Ingrid s’en sort et aidera les autres à s’en sortir
Par France Poirier
En faisant l’acquisition et la rénovation d’une résidence voisine (ancien Manoir Viking), Portage voulait créer un pavillon pour les femmes qui souffrent de toxicomanie. Situé en bordure du lac Écho à Prévost, Portage compte maintenant deux centres de réadaptation qui sont voisins.
Le nouveau pavillon, fraîchement rénové et adapté, offre un lieu de résidence paisible pour les femmes souffrant de toxicomanie, un élément essentiel à leur rétablissement.
Depuis deux mois et demi, elles ont emménagé dans la nouvelle demeure. Auparavant, elles avaient une salle de groupe dans le pavillon principal des hommes. « Le fait d’avoir leur maison à elles pour vaquer à leurs occupations met à l’avant-plan la communauté thérapeutique qui est la façon de traiter nos clientèles chez Portage. Pour celles qui ont vécu la transition, c’est un pur bonheur de se rétablir dans un environnement comme celui-là », souligne Catherine Cloutier, cheffe de service du programme pour femmes, chez Portage.
L’histoire d’Ingrid
Née dans une famille aimante, Ingrid 28 ans, a fait les meilleures écoles. Elle a pratiquement fait le tour du monde avec ses parents. Elle n’a manqué de rien. « C’était moi le problème. J’étais rebelle. J’ai commencé à consommer des drogues au début de l’adolescence et à la fin je consommais des drogues dures comme de la cocaïne et de l’héroïne », souligne Ingrid.
Lors de notre visite, sa mère venait la chercher pour le week-end. Étant à la dernière étape de sa thérapie, elle a droit à des sorties, ce qui la prépare au retour à la vie normale. Sobre depuis sept mois, elle est à Portage depuis six mois et demi. Elle quittera à la mi-juillet.
Elle nous parle du pavillon des femmes.
« On s’est approprié notre maison, on l’a mis à notre goût. C’est un environnement où l’on se sent bien. On jardine, on passe du bon temps dehors. Moi, j’ai vécu dans la rue deux ans par intermittence. Je n’avais plus d’environnement comme celui-ci. »
Le déclencheur pour s’en sortir
Alors qu’elle était dans une relation toxique, elle croyait être bien puisqu’elle n’avait plus de problème à trouver sa drogue grâce à son copain.
Mais un jour, celui-ci s’est retrouvé à l’hôpital pour un mois et la vie d’Ingrid a changé. « Je me suis retrouvée seule avec ma consommation et j’ai réalisé à quel point j’étais bien, seule. Je n’avais pas à subir toutes ses attaques. Il me rabaissait constamment et je ne disais rien pour qu’il continue de me donner de la drogue. Je ne voulais pas faire de chicane. Puis, c’est dans cette période que j’ai repris contact avec ma mère. Elle m’encourageait et me disait que si je voulais m’en sortir, elle était là pour moi. Un jour, je suis débarquée chez elle. J’ai pris son ordinateur et j’ai fait une demande à Portage. Ça me trottait dans la tête depuis un bout de temps. J’ai choisi Portage parce que les seules personnes que je connais qui s’en sont sorties, ce sont celles qui ont fait une thérapie à Portage. »
Pour elle, trente jours n’étaient pas assez. Elle avait besoin de structure, de règles. « Il me fallait une thérapie fermée pour six mois au moins », soutient Ingrid. À quelques jours de quitter Portage, Ingrid se sent solide et prête à affronter la vie. Elle souhaite compléter des études universitaires en toxicomanie et qui sait un jour travailler à Portage et aider d’autres femmes à s’en sortir.