Une mobilité décentralisée pour les Laurentides

Par Simon Cordeau

À l’extérieur des noyaux villageois, il peut être difficile d’imaginer un réseau de transport collectif qui couvrirait les vastes Laurentides. C’est pourquoi les acteurs de la région évaluent des solutions plus décentralisées et flexibles. Discussion avec Anne-Sophie Monat, chargée de projet Mobilité intégrée des personnes, au Conseil régional de l’environnement (CRE) des Laurentides.

Depuis 2018, le CRE Laurentides travaille activement à réduire la place de la voiture solo dans les Laurentides et à améliorer la mobilité des Laurentiens, de concert avec une table de concertation régionale. Pour ce faire, ils ont analysé les réseaux de transport actif et collectif, pour en comprendre les forces, les faiblesses et trouver des solutions alternatives.

Anne-Sophie Monat est chargée de projet au CRE Laurentides. Photo : Courtoisie

« Il y a plusieurs réalités dans les Laurentides, entre le Nord et le Sud, entre les noyaux villageois et l’extérieur de ces noyaux. Les noyaux sont super dynamiques et denses, même dans le Nord. Quand on sort de ces milieux-là, c’est là que ça peut être un peu plus compliqué », explique Mme Monat.

Améliorer la mobilité dans ces parties moins denses est un défi de taille, auquel un réseau d’autobus ne peut pas répondre. « Il faut penser à l’extérieur du cadre établi. Il faut être créatif. »

Covoiturage

Environ 25 % des Laurentiens utilisent le covoiturage pour se déplacer. Toutefois, 85 % d’entre eux organisent eux-mêmes leurs déplacements, et seulement 5 % utilisent une plateforme numérique. La raison, selon Mme Monat, est que ces plateformes sont mal adaptées aux réalités de la région, et cela rend l’accès au covoiturage plus difficile.

« C’est compliqué! Il y a tellement de plateformes que les trajets sont dilués. Il faut aller sur 4 ou 5 plateformes pour trouver ce qui nous convient. Il faut être motivé », déplore Mme Monat. Bien que chaque plateforme ait ses particularités, elles ne sont pas vraiment complémentaires. « C’est plus une compétition qu’une spécialisation. »

Ainsi, 5 MRC de la région, dont celle des Pays-d’en-Haut, travaillent sur un projet pour centraliser l’offre du covoiturage sur une seule plateforme, qui pourrait être disponible fin 2021 ou début 2022. Celle-ci devra aussi permettre différentes méthodes de covoiturage. La plupart des Laurentiens font du covoiturage quotidien, c’est-à-dire pour se rendre au travail tous les jours, ou pour des longues distances ponctuelles, organisées d’avance. Mais l’objectif serait d’accommoder aussi le covoiturage spontané, sans rendez-vous, afin d’offrir plus de flexibilité et de mobilité aux usagers. « Nous avons intérêt à avoir la plateforme la plus souple possible, pour répondre à tous ces besoins-là », explique Mme Monat.

Vélos électriques en libre-service

Une autre option envisagée est de rendre disponibles des vélos électriques en libre-service, un peu comme les BIXI à Montréal. Dès cet été, un projet pilote devrait être mis sur pied dans les parcs de Mirabel, dont le parc du Domaine Vert et le parc régional Bois de Belle-Rivière. L’objectif sera de tester la technologie et la viabilité du concept. « On est encore aux balbutiements du projet. On y va avec les subventions disponibles », souligne Mme Monat.

Si le projet pilote s’avère un succès, les vélos en libre-service seront déployés à plus grande échelle dans les MRC d’Argenteuil, Thérèse-de-Blainville, Deux-Montagnes et la Ville de Mirabel. À long terme, on espère avoir un réseau qui couvrirait l’ensemble des Laurentides, du nord au sud.

Ces vélos électriques pourraient aussi compléter l’offre des autobus. « Un des problèmes avec l’autobus, en ce moment, c’est que si je ne me rends pas au centre-ville, je suis un peu mal prise quand je débarque. Je ne peux pas me rendre à ma destination. Mais si je sais qu’il y a des vélos disponibles à la sortie, ça m’encourage à prendre l’autobus aussi », illustre Mme Monat.

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