Le travail de toute une communauté
La présence du myriophylle à épis se répand de plus en plus dans les lacs des Laurentides. Certaines municipalités comme le Lac-des-Seize-Îles ont réussi à l’éliminer. Mais cela a pris l’effort et la vigilance de tout un village pendant 6 ans.
« En 2012, on a constaté que du myriophylle à épis était présent dans le lac Laurel. On a fait des démarches auprès du CRE Laval et du gouvernement, et on nous a répondu qu’on ne pouvait rien faire pour ça. On n’a pas accepté ça », nous explique Denise Cloutier, membre du conseil d’administration de l’Association du lac Laurel depuis presque 10 ans. C’était le point de départ d’une série d’actions entreprises par l’association et les riverains pour éliminer cette plante envahissante. Détentrice d’une maîtrise en environnement, Mme Cloutier connaissait bien les ravages que pouvait causer cette plante. Mais à ce moment-là, aucun protocole n’était en place pour l’enlever.
Collectivité en action
« C’est une plante très fragile. Chaque petite bouture, lorsque coupée, se reproduit ailleurs. Elle a un immense pouvoir de reproduction. On ne voulait pas laisser ça comme ça », souligne-t-elle. Avec l’association et l’aide de la municipalité, son mari André Philippe Hébert et elle ont commencé par baliser les endroits où il y avait du myriophylle à épis pour empêcher les bateaux d’y aller. « Chaque fois qu’un bateau passe, il peut couper avec son hélice la plante et celle-ci se reproduit après. »
Ils ont ensuite fait appel à un plongeur expérimenté et connaisseur de la plante : Jean-Louis Courteau. « Il a développé une méthode avec nous pour l’arrachage du myriophylle », note Mme Cloutier. Des plongeurs amateurs ont par la suite été formés par M. Courteau pour aider dans l’arrachage qui s’est fait par moment jusqu’en 2018. La même année, le Centre d’interprétation des eaux laurentiennes a pu payer pour des plongeurs, ce qui a permis d’accélérer le processus. Au total, ce sont 90 personnes qui ont participé à ces opérations.
Encouragement
« Partout où on l’a enlevée, la plante n’a jamais repoussé », soutient Denise Cloutier. Pourquoi ? Parce que pour chaque plongeur qui en faisait l’arrachage, deux embarcations de cueilleurs ramassaient toutes les petites boutures qui se détachaient. « On était vraiment encouragés par ça. Quand on filmait sous l’eau et qu’on voyait que ça ne revenait pas, on était tellement contents ! » De plus, lorsque le problème est détecté au début, il est plus facile d’intervenir et de l’éradiquer, croit Mme Cloutier.
En 2018, après 6 ans d’efforts, une grande fête a été organisée pour célébrer la disparition – ou presque – du myriophylle à épis dans le lac Laurel. « On éprouve une grande fierté d’avoir participé à une oeuvre collective comme ça. Et ç’a rapproché les gens du lac », se réjouit-elle. Aujourd’hui, l’association reste à l’affût, comme il y a beaucoup de myriophylle à épis dans le lac des Seize Îles, à proximité du lac Laurel.
« Tous nos riverains sont nos yeux pour en trouver d’autres. Ils savent à quoi ça ressemble. »