La ministre fédérale de l’Agriculture de passage dans les Laurentides
Par Simon Cordeau
La ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, était de passage à Mont-Tremblant, mercredi 24 mai. Elle a participé à une table ronde avec les agricultrices et agriculteurs des Laurentides à la Ferme aux petits oignons.
« On a parlé de production biologique, bien sûr, et de la certification et des défis financiers qui viennent avec. On a aussi parlé d’édition génomique, de compétitivité et de relève agricole. C’est toujours intéressant d’avoir des conversations franches et très candides, tant pour eux que pour moi. Ça me donne beaucoup de conviction pour la suite », raconte la ministre en entrevue.
Relève et main-d’oeuvre
La relève agricole est au coeur des enjeux pour les agriculteurs, souligne Mme Bibeau. « L’accès aux terres est difficile, parce que le prix des terres est très élevé. On essaie de voir avec Financement agricole Canada comment permettre un meilleur accès, surtout pour les femmes. On veut inclure un certain mentorat pour les femmes, par exemple. »
Pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre, l’emploi de travailleurs étrangers est un « gros morceau », explique Mme Bibeau. Mais en ce moment, les employeurs doivent passer à travers tout le processus, chaque année, pour faire venir des travailleurs. « C’est assez lourd, et une partie doit être faite au Québec. » C’est pourquoi la ministre souhaite simplifier le programme et le rendre plus accessible. « On veut mettre en place un système d’employeurs de confiance ou accrédités. Ceux qui ont un bon dossier n’auront plus à recommencer le processus chaque année, mais plutôt aux trois ans par exemple. » Mme Bibeau note cependant qu’il y a « déjà une amélioration » cette année.
D’autres mesures, comme l’automatisation du travail, des incitatifs fiscaux pour garder les gens sur le marché du travail plus longtemps, et le financement de places en garderie sont aussi étudiées.
Hausse des coûts
L’inflation est également un enjeu important. « Les agriculteurs sont très touchés. Les intrants, comme la nourriture des animaux, les semences et l’énergie, ont augmenté. Pour ceux qui ont des prêts, les taux d’intérêts sont élevés aussi », explique la ministre.
Ainsi, le Programme de paiements anticipés (PPA) a été majoré. « Il permet d’obtenir des prêts de courte durée. Ces prêts sont rendus disponibles pour les achats du printemps, et prévoient un remboursement à l’automne et à l’hiver, lorsque les revenus entrent. » L’avance peut aller jusqu’à 1 M$, avec une portion sans intérêts. Cette portion est passée de 100 000 $ à 250 000 $ en 2022, et a été augmentée à 350 000 $ pour 2023, se réjouit la ministre.
Vers une agriculture plus verte
Le fédéral offre aussi « deux programmes majeurs qui visent à accélérer la transition écologique et à rendre nos agriculteurs plus résilients », explique Mme Bibeau. D’abord, le Programme des technologies propres en agriculture (PTA) finance jusqu’à 40 % l’achat d’équipements, et jusqu’à 50 % pour les femmes et les jeunes agriculteurs, dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Ça fait une différence ! » D’ailleurs, dû à sa grande popularité, le programme vient d’être rouvert aux demandes jusqu’au 22 juin.
Ensuite, le Fonds d’action à la ferme pour le climat donne des incitatifs directs aux producteurs agricoles pour les cultures de couverture, la gestion des engrais azotés et la rotation des pâturages. « Ces trois pratiques contribuent à la séquestration du carbone dans le sol et la régénération des sols. Ça les rend aussi plus résilients en cas d’intempéries », explique Mme Bibeau.