(Photo : Courtoisie )

Journée mondiale de lutte contre le sida : dépasser la stigmatisation

Par Ève Ménard

Depuis 1988, le 1er décembre est la Journée mondiale de lutte contre le sida. L’objectif consiste notamment à sensibiliser et à soutenir les personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’à rendre hommage à ceux et celles qui ont perdu la vie.

On discute des avancées, des objectifs et des défis actuels avec Dr Jean Robert, spécialiste en microbiologie infectieuse au Dispensaire, anciennement le Centre Sida Amitié.

Objectif 95-95-95

Aujourd’hui, bien que le virus ne peut pas être guéri, il est possible de le contrôler. Il existe également de la médicamentation préventive, explique Dr. Robert. Ainsi, des personnes peuvent être porteuses du virus, mais ne pas développer la maladie. Il s’agit de réduire, du mieux possible, la transmission. Pour y arriver, ça prend surtout du dépistage, dit-il.

Pour 2030, on vise trois objectifs principaux, indique Dr. Jean Robert. D’abord, que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur état. Ensuite, que 95 % des personnes ayant reçu un diagnostic de VIH aient accès à des médicaments et suivent un traitement. Enfin, que 95 % des personnes suivant un traitement présentent des niveaux indétectables du virus.

Les obstacles : la stigmatisation et l’accès aux traitements

Il existe encore certains freins à l’atteinte de tels objectif, reconnait le spécialiste en microbiologie infectieuse. L’enjeu principal est celui de la stigmatisation. Bien que celle-ci ne soit plus la même qu’il y a 30 ans, elle demeure présente et contraignante. « Les gens ne veulent pas que ça se sache. Ils ne veulent pas être l’objet de discrimination au travail, dans la rue, socialement ou dans la famille », indique Dr. Robert. Au Canada, une personne sur cinq avec le VIH se voit refuser des services de santé en raison de la stigmatisation et de la discrimination.

Pour contrer ce phénomène et permettre l’accessibilité des soins, le Dispensaire offre du dépistage anonyme depuis plusieurs années. Les tests sont envoyés avec des numéros de code à l’hôpital. Aujourd’hui, Dr Jean Robert et ses collègues doivent se battre pour que ce service puisse continuer d’opérer et offrir des tests accessibles à tous. En effet, les laboratoires et les structures bureaucratiques demandent qu’on indique le nom et le numéro d’assurance-maladie. « C’est une illustration de la plus grande déshumanisation du système », déplore le spécialiste du Dispensaire, à ce sujet.

Un autre obstacle est celui de l’accès à la médicamentation. « Ça coûte relativement cher et il y a aussi les gens qui n’ont pas de cartes d’assurance-maladie », souligne Dr Jean Robert. Les personnes vivant avec le VIH doivent avoir accès à des traitements, mais aussi à des suivis. Des analyses de sang doivent être réalisées régulièrement « pour s’assurer que les médicaments sont pris et que le virus est indétectable dans le sang ».

Le patient, le patron

Le Dispensaire favorise une approche de soins holistique centrée sur le patient et son bien-être. Celle-ci encourage également la collaboration entre les professionnels et la santé et les patients. « Le patron, ce n’est pas le docteur, c’est le patient », explique Dr Jean Robert. « C’est le patient qui décide de venir nous voir. Nous, on le reçoit et on lui offre des services. On lui offre de faire un dépistage, on lui offre la prise de sang, on lui offre de mettre à jour sa vaccination, par exemple contre l’hépatite A et B ou le VPH. La personne choisit un peu comme au restaurant, elle regarde le menu et elle choisit », illustre le spécialiste.


En chiffres au Canada

  • 1 personne sur 5 vivants avec le VIH se voit refuser des services de santé en raison de la stigmatisation et de la discrimination.
  • En 2020, on estime à 1 520 le nombre de nouvelles infections au VIH au Canada.
  • 9 090 Canadiens vivent avec le VIH et ne le savent pas.

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