(Photo : Histoire et Archives Laurentides, P091, Collection Groupe Cascades – division Rolland papiers fins)
La maison des Rolland au milieu des années 1990, alors qu’elle sert de siège social à la papeterie.

La maison patrimoniale des Rolland menacée

Par Simon Cordeau

Construite en 1939, la maison des Rolland est menacée de démolition en raison de son mauvais état. Histoire et Archives Laurentides (HAL) entend sauver ce bâtiment patrimonial, qui occupe une place importante dans l’histoire jérômienne. Mais les difficultés à surmonter révèlent tout le défi de la protection de notre patrimoine bâti.

Un avis de démolition pour la maison des Rolland, sise au 2 avenue Rolland à Saint- Jérôme, a été émis le 15 octobre dernier par la Ville de Saint-Jérôme. « Ce n’est pas une surprise. C’était dans l’air depuis longtemps », confie Henri Prévost, président de HAL. La Maison des retraités de Rolland, construite en 1998 et située dans le même secteur, est aussi menacée de démolition. La maison des Rolland appartient depuis 2016 à l’entreprise Medifice, qui développe le pôle santé autour de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme. « Dès le départ, [le promoteur] Marcel Landry s’engage avec la Ville à faire tous les efforts possibles pour mettre en valeur le bâtiment et son utilisation, quitte à l’offrir à un organisme pour 1 $ », souligne M. Prévost.

Histoire de la maison des Rolland

1939 – La maison est construite sur la rive est de la rivière du Nord, pour héberger le gérant de la papeterie, Jean-Paul Rolland, et sa famille.

1992 – Le bâtiment devient le siège social de la papeterie Rolland, qui vient d’être acquise par Cascades.

2014 – Cascades vend la Rolland à HIG Capitals. La maison des Rolland est vacante depuis.

2016 – Medifice devient propriétaire du bâtiment.

Toutefois, le bâtiment est vacant depuis 2014… et en bien piètre état. « Le problème, c’est que le bâtiment s’est beaucoup détérioré. Les tuyaux ont pété, le sous-sol a été inondé, les champignons se sont mis là-dedans. Ça coûterait autour de 800 000 $ pour le rénover. »

La menace du temps

Règle générale, plus un bâtiment patrimonial est laissé vacant longtemps, plus il est à risque de disparaître. Sa détérioration s’accélère, faute d’entretien. Sa restauration coûtera alors plus cher avant que le bâtiment puisse de nouveau être utilisé.

À Sainte-Adèle, par exemple, les bâtiments de la papeterie de Mont-Rolland sont présentement restaurés pour en faire un nouveau pôle culturel. Mais des parties entières étaient irrécupérables après des décennies d’abandon et ont dû être rasées. À Saint- Jérôme, la maison Langwell, construite en 1838, était vacante lorsqu’elle est devenue la proie des flammes, en janvier dernier. « Le temps lui-même est une menace sur l’état des bâtiments », indique M. Prévost. C’est pourquoi il faudra d’abord trouver un usage à la maison des Rolland avant d’y investir, précise le président d’HAL.

Cela dit, même les bâtiments occupés peuvent être difficiles à préserver. M. Prévost mentionne que plusieurs maisons résidentielles à Saint-Jérôme ont une valeur patrimoniale et ont besoin de rénovations. « Les propriétaires sont un peu coincés : ils n’ont pas les moyens. » « On parle de gros sous, et c’est toujours le problème avec le patrimoine », déplore-t-il.

Dernière chance

« On ne sauvera pas tout non plus, c’est bien évident. Mais il faut sauver ce qui témoigne de notre histoire », soutient M. Prévost. Même si l’avis a été émis le 15 octobre, la démolition ne devrait pas avoir lieu avant le printemps prochain au plus tôt, en raison des procédures exigées par la loi sur le patrimoine culturel. « Profitons de ces mois qui restent pour voir toutes les possibilités. Cette maison est significative pour l’histoire de Saint-Jérôme, pour l’histoire de la famille Rolland et pour l’histoire industrielle », plaide M. Prévost.

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