(Photo : Luc Robert)

Expropriation du Camping Donald : Saint-Canut prise dans cercle vicieux ?

Par Luc Robert

« On est pris dans un étau : d’un côté, avoir deux nouvelles écoles servira à la jeunesse et aux familles; de l’autre, la quiétude des villageois changera à jamais. Et c’est déjà commencé. »

Préférant conserver l’anonymat, un commerçant local de longue date de Saint-Canut estime que la bourgade nord de Mirabel est arrivée à la croisée des chemins.

« Personnellement, ça aide mon chiffre d’affaires de voir des nouveaux clients arrivés ici. Mais les habitants locaux de longue date se sentent envahis. Les domaines immobiliers et blocs d’appartements ont poussé comme des champignons depuis 15 ans. Mais les autorités ont gardé les seules mêmes voies d’accès vers l’autoroute des Laurentides, soit la 158 et l’autoroute 50. Il n’y a plus de place ici. C’est sans compter ceux qui transitent vers Saint-Colomban », a-t-il décrit.

Le propriétaire de PME remonte dans ses souvenirs pour expliquer la démographie actuelle.

« Au début des années 1970, ils ont commencé par nous couper le rang Saint-Simon en deux, vers Sainte-Scholastique, pour construire les pistes d’avions de Mirabel. Ensuite, toujours sur Saint-Simon, ils nous ont planté sous le nez l’usine d’épuration qui traite les excréments des passagers d’avions… juste en face du camping Donald. Certains jours, ça sent aussi fort qu’à Thurso ! Et plus récemment, c’étaient les émanations de l’usine de cannabis (revenue à la production de tomates) à l’est, qui nous parvenaient avec les vents. De village dortoir, on est devenu les faire-valoir de Mirabel, une mini-ville de transit », s’est-il plaint.

« D’autre part, il est certain que ça arrangera les parents et les élèves d’avoir deux nouvelles écoles localement. Aller aux écoles polyvalentes Lavigne à Lachute ou Cap-Jeunesse à Saint-Jérôme, ce sont beaucoup de déplacements, sur des routes très congestionnées aux heures de pointes, qui occasionnent des accidents, souvent au coin de Saint-Simon. Juste pour accommoder les travailleurs qui se déplacent, l’autoroute 13 devrait être débouchée jusqu’ici depuis longtemps. »

Même combat

À plusieurs égards, les remarques du commerçant rejoignent celles les doléances de l’Association Sauvons le Camping Donald. Celle-ci a déposé une pétition pour appeler le gouvernement du Québec à protéger le site du Camping Donald, « contre un projet de déboisement et l’instauration de deux écoles en forêt ».

En juin 2024, la Ville de Mirabel a en effet annoncé son intention d’acquérir le site naturel entourant le camping, pour y construire une école primaire et une autre secondaire.

Le regroupement des quelque 350 campeurs, qui ont jusqu’au 15 novembre pour libérer leur emplacement estival, vient d’interpeller les députés locaux, après une réponse de Mirabel soulignant que les 30 jours de contestation de la résolution d’expropriation sont expirés depuis belle lurette. Les réactions n’ont pas tardé. Un conseiller municipal a dû demander la surveillance de la police municipale devant son domicile, craignant des représailles.

« Ce projet met en péril plus de 2 200 000 pieds carrés de terres, incluant des arbres centenaires, ainsi que diverses espèces de la biodiversité de cet écosystème urbain. La destruction partielle ou totale de ce site est contraire aux engagements du gouvernement du Québec en matière de préservation de l’environnement. Aucun rapport d’impact environnemental n’a été présenté par la Ville, soulevant de sérieux doutes quant aux conséquences sur la faune, la flore, et les milieux humides de la région. Le développement projeté pourrait également compromettre les terres agricoles voisines, essentielles à la production locale », a souligné l’Association dans un communiqué.

Sauvons le Camping Donald estime qu’il existe des solutions alternatives (autres terrains) qui répondraient à l’obligation de la Ville de Mirabel d’implanter des écoles sur son territoire, pour les besoins du CSSRDN.

« Nous en appelons désormais aux élus provinciaux — notamment le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le ministre de l’Éducation et la ministre responsable des Aînés — pour qu’ils prennent position et protègent ce site », a ajouté par écrit M. Pierre-Pascal Duquette, président de l’Association.

Au dernier décompte sur internet (samedi 7 septembre), 860 signataires ont répondu à la pétition.

Série d’actions prévues 

Les locataires du Camping Donald, majoritairement des aînés, sont représentés par Me Denise Beaudoin, ancienne députée de Mirabel, qui a campé un rôle prépondérant dans la rétrocession des terres, suivant les expropriations de Mirabel.

Une nouvelle série d’actions est prévue par l’Association, pour faire entendre sa contestation.

De son côté, Mirabel affirme « que son projet vise à construire des écoles sur une partie du terrain, tout en protégeant l’autre partie contre tout développement immobilier ».

L’inquiétude grandit également parmi les résidents de la rue Henri-Piché, qui longe la route 158, concernant l’impact sur la circulation. Les élus avaient envisagé d’y faire passer les autobus, alors que le secteur est déjà congestionné aux heures de pointe.

Enfin, soulignons que l’Union des producteurs agricoles (UPA) a déjà exprimé son intention de contester tout projet d’élargissement ou d’empiètement sur les zones agricoles du secteur.

6 commentaires

  1. Celui qui est pressé de construire 2 écoles à cet endroit est le même tata qui a approuvé les plans de réfection du chemin st Simon entre la 158 et le boul st canur

  2. Triste c étais une clientèle pour les Commerçants de st canut et je me pose la question ou vont t il trouver les professeurs il en manque déjà des milliers et le boulevard Saint Simon est déjà congestionné a l heure de pointe la ptite politique de campagne est vraiment triste a voir

  3. J’ai habiter en arrière du camping donald pendant 1 ans et demie et la seule chose que je puisse dire..Ces que je suis très content d’être demenager de la ..tu peut jammais ouvrir tes fenetre au printemp ou a l’automne…ca sent la boucane ou fumer de feu mal éteint jusqu’a dans le condo..Sans compter du bruit …avoir su pour les 2 ecoles je serais rester.

  4. La majorité d’élus se foutre d’espaces vert, milieux humides, et avenir agricole à Mirabel. Ils acceptent les écoles construites avec du béton, asphalte, matériaux qui gardent la chaleur, il devrait s’inspirer du pays avec une nouvelle vision. Regardez les écoles à Mirabel, les espaces verts sont minimes, que de béton, les espaces récréatifs sont asphaltés et les enfants ne connaissent pas, c’est qu’un jardin, ni les arbres pour donner de l’ombre, il serait temps qu’on se réveille!

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