«Je me bats depuis longtemps pour qu’il y ait des changements» – Véronique Hivon
Par Marieevelapointe
La vague #MoiAussi a profondément marqué la députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, qui avait alors réalisé l’importance en tant qu’élue, de donner suite à ce mouvement. « Dès ce moment-là, pour moi, c’était clair qu’il fallait agir ».
Vers la fin de l’année 2018, Mme Hivon a interpellé la ministre de la Justice, à l’époque Mme Sonia LeBel, afin de mettre sur pied un comité non partisan. L’idée était notamment de mettre en commun les efforts afin de redonner confiance aux victimes envers le système de justice, d’apporter des changements concrets et de se pencher sur la possibilité d’un tribunal spécialisé dans les crimes sexuels, proposition qu’avait évoquée publiquement la députée pour la première fois en mars 2018.
Ainsi, au début de l’année 2019, quatre élues – Mme Sonia Lebel (CAQ), Mme Véronique Hivon (PQ), Mme Christine Labrie (QS) et Mme Hélène David (PLQ) – se sont unies pour lutter contre les violences sexuelles. Notons que récemment, des changements sont survenus au sein du groupe; Mme Isabelle Melançon (PLQ) a remplacé Mme Hélène David alors que Mme Isabelle Charest (CAQ) a pris la place de Mme Sonia LeBel.
Adapter le système
Le groupe s’était rencontré pour la première fois le 14 janvier 2019 et avait annoncé en mars la formation d’un comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Selon la députée de Joliette, la victime doit être au cœur de la réflexion lors de l’organisation des services. « Nous pensons que la victime doit reprendre un rôle beaucoup plus important parce que dans les cas d’agressions sexuelles, elle est non seulement la victime, mais souvent la seule témoin. L’objectif est d’adapter le système de justice à la réalité des victimes plutôt que de constamment demander aux victimes de s’adapter à un système de justice qui n’a pas été pensé pour elles. » C’est l’automne prochain que le comité remettra ses recommandations pour y arriver.
La troisième vague de dénonciations actuelle vient sans aucun doute souligner la pertinence de ces travaux. « Cela confirme, tristement, qu’il s’agit d’un phénomène très prévalent et présent. Ça montre à quel point, encore une fois,
nous avons besoin de revoir le système, de revoir nos manières de faire et qu’il est urgent de rebâtir la confiance. » La députée n’est pas surprise de cette troisième vague, mais indique être du moins soulagée que des démarches avaient déjà été entreprises et que les résultats sont imminents.
Prendre le taureau par les cornes
Véronique Hivon est confiante que le comité saura apporter des changements importants dans l’accompagnement des victimes dans le système de justice et salue l’approche transpartisane qui selon elle, fait une différence considérable. « Tout le monde est engagé dans la même démarche, autant le gouvernement que les oppositions. C’est un gage que les recommandations ne resteront pas lettre morte parce que nous sommes engagés pour que les choses changent ». Elle poursuit: « Je me bats depuis longtemps pour qu’il y ait des changements et justement, d’ici quelques mois, je pense que nous allons proposer des solutions vraiment intéressantes. »
Étant aussi porte-parole en matière d’éducation pour le Parti québécois, Mme Hivon affirme qu’il est par ailleurs primordial d’agir en prévention et de mieux faire en terme d’éducation sexuelle. « Il faut vrai-ment prendre le taureau par les cornes. […] Ce n’est pas normal que dans une société où nous avons fait autant d’avancées sur le plan de l’égalité homme et femme, où nous sommes les précurseurs pour de nombreuses mesures en la matière, qu’il y ait autant de prévalence de ces crimes à caractère sexuel. C’est une responsabilité que nous devons se donner tout ensemble. »
Mandat du comité d’experts
Évaluer, à la lumière du parcours d’une personne victime d’agressions sexuelles ou de violence conjugale, les mesures actuelles et étudier celles pouvant être développées afin d’assurer un accompagnement plus soutenu et répondant mieux aux réalités des personnes victimes d’agressions sexuelles ou de violence conjugale. Ces mesures envisagées pourront notamment permettre de mieux adapter le système judiciaire aux personnes victimes et d’assurer une meilleure compréhension des diverses options disponibles pour elles, tant dans le système judiciaire qu’en dehors de celui-ci.