La Maison Sophia lutte pour sa survie
Par Ève Ménard
L’organisme de Saint-Jérôme qui vient en aide aux femmes en difficulté, la Maison de Sophia, lutte actuellement pour sa survie. Faute de financement, l’organisme pourrait être forcé de fermer ses portes.
Initialement, la Maison de Sophia risquait l’éviction de ses locaux le 30 juin prochain, un ordre émis par la Société d’habitation du Québec (SHQ). Elle a aussi vu la totalité de son financement, issu du programme Vers un chez-soi (VCS), coupé par le CISSS des Laurentides. Sa viabilité mise à risque par la perte éventuelle de ses locaux est ce qui a justifié cette décision, indique Sophie Mederi, directrice générale de l’endroit.
Financer à la mission
Vendredi dernier, cette dernière a finalement appris le renouvèlement pour 12 mois de la SHQ, c’est-à-dire jusqu’au 30 juin 2023. Mais toujours aucune nouvelle au niveau du financement. Même si l’organisme peut continuer d’occuper ses locaux jusqu’à l’année prochaine, l’absence de financement forcerait tout de même sa fermeture.
Même lorsque La Maison de Sophia bénéficiait de l’aide financière du programme Vers un chez soi, sa situation demeurait très précaire. Il s’agit d’un financement qui n’est pas récurrent. Sophie Mederi revendique plutôt, comme le milieu communautaire dans son ensemble, un financement à la mission.
Demande significative
La Maison de Sophia possède neuf places en hébergement et procède aussi à des suivis externes avec les femmes. Elle en aide actuellement une trentaine. Et il y a constamment des listes d’attente. « On déborde carrément », indique Sophie Mederi.
Des démarches avaient été entamées pour éventuellement relocaliser les locaux ou les agrandir, afin de passer de neuf à une vingtaine de chambres. Les critères d’admission des femmes sont d’ailleurs plus larges que dans les maisons d’hébergement, notamment. Il peut s’agir de femmes qui ont vécu des situations violentes et qui s’en sont sorties, mais qui vivent maintenant une instabilité résidentielle.
Elles sont alors à risque d’itinérance ou sont en situation d’itinérance.
« SOS violence conjugale nous appelle souvent. Les maisons d’hébergement des Laurentides sont toujours pleines et parfois, certaines femmes ne correspondent pas exactement à leurs critères », ajoute Sophie Mederi. La Maison de Sophia vient ainsi combler des vides pour permettre à toutes les femmes dans des situations précaires de trouver un lieu sécuritaire où être hébergées. Ça répond à un besoin criant dans la région.
« Nous avons encore espoir »
« Alors que nous avons tous été ébranlés par le nombre record de féminicides au Québec dans les deux dernières années, nous devons plus que jamais offrir des ressources, des services et des refuges aux femmes en difficulté. Pendant ce temps, la CAQ va dans la direction complètement opposée en retirant le financement de la Maison de Sophia! », a affirmé Isabelle Melançon, députée de Verdun et porte-parole de l’opposition officielle en matière de condition féminine, le 7 avril dernier concernant la situation à La Maison de Sophia.
De son côté, Sophie Mederi peine à croire qu’on ne fera rien pour remédier à cette situation critique. « Nous avons encore espoir que ça se règle. Pour nous, ça ne se peut pas qu’on laisse aller une ressource comme ça quand les besoins sont si grands. On croit en notre mission, on croit à l’essentiel et on croit à ce qu’on apporte. »
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Les propos de Sophie Mederi ont été recueillis le vendredi 8 avril dernier. D’ici la publication du journal, il se peut que la situation ait évoluée.
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À propos de l’organisme
La Maison de Sophia est un hébergement pour femmes qui existe depuis 2008. Sa mission consiste à offrir un toit à des femmes vivant des difficultés et de leur offrir des rencontres individuelles psychosociales, des ateliers de groupes et un accompagnement vers la stabilité résidentielle. La Maison a la particularité de ne pas se concentrer sur les victimes de violence conjugale, mais d’ouvrir la porte à toutes femmes vivant des difficultés.