« L’enfant ne comprendra pas qu’il est en danger »
Par France Poirier
Nous avons rencontré la directrice de la DPJ Myriam Briand et Marie-Ève Poulin, une intervenante d’expérience qui, depuis un an, est coordonnatrice professionnelle d’une équipe d’évaluation orientation. Elles ont bien voulu nous parler de leurs défis au quotidien dans la protection des enfants.
« Nous sommes contentes de pouvoir expliquer le travail que nous faisons. Démystifier les drames qui sont mis de l’avant et expliquer le travail de nos intervenantes peut aider à comprendre notre quotidien. On sauve beaucoup plus d’enfants qu’on en met en danger. C’est important de le dire. On vit des petits miracles, mais on ne peut pas les mettre de l’avant à cause de la confidentialité », explique la directrice Myriam Briand.
Lorsqu’une personne appelle parce qu’elle s’inquiète pour l’intégrité et la sécurité d’un enfant, il y a une évaluation qui est faite. « On va faire un tri en fonction des faits, en fonction de l’environnement. Le concept de protection de l’enfant est toujours présent. Par la suite, lorsqu’un signalement est retenu, il nous arrive à l’évaluation et orientation. Parfois les faits sont fondés, mais la sécurité et l’intégrité d’un enfant ne sont pas compromises, parce qu’il y a un environnement présent autour d’eux, qu’il y a des services actifs, que les parents sont outillés », raconte Marie-Ève Poulin.
Mesures correctives
L’objectif de la DPJ est de sortir de la vie des gens et non de rester à long terme. À partir du moment où on doit intervenir auprès d’une famille, comment ça se passe? « Il y a différentes situations. C’est la situation de chacun, il n’y a pas de ligne claire. Il y a autant de situations qu’il y a d’enfants. Et quand on fait l’évaluation, parfois c’est rapide parce que la sécurité de l’enfant est compromise. On doit en arriver à un placement immédiatement, même si c’est difficile. Ce n’est jamais évident de partir avec un enfant, qui est quand même aimé, mais que sa sécurité est compromise. L’enfant ne comprendra pas qu’il est en danger dans son milieu. C’est difficile pour une intervenante », expliquent-elles.
« Nos intervenantes sont des gestionnaires de risques et peu de personnes voudraient prendre ces risques. Souvent elles sont inquiètes pour des enfants. Elles font face à la critique, mais ce sont des anges », explique Myriam Briand.
La communauté a un rôle à jouer
« On entend parler des drames, mais nous avons de belles histoires. C’est une pression supplémentaire pour nos intervenantes, alors que la protection d’un enfant ne devrait pas peser que sur leurs épaules. La société, les journalistes ont tous un rôle à jouer dans la protection des enfants. On ne sort pas dans les médias pour nos belles histoires, on n’a pas le droit. C’est un travail de passion et de difficulté. Les intervenantes ne prennent pas de décision seule. C’est lourd et on les accompagne. On parle des situations qui nous inquiètent. Il faut prendre les décisions, ça vient avec le fardeau du travail. Quand on fait la différence, c’est valorisant », ajoute Marie-Ève Poulin.
Pour un accès rapide aux services ou pour faire un signalement, composez le 1 800 361-8665. Si vous avez besoin d’aide concernant des difficultés personnelles ou familiales, composez le 8-1-1.
–
Besoin de familles d’accueil
« Les besoins sont toujours grands. Il en manque toujours. On n’est plus comme à l’époque, il y a une trentaine d’années, avec les mamans à la maison qui s’occupaient de plusieurs enfants. Ce n’est plus le cas. On n’arrive pas à recruter à la hauteur de nos besoins. On essaie de garder les enfants dans le même secteur (même école, mêmes amis). Les critères sont établis par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Nous sommes conscients que c’est un défi important pour les familles d’accueil », indique Myriam Briand.
–
À lire dans le même dossier :