La rivière du Nord pourrait être baignable, si les eaux usées étaient mieux traitées

Par Simon Cordeau

La qualité de l’eau de la rivière du Nord n’est pas suffisante pour s’y baigner, révèle une étude de Fondation Rivières. L’organisme à but non lucratif, mandaté par les villes de Saint-Jérôme et de Prévost, évaluait le potentiel de baignade et d’activités nautiques sur la rivière. « Or, le potentiel de baignade s’est avéré inexistant […]. »

L’organisme a identifié plusieurs sources de contamination, à Sainte-Adèle, Piedmont, Prévost et Saint-Jérôme. « Les sources de contamination contribuant à dégrader la qualité de l’eau de la rivière du Nord sont d’origine municipale », souligne le résumé du rapport. Mais si ces sources sont corrigées, la baignade pourrait être sécuritaire, et ce, aussi tôt que l’été prochain. Aussi, les données recueillies indiquent des niveaux acceptables pour les activités nautiques de contact indirect, comme le canot, le kayak, la planche à pagaie, etc.

Améliorations à Sainte-Adèle

« L’eau à la sortie du lac Raymond [à Val-Morin] est généralement très peu contaminée », indique le rapport. Les concentrations d’E. coli, une bactérie représentative de la quantité de coliformes fécaux présents dans l’eau, augmentent ensuite graduellement en descendant la rivière du Nord.

La source de contamination identifiée la plus importante « en termes d’intensité et de fréquences des rejets » est à l’effluent de la station d’épuration de Sainte-Adèle, à Mont-Rolland, indique Philippe Maisonneuve, chargé de projet en qualité de l’eau pour la Fondation Rivières. Des pics de contamination ont été enregistrés et « […] se sont traduits à de nombreuses reprises par une dégradation importante de la qualité de l’eau de la rivière dans les deux à trois jours suivants ces observations à la station », peut-on lire dans le résumé du rapport.

Cette station traite les eaux par boues activées et aux UV, plutôt que par étangs aérés comme les six autres stations qui rejettent leurs eaux traitées en amont de Saint-Jérôme. D’ailleurs, le ministère de l’Environnement a exigé un programme correcteur à l’automne 2022. Ainsi, la Ville de Sainte-Adèle procède maintenant au nettoyage des lampes UV chaque mois et échantillonne automatiquement l’eau traitée à la station, précise M. Maisonneuve. Depuis, les concentrations de coliformes observées sont moins élevées. « En théorie, ça devrait déjà être corrigé. […] La Ville nous a partagé les résultats et il semble y avoir une nette amélioration », ajoute le chargé de projet.

Des résultats « très encourageants »

« Des problèmes sont aussi observés à la Régie de Piedmont, Saint-Sauveur et Saint-Sauveur-des-Monts. L’optimisation de l’opération des étangs aérés de la station d’épuration permettrait d’assurer la qualité de l’eau de la rivière du Nord en aval », continue le résumé du rapport. Invité à élaborer, M. Maisonneuve a regretté ne pas pouvoir nous fournir davantage d’explications. « La Régie […] me dit avoir reçu mon rapport et l’avoir transféré à leur exploitant, Aquatech, pour commentaires. »

Le rapport recommande aussi de réduire la fréquence des débordements d’eaux usées non traitées. On compte 31 ouvrages de surverse en amont de Saint-Jérôme, et 21 ont débordé au moins une fois en période estivale depuis 2018. Depuis 2020 par contre, seulement 10 ont débordé. Ceux de Prévost débordent le plus souvent, par temps de forte pluie. Un seul débordement a été enregistré durant la période de l’étude, ce qui a surpris M. Maisonneuve. « C’est une limite de l’étude. On n’a pas pu étudier l’impact des débordements. » Il avance que, cet été par exemple, les pluies intenses et fréquentes pourraient donner un portrait différent et pire de la qualité de l’eau de la rivière du Nord.

À Saint-Jérôme, une étude réalisée en 2021, aussi par la Fondation Rivières, avait déjà permis d’identifier trois sources de pollution fécale. Deux avaient été corrigées rapidement. Mais la troisième, en amont du pont du boulevard Lajeunesse, persistait lors de l’étude en 2022. Questionnés, des élus de Saint-Jérôme affirment que des travaux correctifs ont été faits.

« Ces résultats sont très encourageants », se réjouit André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières. M. Maisonneuve abonde dans le même sens. « Si [les sources de contamination] sont éliminées, il n’y a pas de raison que la rivière du Nord ne soit pas baignable [par temps sec]. Elle l’est dans le lac Raymond, d’où elle part. […] Il y a de l’espoir, peut-être pour l’été prochain. » Le chargé de projet indique cependant qu’une nouvelle étude serait nécessaire pour établir la nouvelle qualité de l’eau.

Monter et descendre la rivière

Pour réaliser l’étude, Fondation Rivières a prélevé un total de 149 échantillons d’eau de surface. Ceux-ci ont été prélevés à quatre sites, deux fois par semaine, entre juillet et septembre 2022. Ces quatre sites étaient à l’espace vert Louis-Morin (près du pont Shaw), à la berge du sentier des Éboulis et à l’espace riverain de la rue Leblanc à Prévost, et au Centre de location nautique du Parc régional de la Rivière-du-Nord à Saint-Jérôme. Des données fournies par les municipalités ont aussi permis d’étoffer le portrait de la rivière du Nord.

Le rapport Évaluation du potentiel d’activités nautiques non motorisées et de baignade dans la rivière du Nord entre Prévost et Saint-Jérôme est disponible publiquement sur le site web de Fondation Rivières.

Pour améliorer l’accès à la rivière du Nord, la Fondation Rivières procède également à un suivi de la qualité de l’eau entre Mirabel et Saint-André-d’Argenteuil cet été. Pour l’instant, les données récoltées indiqueraient, là aussi, des sources de contamination municipales, confie M. Maisonneuve sous toute réserve. Plus au nord, l’organisme travaille aussi à dépister des sources de contamination provenant de Sainte-Agathe-des-Monts, en amont du lac Raymond.


Lisez notre édition du 16 août pour la suite du dossier et la réaction des élus. 

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