(Photo : Nordy par Sébastien Fleurant)
Certaines personnes vivent encore dehors la nuit.

Itinérance : Des gens dorment encore dehors

Par France Poirier

Vendredi dernier, je me rends derrière La Hutte où des personnes en situation d’itinérance se sont faits des abris de fortune à l’aide de bâches. L’une d’elles a élu domicile dans un bateau, une structure de jeu dans le parc Henri-Daoust qu’elle a recouvert de bâche. Elle y vivait depuis deux mois. Mais ce lundi, les campements devaient être démantelés par la Ville.

Sylvie Lefebvre, une citoyenne de Saint-Sauveur, s’est rendue à l’hôtel de ville lors de l’assemblée du conseil de Saint-Jérôme, tenue le 17 janvier. Accompagnée d’un groupe de citoyens et de deux personnes en situation d’itinérance, elle voulait demander à la Ville de prendre en charge des personnes dans la rue en fournissant des locaux.

Pas de locaux

« La Ville ne peut fournir de locaux, ce n’est pas notre mandat », répond le maire. « Le local, c’est La Hutte, c’est le souhait de la Ville. C’est le CISSS des Laurentides qui gère l’itinérance. Ceux qui ne vont pas à La Hutte sont visités par des travailleurs de rue et des travailleurs sociaux. Il y en avait un qui vivait sur une île et il a été localisé dans un logement supervisé fourni par le CISSS. Avant, on nourrissait les gens et après il n’y avait rien. La Hutte, c’est le modèle que l’on préconise. Il y a 16 lits de débordement disponibles et on me dit qu’ils ne sont pas toujours utilisés », a souligné le maire Bourcier.

Trouver des solutions

Sylvie Lefebvre se dit une citoyenne du monde. Avec d’autres citoyens, elle aide les sans-abris. « À titre de bénévoles, on nourrit les personnes en situation d’itinérance, on fait le tour des villes. J’ai décidé de m’impliquer à Saint-Jérôme parce que cette ville a de plus en plus de personnes en situation d’itinérance. La Hutte, c’est très bien pour une personne qui veut se prendre en main, mais pour les autres qui ne sont pas rendus à cette étape, c’est plus difficile. On ne peut pas laisser un humain dormir dehors, surtout en plein hiver. Nous aimerions former un groupe citoyens pour trouver des solutions », nous a-t-elle confié.

Le rôle de la Ville

« Comme ville, on doit s’assurer de la sécurité de tous les citoyens », explique le maire Bourcier. « On ne peut pas tolérer que des gens vivent dans des abris de fortune. Il en va de leur sécurité. L’hébergement La Hutte peut les recevoir. Notre choix, comme ville, est de sortir les gens de l’itinérance et la Hutte offre ce processus de réhabilitation. Depuis le 1er avril, la Hutte a aidé plus de 250 personnes à sortir de l’itinérance. Si les intervenants voient que des gens ont des problèmes psychologiques ou autres, ils sont référés à l’hôpital », ajoute le maire.

Michel Gagnon, président de la Commission de la sécurité publique explique : « Nos policiers connaissent très bien la situation. Il n’y a pas un policier à Saint-Jérôme qui va laisser un citoyen seul qui vit une problématique. Ils vont le référer. »

Le rôle des policiers de la Ville de Saint-Jérôme consiste à assurer la sécurité des personnes en situation d’itinérance sur le territoire. « Pour ce faire, ils vont à leur rencontre et créent des liens avec ils les réfèrent à d’autres ressources selon leurs besoins, comme le CISSS des Laurentides ou des ressources en hébergement à proximité de Saint-Jérôme. Nos policiers, qui font preuve d’une grande bienveillance, vont même jusqu’à entamer les démarches pour ces personnes et à assurer leur transport vers d’autres lieux d’hébergement », nous a expliqué Marie-Ève Proulx, directrice des communications par intérim à la Ville de Saint-Jérôme.

Le Mouvement Jérômien aimerait que le CISSS communique les chiffres du recensement, effectué à l’automne dernier, au sujet des personnes en situation d’itinérance. Ils souhaitent avoir un portrait de l’itinérance actuelle (santé mentale, pauvreté etc.) et connaître la réalité changeante des services communautaires disponibles à Saint-Jérôme.

« Nous avons la conviction que la Ville doit jouer un rôle de leadership. Qu ’il y ait des échanges réguliers sur les dossiers concernant l’itinérance. Il faut solliciter le gouvernement du Québec et le CISSS à adopter à une approche globale et communautaire des interventions. L’itinérance n’est pas un problème facile à gérer, sans compter que le contexte économique pourrait fragiliser davantage les personnes vulnérables de perdre leur logement », nous a fait savoir par voie de communiqué le chef du parti Mouvement jérômien, Rémi Barbeau.

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