(Photo : Page Facebook de la librairie L'Arlequin)
La librairie L'Arlequin à Saint-Sauveur.

La littérature québécoise en effervescence

Par Simon Cordeau

L’occasion de parler des librairies indépendantes, il y a quelques semaines, a été éclipsée par des débats sur la censure et la liberté d’expression. Nous nous sommes donc entretenus avec Christian Huron, propriétaire de la librairie L’Arlequin, à Saint-Sauveur, pour savoir comment se portent nos libraires.

« Je peux parler même au nom de mes confrères : ça va bien! », lance M. Huron sans hésiter. « Les gens sont plus sensibilisés à l’achat local qu’avant, et on arrive à mieux atteindre notre réseau potentiel. Les gens sont très contents d’aller magasiner dans une petite librairie de quartier. » En fait, M. Huron admet même être un peu victime de son succès. « On est débordés! »

Une année particulière

L’année 2020 a posé son lot de défis pour le libraire. Comme bien des commerces au Québec, il a dû fermer au printemps, puis rouvrir. « Heureusement que nous avons eu l’aide de l’État, avec le prêt aux entreprises », admet-il. Faute de revenus, payer les fournisseurs à temps était difficile, en particulier lorsqu’est venu le temps de commander de nouveaux livres pour la réouverture. Sans cette aide financière du gouvernement, M. Huron ne sait pas si sa librairie aurait pu redémarrer.

Christian Huron est propriétaire de L’Arlequin, à Saint-Sauveur, l’une des rares librairies indépendantes des Laurentides. Photo : Courtoisie

Par chance, la clientèle était au rendez-vous, mais cela a amené d’autres défis. « Ensuite, il a fallu trouver du personnel, comme nous étions en croissance. Nous avons pris du retard que nous n’avons pas fini de rattraper. » M. Huron a embauché deux nouvelles personnes et a ouvert un nouveau poste, mais ce n’est pas encore suffisant. « Je ne reste pas là, les bras ballants, mais j’ai du mal à fournir! Mais quand même, on y arrive », confie-t-il.

Un marché en pleine effervescence

Le libraire qualifie le marché de la littérature québécoise de « très vivant, en effervescence », un sentiment partagé par ses confrères, dit-il. Les libraires indépendantes étaient en perte de vitesse depuis plusieurs années, mis en difficulté par les géants américains comme Costco et Amazon. « Mais cette année, je pense qu’il y aura une augmentation assez substantielle. C’est une année de fou! »

Durant la pandémie et le confinement, non seulement les gens lisent plus, mais ils sont aussi plus nombreux à lire.

« Les gens veulent des choses qui sont réconfortantes, des romans d’été, des romans d’amour, des livres humoristiques… On vend beaucoup de romans québécois. »

Si les lecteurs sont sont plus friands de littérature québécoise, c’est aussi parce que les auteurs et les éditeurs offrent d’excellents titres. « Les éditeurs d’ici soutiennent la comparaison avec les éditeurs européens ou américains. »

Parmi les meilleurs vendeurs, il nomme le dernier roman de Kim Thuy, Em, qui s’est vendu comme des petits pains chauds, mais aussi l’essai de Mathieu Bock-Côté qui fait controverse, ou encore Je suis un chercheur d’or de Guillaume Dulude. « Les gens se réfèrent beaucoup aux médias, ce qu’ils voient dans les journaux, à Tout le monde en parle, ou à Plus on est de fous, plus on lit. »

Et si vous ne savez pas quoi lire, votre libraire saura dénicher pour vous la perle littéraire qui vous convient. « On prend soin de nos clients, on les aide. S’ils ont des questions, on peut leur répondre. Ce n’est pas forcément le cas dans les grandes surfaces. Les gens sont sensibles à ça. Ils l’apprécient beaucoup et le font savoir. »

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