Ex-monastère des Jésuites: Un projet de logements sur glace
Par Luc Robert
Neuf années et demie après l’éviction d’une quinzaine de locataires de l’ex-monastère des Pères et des Frères jésuites du secteur Lafontaine de Saint- Jérôme, les activités de l’immeuble semblent engluées dans les dédales bureaucratiques.
En février 2012, la Ville de Saint-Jérôme avait procédé à l’évacuation des lieux en raison de manquements au règlement de l’urbanisme et à la sécurité des incendies. Plusieurs thérapeutes avaient dû rapidement relocaliser leurs activités ailleurs.
Depuis ce temps, le propriétaire Peter Cafaro a manifesté l’intention d’utiliser l’exbâtiment Notre-Dame-de-Montserrat à des fins résidentielles « à usage d’habitation multifamiliale H-5, pour y aménager 163 unités de logement », révèle le procèsverbal de la séance ordinaire du conseil municipal du 20 octobre 2020.
Or, rien ne semble avoir bougé depuis dans le dossier, neuf mois après la réunion des édiles locaux. « Après vérifications, on n’a rien reçu comme demande (du proprio) depuis ce temps. À ce que l’on sache, c’est fermé présentement. L’ex-monastère fait partie du patrimoine. Il ne devrait pas être à l’abandon. Il pourrait y avoir un projet incroyable rattaché à ce bâtiment, qui est central et immense. J’espère que le propriétaire n’a pas abandonné ses démarches. Il faudrait trouver une façon de l’accomoder. C’est compliqué et pas toujours souple, des fois, de faire cheminer un projet à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) », a évoqué la mairesse jérômienne, Mme Janice Bélair- Rolland.
D’une autorisation à une autre
En 2008, la CPTAQ a reconnu des droits acquis à des fins institutionnelles sur une superficie d’environ 93 527,5 m2 (après correction d’une description technique) de la propriété. Le même organisme provincial a ensuite autorisé, en janvier 2014, l’utilisation de la propriété « à des fins autres que l’agriculture, soit les usages reliés à l’enseignement privé, aux soins privés de la santé, à l’hébergement privé pour des personnes âgées et à des fins de salles de réunion et de centre de congrès ».
Par ailleurs, conformément aux dispositions du schéma d’aménagement et de développement révisé de la MRC-RDN, « les usages doivent s’effectuer uniquement à l’intérieur du bâtiment et qu’est interdit tout nouveau bâtiment et tout agrandissement du bâtiment existant. » En outre, afin de pouvoir y établir des usages résidentiels, une autorisation de la CPTAQ est requise, car il s’agit d’une zone agricole protégée. Enfin, « pour déposer une demande d’exclusion à la CPTAQ, cela requiert une démarche complexe et une modification du schéma. »
« Cette bâtisse représente un beau patrimoine à remettre en valeur. Nos fonctions sont justement de poser un diagnostic et de faire avancer les dossiers. Notre mission est d’être un catalyseur en investissements et en affaires, d’accélérer les projets que nous jugeons faisables. Or, c’est tellement complexe, qu’il arrive parfois que les promoteurs s’y perdent dans les démarches administratives. On va regarder ça : on a six personnes au service et nous avons fait progresser 175 dossiers depuis mon entrée en poste, en janvier 2020 », a souligné M. Marc Tremblay, directeur du bureau de développement économique de la Ville de Saint-Jérôme.
Dans un courriel de réponse non-signé, la CPTAQ a renvoyé la balle au niveau de la MRC-RDN et de la municipalité jérômienne. « À la lumière des informations transmises à la Commission, la demande déposée au dossier n°428716 a été fermée administrativement, car elle doit plutôt être assimilée à une demande d’exclusion, devant être déposée par la municipalité ou la MRC. (…) De façon générale, la Commission apprécie chaque demande, selon les informations qu’elle reçoit. Ainsi, (avec) les informations reçues dans les deux dossiers (…), la notion de proximité ou de contiguïté de la zone agricole a reçu une appréciation différente de la part de la Commission, menant à un résultat différent », a communiqué le Service de l’information, à la direction des affaires corporatives, de la CPTAQ.
Quant à lui, M. Cafaro n’a pu être joint, malgré plusieurs tentatives du journal Le Nord.