Le président de Bitume Québec, M. Tytus Zurawski.

La sécurité des usagers de la route en danger ?

Par Luc Robert

Les intervenants du milieu des travaux routiers, dont Bitume Québec, sont unanimes : la grève illimitée des quelque 1800 ingénieurs du Québec risque d’avoir des impacts majeurs dès cet été.

Retards dans les chantiers routiers, cônes orange sans qu’il n’y ait d’activités, budgets qui risquent d’être dépassés, possible manque de sécurité dans le suivi des ponts, etc.

Bitume Québec, qui représente la majorité des acteurs d’entretien des routes, les producteurs de bitume et les entreprises utilisatrices, estime que des dommages collatéraux majeurs surviendront sous peu au Québec, si le conflit perdure en pleine période de vacances.

« Le litige est engagé dans une pente pour le moins dangereuse, avec l’arrivée de la belle saison qui constitue, en temps normal, le coup de départ de la grande séquence de travaux annuels de réhabilitation, autant que d’entretien (des chemins) », a souligné le président de Bitume Québec, Tytus Zurawski.

« Le litige est engagé dans une pente pour le moins dangereuse. » -Tytus Zurawski

Ce dernier déplore notamment que les négociations entre le gouvernement et l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) semblent avoir cédé le pas à une guérilla psychologique, qui pourrait s’avérer néfaste pour la réalisation des travaux prévus et futurs.

En outre, le président de Bitume Québec craint que les restrictions de la période du dégel printanier, qui se terminent entre le 6 mai et le 20 mai, puissent permettre de voir le réseau routier empirer, vu que les poids lourds reviendront sur le pavé à pleine capacité de cargaison.

Pour l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, les délais de départ de centaines de chantiers engendreront pour chaque jour perdu des retards exponentiellement coûteux, à tous points de vue, sur le reste de la saison.

« Il ne faudrait surtout pas que ce conflit dégénère en histoire d’horreur », a poursuivi M. Zurawski, « dans la mesure où la période stratégique dans laquelle le Québec s’engage ces jours-ci (est essentielle) à la préservation d’un réseau sécuritaire, étant la garantie ultime du maintien d’un réseau qui est l’épine dorsale de l’économie ».

Déjà lourdement affectée par les soubre-sauts de la chaîne d’approvisionnement et de brusques augmentations de prix et de tarifs de toute nature, sans compter les problèmes de rareté de la main-d’œuvre, Bitume Québec suggère aux parties de faire appel sans délai à un médiateur spécial, dans le but d’amener les parties patronale et syndicale vers un terrain d’entente mutuellement satisfaisant.

Le président Zurawski ose croire que les questions au cœur du litige, soit la difficulté d’attraction et de rétention de l’expertise interne, ainsi que la rémunération, ne pourront pas trouver à court terme un aboutissement raisonné, au nom de l’intérêt commun.

Accès aux Laurentides

Des travaux retardés de réfection à de grandes structures, tel qu’au pont Gédéon-Ouimet, entre Laval et Boisbriand, emprunté chaque jour par des milliers de travailleurs laurentiens, pourraient ne plus garantir la sécurité des utilisateurs, en raison de la cessation des inspections de l’ouvrage.

« On veut garder le pont Gédéon-Ouimet sécuritaire et ouvert à la circulation, notamment pour les transports d’urgence. Ce pont est un lien majeur sur l’autoroute des Laurentides, dont la fermeture causerait des détours et une congestion importante sur le réseau local avec impacts majeurs. […] Les travaux couvrent la réparation des joints, de dalles et l’asphaltage du pont, dont l’état actuel de la surface de roulement (ornières) constitue un risque à la sécurité des usagers », est-il inscrit dans un document de cour préparé par le ministère des Transports du Québec (MTQ).

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *