La sécurité routière vue par des personnes accidentées
Par France Poirier
Grâce au soutien du ministère des Transports, le Centre d’Aide pour Personnes Traumatisées Crâniennes et Handicapées Physiques des Laurentides (CAPTCHL) a mis de l’avant un projet pour produire une campagne de sensibilisation sur la sécurité routière.
Le CPTCHL est l’organisme de soutien. Il regroupe 150 membres dans toute la région. Ce sont des personnes qui ont subi des accidents de la route, des accidents de travail ou de sports extrêmes.
« On a développé notre campagne avec la Station culturelle qui nous a aidés à monter des panneaux sur lesquels les membres participaient avec l’aide de graffiteurs. Bon nombre de nos membres ont été victimes d’un accident de la route et vivent avec des séquelles permanentes. Celles-ci ont des conséquences sur leur vie de famille, leur vie professionnelle et leur vie sociale. La vie change complètement. On a créé des capsules vidéo pour présenter dans les écoles avec l’aide de notre stagiaire Audrey St-Germain », explique Guylaine Théoret, animatrice en loisirs et développement pour les Laurentides.
« Avec les membres, j’ai fait des capsules pour présenter les différentes histoires de nos membres afin de sensibiliser les jeunes dans les écoles », nous explique la stagiaire en psychoéducation.
Karine Daoust, coordonnatrice de la Station culturelle, a eu le mandat de revamper cinq panneaux sur lesquelles on invitait les gens à faire des graffitis.
« C’est important pour nous de faire participer les membres, puisque le but de notre organisme est de les sortir de l’isolement et de leur permettre de socialiser », ajoute Mme Théoret. « C’est une œuvre collective qui a pour but de sensibiliser la communauté à la sécurité routière. Nous avons travaillé avec les graffiteurs Malin et Laine pour réaliser les panneaux », nous explique Karine.
Des témoignages
Pascal Tremblay et Patric Wattier ont travaillé très fort sur le comité. Tous deux sont des personnes traumatisées crâniennes. « En 1995, j’ai été victime d’un accident de la route et c’est certain que ça vient me chercher. Il y avait de la glace noire, c’est vraiment un accident. Je me suis retrouvé dans l’autre voie, puis dans le banc de neige. Le reste, on me l’a conté, je ne me souviens plus de rien », raconte Patric. Il fait des rencontres dans les écoles secondaires.
Pascal Tremblay, lui, a eu un accident en 1985. « J’avais 17 ans et j’étais passager. Un gars en état d’ébriété nous est rentré dedans volontairement : il voulait en finir. Je me suis refermé, mais ça fait juste 5 ans que je viens au CAPTCHL. J’avais besoin d’en parler. Je n’ai pas de séquelles apparentes. Je n’ai plus de concentration, pas de mémoire, la perte de jugement et je suis devenu hypersensible, les émotions dans le tapis. Je trouvais important de m’impliquer parce que c’est une cause qui m’est chère. »
Le comité souhaite faire réfléchir les gens aux conséquences d’un accident et faire prendre conscience de la sécurité sur la route. Des gens comme Pascal et Patric ont vu leur vie complètement chamboulée et ils ne sont pas les seuls. Les familles des victimes et l’entourage vivent aussi ces bouleversements.