Geste héroïque : Une ex-Prévostoise reçoit la médaille de l’Assemblée nationale
Par Luc Robert
« Si ça n’avait pas été de votre aide, les gens seraient venus manger des petits sandwichs post-funéraires aujourd’hui, et non pour saluer votre dévouement à avoir sauvé une vie. »
C’est en ces termes humoristiques que l’ex-arbitre de balle très connu, Richard Locas, a remercié l’infirmière tout juste à la retraite Nathalie Bonin, et son conjoint Jean Ladouceur, pour avoir pratiqué sur lui des manœuvres de réanimation lui ayant sauvé la vie. Le 23 mai dernier, M. Locas, 79 ans, effectuait une randonnée sur la piste cyclable dans le secteur de la rue du Boisé (km 4 au sud de Saint-Jérôme), lorsqu’il a été victime d’un infarctus.
« Quelqu’un m’a placé sur votre chemin. Mon mari et moi circulions à vélo, lorsque nous avons constaté un attroupement. Notre instinct nous a dicté de revenir voir ce qui s’y déroulait. M. Locas était accoté contre une clôture, encore collé à sa monture. Il semblait mal en point. Nous l’avons mieux installé et avons entrepris les manœuvres. Avec les différents massages, j’ai pu valider son pouls et il est revenu à lui. Il m’a semblé totalement là en répondant à mes questions et cela m’a rassuré », a témoigné Mme Bonin.
Locas a subi le malaise cardiaque à environ 600 mètres de la rue du Boisé. Les ambulanciers ont pu intervenir grâce au soutien de M. Ladouceur, brancardier de métier à la même maison de soins. Les paramédicaux du SPLL ont trimbalé leurs lourds équipements jusqu’à la hauteur de M. Locas.
« Je lève mon chapeau aux six personnes qui sont intervenues pour me garder en vie. Mes souvenirs du moment sont mêlés, mais je leur dois tout. Je remercie aussi l’unité coronarienne de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, qui m’a remis sur pied. Le chirurgien a débloqué mes artères en deux heures et trois stents coronaires (tubes métalliques expansibles) ont été installés. Je suis demeuré éveillé pendant les procédures, car le médecin voulait me jaser (rires). J’ai perdu un peu de résistance physique et je ne peux plus faire de vélo, mais je vais continuer à jouer dans les ligues de quilles. On m’offre une deuxième vie ! », a lancé M. Locas, un véritable verbomoteur sur deux jambes, qui avait déjà subi un mini-infarctus il y a 19 ans, qui a nécessité trois pontages.
Contente d’avoir pu contribuer à prolonger une vie, l’infirmière en pédiatrie se serait bien passée de l’intérêt médiatique.
« J’accepte les honneurs de reconnaissance pour le sauvetage, mais nous l’avons fait pour la personne. Nous n’allons pas souvent sur le parc linéaire du P’tit Train du Nord, mais nous nous trouvions là au bon moment », a ajouté Mme Bonin, 55 ans, seulement à la retraite depuis une dizaine de jours de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme.
Mme Bonin et M. Ladouceur ont amorcé leur retraite en déménageant leurs pénates à Hemmingford, près de la frontière avec les États-Unis.
« Je suis très heureux de partager et de reconnaître ce moment très humain, entre des personnes qui ne se connaissaient pas. C’est la première fois en deux mois, soit depuis l’événement, que Mme Bonin et M. Locas ont renoué. Nous sommes fiers d’accorder la médaille du mérite de l’Assemblée nationale à Nathalie Bonin. De plus, le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, lui décerne un certificat honorifique pour son geste. Nous sommes très fière de cette citoyenne et de son mari », a louangé le député de Saint-Jérôme, M. Youri Chassin.
Locas a trouvé le moyen d’avoir le mot de la fin, toujours sous le coup de l’émotion.
« Je remercie le député Chassin et son équipe, ainsi que mon fils (Mathieu) pour avoir effectué les démarches pour retrouver l’infirmière. Chaque soir et matin, j’ai une pensée pour elle et son mari. Après 35 ans à la Rolland et une belle retraite, je continue mon social en allant au gymnase le matin et en pensant à mes trois petites filles, aussi des sportives. Elles me donnent une raison de poursuivre la vie en souriant », a-t-il achevé.