Le syndicat des intervenants en Centres jeunesse sonne l’alarme

Par Luc Robert

Des intervenants et parents d’usagers déplorent que peu de fouilles sont effectuées dans les centres jeunesse de la région, en marge des tristes événements qui se sont produits la semaine dernière près de l’École polyvalente de Saint-Jérôme, impliquant possiblement une arme blanche.

Des situation précises inquiètent le syndicat des employés, qui souhaite voir des améliorations apportées à la sécurité des établissements de Saint-Jérôme et de Sainte-Sophie.

« On n’est pas assez équipé pour parer aux événements. En effet, il semble y avoir un manque de sécurité. Plusieurs cas dangereux ont réussi à être contrôlés, mais il arrive trois ou quatre gros cas dangereux par année qui ne sont pas publicisés et où des fouilles systématiques auraient dû avoir lieu. Il faut avoir l’accord du coordonnateur en devoir pour procéder et ça peut prendre jusqu’à quatre heures pour avoir le retour de téléphone pour approbation du centre d’Huberdeau. Le ou la jeune que nous soupçonnons a alors le temps de dissimuler ou de cacher sa possible arme n’importe où avant que nous puissions le ou la fouiller. C’est un danger réel, tant pour nos membres que pour les jeunes usagers autour », a pointé du doigt Mme Geneviève Viau, responsable des communications du syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux-CSN (STTLSSS-CSN ).

Le syndicat s’inquiète particulièrement dans les cas de permissions de fins de semaines, lorsque les usagers reviennent au centre jeunesse.

« Il y a le protocole : il est volumineux et pas toujours très logique à suivre. On demande à ce qu’il soit simplifié. Les intervenants devraient avoir plus de liberté pour décider sur qui et quand on procède à une fouille. Ils connaissent souvent les usagers et leur passé. La direction ne laisse pas beaucoup de latitude au jugement des intervenants, qui sont en première ligne et qui sont à risque de recevoir des coups », a-t-elle poursuivi.

« Plusieurs personnes sont en danger dans le contexte actuel » – Geneviève Viau

Équipements 

Le STTLSSS-CSN déplore aussi que des employés d’autres régions se sont vus accorder l’achat d’équipements protecteurs, alors que ce ne serait pas le cas ici, dans les mêmes conditions risquées.

« On demande depuis des lunes au CISSSS de recevoir des vestes anti-perçantes, pour éviter qu’une arme blanche ou artisanale blesse un intervenant. Le dossier stagne et nous n’obtenons pas de suivi, alors que nos collègues de Laval ont reçu lesdites vestes de sécurité. Encore pire, le CISSS a refusé de faire installer des arches de sécurité, ces genres de cadres de portes qui servent à détecter les métaux (dont les armes). Faudra-t-il attendre un drame pour que ces équipements nous soient octroyés ? », a questionné Mme Viau.

Surveiller les entrés et retours

Cette dernière avoue que la règlementation peut lier les mains des patrons dans bien des cas, mais que des améliorations pourraient tout de même être apportées.

« Le fameux tableau (matrice des risques). L’employeur n’a pas souvent la même vision que nous dans son interprétation et son application. Bien sûr, il y a la Loi sur le système de justice pénal pour adolescents (LSJPA) à considérer, mais les entrées et retours des usagers doivent être plus serrés. Par exemple, quand une alerte Amber est émise, le coordo s’occupe d’elle en premier. Notre message de demande de fouille tombe sur un répondeur. On ne peut pas laisser un ou une jeune en attente dans l’entrée de deux à quatre heures. Les intervenants ont souvent des doutes sur certains jeunes, qui reviennent perturbés au centre. Ça peut être aussi des jeunes éclopés de la vie, qui nous arrivent avec des cas de santé mentale ou de troubles de l’opposition. Ça demande des décisions précises et éclairées. Il faut que les droits des jeunes soient respectés, mais il y a un équilibre à trouver avec la direction du CISSS, une uniformisation. Plusieurs personnes sont en danger dans le contexte actuel. Est-ce qu’il y a eu quelques fouilles abusives il y a 20 ou 30, oui, mais ce sont des cas très isolés. Aujourd’hui, on se trouve à l’opposé : tu ne peux plus chercher rien sur personne. »

Le syndicat déplore que les priorités ne seraient pas ce qu’elles devraient être.

« La centralisation des hôpitaux continue. Les CLSC et les centres jeunesse sont les mal aimés et les oubliés du système. Les cas de détresse mentale augmentent, mais l’argent va aux hôpitaux. On est obligé d’impliquer la CNESST dans plusieurs dossiers pour que ça bouge. On assiste au démantèlement du réseau public. Si nous n’en parlons pas, ça va se faire sans que personne ne le voit », a-t-elle terminé.

Réponse du CISSS

Du côté patronal, le CISSS entend fouiller le dossier avant de réagir plus en détails. « Nous travaillons activement afin de fournir une réponse complète à vos questions. Nous allons cependant avoir besoin d’un peu plus de temps pour effectuer des validations », a souligné M. Maxime LeDuc, pour l’équipe de la Direction des communications et des affaires corporatives du CISSS des Laurentides.

Les syndiqués se demandent quant à eux « si la sécurité dans les CLSC, les centres jeunesse et les hôpitaux est devenue un mal nécessaire ».

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