Inclusion scolaire : l’illusion d’une promesse brisée

Par Rédaction

CHRONIQUE DU CITOYEN

Par Philippe Leclerc

Les fermetures de classes d’adaptation récemment annoncées dans les territoires des centres de services scolaires des Laurentides et de la Rivière-du-Nord marquent un tournant. Sous le couvert de l’inclusion, le système impose des économies budgétaires. Dans les faits, cette intégration sans soutien affaiblit l’accès à une éducation équitable pour les élèves en difficulté. On sacrifie le bien-être au nom de l’efficacité. Mais qui en profite vraiment ? Certainement pas les élèves HDAA (handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage).

Avant, ces décisions se prenaient au sein des commissions scolaires, où les citoyens avaient leur mot à dire. La démocratie scolaire vivait encore. Aujourd’hui, tout est centralisé. À Québec, on décide. Les enseignants et les parents de Saint-Jérôme, de Saint-Sauveur ou de Prévost ? On ne les consulte plus. On leur impose un modèle unique, des décisions éloignées, qui ignorent les spécificités locales​.

Une inclusion impossible sans ressources

Au Centre de services scolaire des Laurentides, des classes pour élèves aux besoins particuliers ont été fermées. On intègre les élèves HDAA dans des classes régulières, sans formation supplémentaire, sans personnel d’appoint. L’enseignant se retrouve seul avec des classes surchargées. Ces élèves, qui bénéficiaient d’un suivi adapté, perdent ce soutien essentiel. Dans la réalité de la Rivière-du-Nord, la situation est tout aussi complexe. Comment fournir un encadrement spécifique quand les ressources n’y sont pas ?

Pour les enseignants, c’est un fardeau de plus. Imaginez-vous face à une classe de trente élèves, dont plusieurs ont des besoins particuliers. Impossible de se diviser en deux, de donner à chacun ce dont il a besoin. L’attention qu’on peut offrir aux élèves HDAA est réduite à peau de chagrin. Ils se retrouvent isolés dans une foule, et les enseignants, dépassés, se sentent impuissants. Les économies peuvent sembler raisonnables sur papier, mais ce sont les enfants et le personnel qui paient le prix fort.

Une austérité qui ne dit pas son nom

Ce qui se passe ici, c’est de l’austérité déguisée. L’inclusion devient un prétexte pour couper dans les services spécialisés. Un prétexte pour équilibrer un budget. Dans les Laurentides, les élèves et le personnel scolaire sont les premiers touchés. On dit que l’on fait mieux avec moins. Mais qui pourrait croire qu’intégrer sans soutenir, c’est faire mieux ?

Dans un contexte où le budget du Québec pour l’éducation s’élève à plus de 27 milliards de dollars, pourquoi viser les services pour les plus vulnérables ? On parle de quelques millions, une fraction négligeable du budget global. Pourtant, ces quelques millions font la différence entre un élève qui réussit et un autre qui décroche.

Une autre démonstration de la perte de la démocratie scolaire

Ce type de décision, autrefois, on en discutait localement. Les citoyens élisaient leurs représentants, qui pouvaient débattre, influer, décider en fonction des réalités du terrain. Avec l’abolition des commissions scolaires, ce pouvoir a disparu. Aujourd’hui, tout se joue à huis clos, dans les bureaux de Québec ou dans les bureaux opaques des centres de services scolaires. Les parents, les enseignants, les citoyens n’ont plus de prise directe sur ces choix qui affectent leur quotidien. Ils subissent des décisions qu’ils ne peuvent pas contester. Cela, comme je l’évoquais dans une chronique précédente, illustre encore la fin de la démocratie scolaire.

Une école à l’image de ses choix

Le Québec veut une école pour tous, mais il en oublie le coût humain. On parle de chiffres, d’économies, de gestion. Mais l’éducation, c’est avant tout une histoire humaine. Dans nos écoles des Laurentides et de la Rivière-du-Nord, chaque élève mérite une chance. Chaque enseignant mérite des conditions de travail qui lui permettent d’aider ses élèves.

Cette centralisation, cette logique comptable et bureaucratique, nous éloigne des valeurs fondamentales de l’éducation. Les centres de services scolaires deviennent des exécutants de décisions prises à distance, déconnectées des réalités locales. Il est temps de se questionner. Est-ce vraiment l’éducation que nous voulons ?

1 commentaire

  1. Vous avez tellement raison, le système de santé croulait sous la centralisation, on poussé d’un cran avec Santé Québec, de même avec les commissions scolaires qu’on développé sur le modèle de la santé, le ministre de l’éducation est devenu le directeur de toutes les écoles du Québec.
    Avec l’IA vite un robot dans chacune des écoles pour transmettre les directives du ministre

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