en moins de conducteurs d’autobus. La plupart des chauffeurs sont proches de la retraite, il n’y a pas assez de nouveaux arrivants dans la profession. La pandémie n’a pas fait avancer les choses, bien au contraire », affirme Josée Dubé.

Les risques liés au COVID-19 ont contraint une partie des employés à rester chez eux. L’un des facteurs aggravants : la moyenne d’âge élevée au sein de la profession.

« Le gouvernement n’a pas conscience de la réalité du terrain. Contrairement aux chauffeurs de la STM [Société de transport de Montréal] qui sont des employés de l’État, nous, nous sommes employés par des entreprises privées », informe Josée Dubé. Les différents services scolaires démarchent des entreprises privées de chauffeurs pour accompagner les élèves jusqu’aux sites d’apprentissages. « Les centres de services scolaires reçoivent une enveloppe du gouvernement à répartir dans les différents secteurs reliés à l’éducation. On est en bout de file de la démarche. »

D’après elle, un chauffeur de bus urbain peut gagner jusqu’à 100 000 $ par an. « 20 000 $ par an, c’est moins que le salaire minimum », s’étonne Daniel Lajeunesse, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transcobec, une compagnie de transport scolaire à Saint-Jérôme.

Une profession éprouvante

Les sièges des bus jaunes sont généralement occupés par 48 enfants du secondaire. Ce chiffre peut grimper jusqu’à 72 lorsque l’on parle d’étudiants au primaire. « On imagine mal les responsabilités que ça engage d’embarquer autant de jeunes sur les routes », soutient Danielle Lajeunesse.

Certains jeunes, « perturbateurs », sont assistés par des éducatrices particulières en classe. « Quand ils sont en cours, ces jeunes sont suivis. Mais dans les bus, personne ne peut faire la police, et ça dégénère souvent », affirme Josée Dubé.

« Quand tu es chauffeur, tu commences à 6h. Tu dois te réveiller à 5h et, ensuite, tu transportes des élèves jusqu’à 10h. Après une pause jusqu’à 14h, tu travailles jusqu’à 18h », informe Danielle Lajeunesse. « Les plages horaires du métier ne sont pas avantageuses. Un chauffeur peut difficilement avoir deux métiers à la fois pour arrondir ses fins de mois », explique José Dubé. « Certains sont surveillants scolaires, mais ça leur fait des journées de 12 à 13h de travail, ce n’est pas vivable, surtout si tu as une famille à côté », conclut Daniel Lajeunesse.

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