Le syndicat des infirmières craint le pire
Par Simon Cordeau
La vaccination sera obligatoire pour le personnel de la santé à partir du 15 octobre. Julie Daignault, présidente de la FIQ – SPSL, craint que cette nouvelle mesure exacerbe la pénurie d’infirmières et pousse le système de santé à son point de rupture.
Les membres du personnel de la santé qui ne seront pas adéquatement vaccinés (deux doses) seront suspendus sans solde à partir du 15 octobre, a confirmé le 7 septembre le ministre de la Santé, Christian Dubé.
« Pour nous, c’est quelque chose qui ne devrait pas être obligatoire. On suggère que les gens se fassent vacciner, bien sûr. Mais cette nouvelle mesure va mener à une plus grande pénurie de professionnelles en soins : une pénurie déjà présente et déjà très grande », s’inquiète Julie Daignault, présidente du Syndicat des professionnelles en soins des Laurentides (FIQ – SPSL). Son organisation représente près de 4 200 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes travaillant dans les établissements de santé de la région.
Une pénurie grandissante
« On reçoit des appels de membres qui sont en très forte détresse, qui sont devant une impasse. Certaines, oui, ont donné leur démission. D’autres ne sont plus capables de vivre cette pression-là et vont voir leur médecin. Avec tout ce qu’on impose depuis des mois, ce n’est déjà pas facile dans le réseau », déplore Mme Daignault.
C’est très angoissant pour les professionnelles en soin, qui sont là sur le terrain et qui tentent de faire de leur mieux. […] Le point de rupture va arriver.
Tous les jours, il manque d’infirmières dans les établissements de santé des Laurentides, affirme-t-elle. Certaines sont en arrêt de travail. D’autres ont décidé de prendre leur retraite. D’autres encore ont simplement changé de carrière. Chaque professionnelle qui quitte ou s’absente met plus de pression sur celles qui restent. La présidente du syndicat qualifie la situation de « cercle vicieux ».
« J’ai eu une rencontre avec nos militantes ce matin, et ce qui ressort le plus, c’est la détresse et l’épuisement. Le temps supplémentaire, qui est obligatoire, imposé, va augmenter encore. Ça fait belle lurette qu’on le dit, mais là c’est encore plus criant. On semble ne plus avoir de mots pour le décrire, mais la réalité sur le terrain est plus que palpable », confie Mme Daignault.
« C’est très angoissant pour les professionnelles en soin, qui sont là sur le terrain et qui font de leur mieux. Elles voient une autre vague de pénurie arriver, qui sera assez catastrophique. Le point de rupture va arriver », prévient la présidente du syndicat.
Le dépistage suffisant?
En ce moment, les professionnels qui ne sont pas vaccinés doivent être dépistés pour la COVID trois fois par semaine : une mesure suffisante, selon Mme Daignault.
« Je suis les chiffres. Depuis des mois, il n’y a pas eu d’augmentation des éclosions à l’intérieur des bâtisses des Laurentides. Donc je pense que c’est assez efficace. »
91 % des infirmières, 82 % des infirmières auxiliaires et 93 % des inhalothérapeutes de son syndicat sont entièrement vaccinées, affirme Mme Daignault. « C’est quand même une très forte majorité qui sont vaccinées adéquatement. »