Immigration : Des délais qui frustrent

Par Simon Cordeau

Didier Macrez, sa femme et sa fille ont quitté la France en mars 2018 pour s’établir ici, dans les Laurentides. Mais après 4 ans, alors qu’ils travaillent, paient leurs impôts et s’intègrent à leur communauté, leur statut est toujours temporaire et incertain, déplore Didier, ce qui cause bien du stress et de la frustration.

Didier et sa famille ont fait une demande pour devenir résidents permanents en octobre dernier. « Le dossier est reçu et en révision, mais pas encore en traitement. »

Dans le reste du Canada, le délai de traitement pour un tel dossier est en moyenne de 6 mois. Mais au Québec, ce délai est de plus de 2 ans. Environ 25 000 dossiers de travailleurs déjà approuvés par Québec, comme celui de Didier, attendent une réponse du gouvernement fédéral. C’est pourquoi un recours collectif est présentement en branle pour dénoncer la situation.

Payer pour être ici

En attendant leur résidence permanente, la famille Macrez est considérée comme des « travailleurs temporaires »« Ma femme aussi, même si elle est cheffe d’entreprise : une entreprise canadienne, enregistrée ici », déplore Didier. Lui-même est directeur général des journaux Accès et Le Nord, et sa fille va à l’Académie Lafontaine depuis trois ans déjà.

Tous les deux ans, la famille doit renouveler ses permis de travail. « À chaque fois, on nous redemande l’intégralité de tous nos documents. C’est une incohérence du système. » Didier doit aussi débourser des frais d’environ 1 000 $ par personne, en plus des frais d’avocat. Et pendant que leur renouvellement est traité, les Macrez perdent leur droit au chômage et à la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ).

« C’est tout le stress et la frustration que ça engendre, pendant six mois. Personne n’est à l’abri de tomber malade ou d’avoir un accident », dénonce Didier.

« On travaille ici. On paie nos impôts ici. On paie nos charges. On crée même de l’emploi. On participe à l’économie et à son développement. Mais on doit quand même payer pour le droit d’être ici », déplore-t-il.

Long processus

Ces difficultés s’ajoutent à celles déjà traversées pour s’installer au Québec. Avant même de partir, il faut compter 9 mois entre le début des procédures et l’obtention du permis de travail. « C’est comme un accouchement », lance Didier en riant. « C’est un projet qui se prépare. On sait qu’on a besoin, en arrivant ici, d’au moins 20 000 $. »

Cependant, Didier était prêt à affronter ces difficultés initiales. Partir à l’étranger était un rêve que sa femme et lui caressaient depuis longtemps. Lorsqu’ils ont été victimes, avec leur fille, de l’attentat de Nice en 2016, ils ont enfin décidé de passer à l’acte.

« Notre choix s’est porté sur le Canada, parce qu’il y a beaucoup d’ouverture d’esprit et de tolérance. On a trouvé l’accueil différent de partout ailleurs. Qu’il y ait des francophones nous a beaucoup rassurés. Et créer une entreprise ici est bien plus facile et abordable qu’en France ou ailleurs. »

Mais après 4 ans, Didier est fatigué du labyrinthe bureaucratique, des délais et des coûts répétés pour rester ici, qui est devenu chez lui. « Pour des immigrants qui sont intégrés, qui n’ont besoin d’aucune aide sociale et qui travaillent honnêtement, c’est non seulement une injustice, mais c’est aussi un manque de respect pour des gens qui ont choisi ce pays. »

Une fois que les Macrez auront obtenu leur résidence permanente, ils devront attendre 3 autres années avant d’appliquer pour devenir citoyens canadiens.

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