(Photo : Courtoisie Juana Laurin)
Juana Laurin et Hugo Verrette vivent à plein l’expérience du Guatemala.

Guatemala : Une nouvelle vie remplie pour Juana Laurin et Hugo Verrette

Par France Poirier

« Quatre années ont passé depuis les retrouvailles avec ma famille biologique. Jamais je n’aurais pensé avoir un jour un pied à terre au Guatemala, si on m’avait demandé où je me voyais en 2025. »

La Jérômienne Juana Laurin, et son conjoint Hugo Verrette, ont retrouvé les origines de cette dernière, dans le cadre d’une démarche d’ADN dont le Nord avait fait état en mars et décembre 2021. (https://www.journallenord.com/actualite/recherches-identitaires-juana-laurin-se-questionne-sur-son-passe/)

Après avoir appris l’espagnol et effectué plusieurs voyages de réunification au Guatemala, le couple a déniché un condo à une quinzaine de minutes de la famille.

« Ma vie est devenue un pont entre le Québec et ce pays d’Amérique centrale, où se trouvent mes racines. Mon conjoint et moi avons décidé de nous installer un peu dans la région d’Alotenango, dans le département de Sacatepequez, à 15 minutes d’Antigua, une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce choix de vie ne concerne pas seulement ma famille retrouvée, mais aussi une communauté que nous avons appris à connaître et à soutenir. On s’ennuie de nos 5 enfants demeurés au Québec, à qui nous parlons via Facetime à chaque jour. Ils vont aussi faire la navette occasionnellement entre les deux pays », a confié Mme Laurin, une ancienne photographe des Panthères au hockey.

Spécialisée en photographie et en graphisme, Juana a transporté ses outils de travail avec elle « dans le sud ». Hugo, un ancien intervenant spécialisé (TES), a quant à lui ressorti ses compétences culinaires de l’École hôtelière des Laurentides (Sainte-Adèle) pour meubler son nouvel horaire.

« Nous travaillons actuellement sur un projet qui verra le jour dans les prochains mois : il vise à venir en aide aux femmes guatémaltèques en leur offrant des opportunités économiques et sociales, afin de leur donner les outils pour un avenir meilleur. En parallèle, mon conjoint développe une gamme de sauces piquantes totalement uniques, sur le marché guatémaltèque. L’ambition est non seulement de les vendre localement, mais aussi de les exporter au Québec. Ce projet a une portée sociale, puisque les ingrédients sont achetés directement auprès des cultivateurs d’Alotenango, contribuant ainsi à améliorer les conditions de vie des familles locales », a-t-elle ajouté.

Le couple débarquera ce mercredi soir au Québec, à bord d’un vol de Copa Airlines, qui aura transité par le Panama.

« J’anticipe un peu le froid à notre retour. On veut voir la famille et les amis, mais aussi nouer des liens pour nos projets. Je vais amorcer des démarches avec les autorités canadiennes et québécoises, pour cesser d’être Snowbirds. Ma citoyenneté guatémaltèque retrouvée, j’aimerais essayer de vivre une année complète là-bas. C’est ambitieux. On verra bien. »

Au-delà de leurs projets entrepreneuriaux, ils consacrent aussi du temps à des actions humanitaires.

« J’ai eu la chance de partager mon parcours avec des jeunes en voyage humanitaire au Guatemala, lors d’une conférence. À Noël 2024, nous nous sommes rendus dans une église pour offrir notre aide à des jeunes vivant dans les bidonvilles et les basureros, et Hugo a endossé le rôle du Père Noël pour leur apporter un peu de joie. »

Juana Laurin a aussi profité de l’occasion pour faire visiter le pays à sa mère et pour recevoir de la famille.

« Un autre moment marquant a été ma rencontre avec une tante, venue spécialement de San Francisco, pour faire ma connaissance : une rencontre riche en émotions. Nous avons vécu notre premier jour de l’An au Guatemala. Depuis, nous avons eu la chance de passer beaucoup plus de temps avec notre filleule, ce qui rend cette expérience encore plus précieuse. »

Excuses du président

Par ailleurs, le couple a aussi assisté à un événement historique, avec l’organisme Racines Perdues, qui aide les adoptés à retrouver leur famille biologique.

« En tant que membre de la division du Québec l’organisme, j’ai eu l’honneur d’être présente lors des excuses publiques du président du Guatemala, Bernardo Arévalo de León, au Palais national de la Paix. Ce fut un moment intense et porteur d’espoir pour toutes les victimes d’adoptions illégales, marquant une reconnaissance officielle de leur histoire. »

Activités volcaniques

Ne faisant jamais les choses à moitié, le couple de Jérômiens s’est installé dans un condo-maison se rapprochant du style des « Gated Community » de la Floride.

« C’est un domaine sécurisé, avec piscine et gymnase. La plage est à 1h30 de route. Ce qu’il y a de particulier, c’est la localisation du complexe de condos… situé entre trois volcans (rires). Surtout qu’un se trouve en éveil », a soulevé Hugo.

Dans la soirée du 9 mars dernier, à partir de 21h, une activité effusive marquée a été observée au volcan Fuego, entraînant des coulées de lave, des explosions modérées et d’importantes émissions de cendres.

Face à cette intensification, les autorités locales ont immédiatement mis en place des mesures de prévention pour assurer la sécurité des populations avoisinantes.

En raison des projections de cendres et des risques liés à l’éruption, des routes ont été temporairement fermées à la circulation. Des évacuations ont été ordonnées. Le 10 mars, les restrictions sur les axes routiers ont été levées.

« On est chanceux, parce que les vents donnent de l’autre côté du volcan. Ici, le sable volcanique des plages est noir. C’est souvent poussiéreux avec les retombées sur les voitures. Il ne faut pas laisser du linge sécher sur les chaises. La dernière éruption remonte à 2018. Les visites aux volcans ont été suspendues, car le soufre est dangereux à respirer. Juliana et moi pourrions nous essayer un jour à en grimper un. Mais c’est une aventure de 8 heures d’escalade », s’est-il informé.

Les volcans d’Acatenango, de Fuego et Agua ceinturent leur région d’adoption.

« Trois fois dans une semaine, on a constaté qu’il y en a un en activité. Il y a deux semaines, lors d’un tremblement de terre, les anciens ont soutenu que ce n’était pas bon signe. Nous n’avons pas été évacués et la vie se poursuit bien. C’est impressionnant, mais nous suivons les avis des autorités. Rien n’est tombé des tablettes et notre maison-condo neuve possède un solage en béton », s’est rassuré M. Verrette, déjà arrivé à 53 ans. Sa conjointe frôle la quarantaine. Ils disposent de plusieurs années pour apprivoiser leur nouvelle vie.

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