(Photo : Simon Cordeau)
Les segments asphaltés du Parc linéaire devraient ouvrir prochainement, presque un mois avant les segments en poussière de roche.

Entre Saint-Jérôme et Val-Morin, asphalter ou non?

Par Simon Cordeau

Le Parc linéaire du P’tit Train du Nord est majoritairement asphalté, à l’exception de quelques segments, dont celui entre Saint-Jérôme et Val-Morin. Compte-on le paver dans un avenir prochain? La question ne fait pas l’unanimité.

Étant donné les coûts importants, l’asphaltage de la piste requiert une subvention du gouvernement provincial. « J’ai demandé à rencontrer Mme Girault, la députée responsable des Laurentides. On devrait avoir une rencontre, j’espère, en mai. On veut pousser ce dossier-là », indique Paul Germain, président du Parc linéaire et maire Prévost.

« À Prévost, on est favorables à asphalter le segment entre la gare et les Clos prévostois. Ça serait un beau corridor urbain », ajoute le maire. Il est cependant conscient que le pavage de la piste cyclable fait controverse dans les municipalités qu’elle traverse. « Certaines villes sont moins enthousiastes. On va respecter ça. »

« Les conseils municipaux viennent de changer [avec les élections]. Est-ce que les nouveaux élus en voudraient? », se demande André Genest, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. Il note que dans sa MRC, seules les municipalités de Piedmont et de Sainte-Adèle sont traversées par le P’tit Train du Nord. « Même s’il y a des subventions, il y a toujours une partie à payer. Est-ce que les autres municipalités vont vouloir investir pour l’asphalter, quand la piste n’est pas sur leur territoire, et surtout quand il n’y a pas l’unanimité? », s’interroge-t-il.

Ouverture printanière

Après l’hiver, les segments en poussière de roche demandent une attention particulière avant leur réouverture, explique Diane Pilon, coordonnatrice aux communications et aux évènements du Parc linéaire.

« Il y a un entretien énorme à faire chaque printemps. Si les gens roulent sur la piste, ou même si l’équipe va couper un arbre qui est tombé, ça crée des ornières quand le sol est encore mouvant. Il faut du compactage aussi, pour avoir une surface roulable à la fin du printemps. » Il faut également remplacer la poussière de roche qui s’est érodée ou qui a glissé sur les côtés de la piste, précise Mme Pilon.

« Ça nous empêche d’ouvrir la piste avant, grosso modo, la fête des Patriotes, autour du 25 mai. » À l’inverse, les segments asphaltés demandent seulement d’être inspectés, une fois la neige fondue. Ainsi, ces segments devraient ouvrir très prochainement, assure Mme Pilon, près d’un mois avant les segments en poussière de roche. Il en va de même l’automne venu.

« Ça permet aussi le transport actif des élèves qui vont à l’école. Quand on ouvre le 25 mai, ça ne laisse pas beaucoup de temps aux jeunes pour s’y rendre en vélo », continue-t-elle. « Un de nos mandats qu’on se donne en équipe, c’est de favoriser la mobilité active. »

M. Germain abonde dans le même sens. « Si je parle pour Prévost, on veut une école secondaire. Moi, j’aimerais que les jeunes utilisent la mobilité active pour s’y rendre. Ils seront plus en forme, et ils performeront mieux à l’école. Tout est interrelié dans une ville », illustre-t-il.

Plus vert?

Lorsque le pavage du segment entre Val-Morin et Sainte-Agathe avait été annoncé, en 2020, plusieurs citoyens étaient préoccupés par l’impact environnemental de l’asphaltage. Pour le maire de Prévost, dont l’administration est très préoccupée par l’écologie, la question est complexe. Mais calculs faits, le bitume est plus vert que le gravier, soutient-il.

« Des études faites par l’Institut des territoires démontrent que les avantages compensent les inconvénients. »

En plus de demander moins d’entretien, l’asphalte est aussi plus pérenne que la poussière de roche, qui se retrouve dans les cours d’eau et les écosystèmes avoisinants la piste cyclable, note M. Germain. Mme Pilon confirme.

« On doit en rajouter chaque année, pour créer une surface agréable et sécuritaire, surtout. Cette roche-là, elle ne vient pas du ciel. Elle vient d’une montagne dont le roc a été concassé, mis dans des camions, puis amené sur la piste. »

Cohabitation

Le pavage rend le Parc linéaire plus accessible aux personnes à mobilité réduite, souligne Mme Pilon. « On peut le voir à Saint-Jérôme. Les personnes à mobilité réduite vont s’arrêter aux endroits où la piste n’est plus asphaltée. »

Il rend aussi possibles plus d’activités, soutient-elle. « Je fais beaucoup de photographie sur le P’tit Train du Nord. Je vois des familles en multisports : les parent sont en vélo, l’enfant en planche à roulettes. Ça amène toute la famille et les différents âges sur le Parc. »

C’est d’ailleurs l’une des préoccupations de M. Germain. « L’asphaltage apporte des conflits d’usages. Certains sont en patins à roue alignée, d’autres à la marche, d’autres à vélo, etc. Donc il faudrait deux largeurs, pour respecter tout le monde, avec une section réservée aux cyclistes et une aux piétons. »

C’est pourquoi, selon M. Genest, il ne serait pas nécessairement judicieux d’investir davantage sur le Parc linéaire, déjà très achalandé. Il mentionne par exemple que le Corridor aérobique, qui lie Morin-Heights à Amherst, a aussi besoin d’attention. « Les gens désirent des infrastructures pour aller faire de l’exercice, mais ils veulent aussi une certaine quiétude. C’est important de construire des réseaux parallèles. Donc il faut des sentiers ailleurs, pour disperser un peu les différents amateurs et les différents sports. »

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