Les pompiers de Mille-Îles auraient-ils pu intervenir à Bellefeuille ?
Par Luc Robert
Des spécialistes des sinistres se demandent en coulisses si les services d’incendies des MRC de la Rivière-du-Nord, des Pays-d’en-Haut et d’Argenteuil n’auraient pas intérêt à signer des ententes avec des services similaires plus petits, aux limites de leur territoire.
Le questionnement a fait surface après un feu survenu le lundi 15 mars dernier, à une demeure de la rue d’Alsace, dans le secteur Bellefeuille de Saint-Jérôme.
L’alerte a été donnée à 17h25 aux pompiers jérômiens, qui ont été appuyés dans leurs efforts par leurs collègues de Prévost, de Mirabel et de Sainte-Sophie. Lors de leur arrivée sur les lieux, les sapeurs ont remarqué un embrasement généralisé, alors que la toiture menaçait de s’écrouler à tout moment. Le domicile a finalement été jugé une perte totale, à la suite de l’élément destructeur.
Ces spécialistes du milieu se sont questionnés, sans vouloir être identifiés, sur la pertinence de faire venir sur les lieux des équipes d’aussi loin que Sainte-Sophie et Prévost, alors que les pompiers de Saint-Jérôme partagent temporairement la même caserne (Ouest) que les sapeurs des Mille-Îles. Ceux-ci y louent une porte et dis-posent d’un camion-citerne neuf de 2 000 gallons US, en plus d’un camion régulier.
« Il faut savoir, d’entrée de jeu, qu’ils sont rattachés avec la MRC d’Argenteuil. Il n’y a pas d’entente d’entraide automatique avec nous. On dépanne présentement les Mille-Îles en location d’espace, parce qu’ils sont en processus de construction d’une deuxième caserne. Dans le secteur Bellefeuille, nous avons des préventionnistes », a laissé savoir M. Mario Saint-Pierre, directeur adjoint du Service de la sécurité incendie de Saint-Jérôme (SSI).
« D’autre part, on avait jusqu’à cinq citernes sur place et l’entraide de Mirabel. Pour ce secteur rural, on doit avoir 10 pompiers d’attaques sur place, dans un délai de 25 minutes. Notre caserne est à 4 km des lieux de l’incendie. Tout a été fait selon les règles de l’art », a-t-il enchaîné.
Au moins un camion de Mille-Îles est passé devant le lieu du sinistre, nous relatent des citoyens, qui l’ont suivi. Vérification faite, il y avait un entretien de véhicule à l’horaire ce soir-là, à la caserne du chemin Black, aux Mille-Îles.
« C’est très particulier comme contexte. Il n’y a pas d’entente officielle d’entraide entre Saint-Jérôme et Mille-Îles, bien que nous louons un emplacement chez eux. Nous ne sommes pas fermés à l’idée d’une entente d’entraide. L’ancien maire de Mille-Îles avait d’ailleurs été sensibilisé à cet effet », a dévoilé M. Alain Charbonneau, directeur du service des incendies à la municipalité de Mille-Îles.
Les pompiers de la petite localité auraient-ils pu intervenir à Bellefeuille, si des vies étaient menacées ?
« Généralement, il y a une logique à aider si des vies sont en danger. Le gouvernement demande à ce que la caserne la plus proche intervienne. Mais l’appel de Saint-Jérôme n’est pas entré. Ça dépend d’une foule de facteurs, dont le schéma de couverture de risques à incendie de leur MRC », a poursuivi M. Charbonneau.
Même s’ils sont des pompiers volontaires, les sapeurs de Mille-Îles semblent reconnus en pompage d’eau (même des fossés), avec leur expérience en région rurale. Ceux de Saint-Jérôme affectionnent les ravitaillements aux bornes d’incendie et les transports d’eau, poursuit notre source, même s’ils peuvent aussi faire du pompage au besoin.
« C’est certain que les pompiers de Saint-Jérôme vont avoir tendance à demander des renforts de leur MRC, surtout depuis la centralisation unifiée de gestion et des opérations de sécurité incendie, en 2019. Mais pour les frontières de territoire, il existe de bons services de sapeurs ruraux aux Mille-Îles et à Wentworth-Nord. Pour sauver des vies et éviter des propagations rapides, des signatures d’ententes avec des services limitrophes devraient être ratifiées », a souhaité notre interlocuteur.
Dans le même ordre d’idées, Saint-Colomban possède une entente d’entraide avec les Mille-Îles, par exemple.
« C’est comme pour Saint-Anne-des-Lacs, dans notre cas : s’il survient une catastrophe majeure, on peut faire appel à leurs services. On arrive au renouvellement du schéma de couverture de risques d’incendie (2016-2021) en avril, à notre MRC. On verra si d’autres signatures d’ententes sont envisageables », a repris M. Saint-Pierre.
Dans le schéma de couverture des risques d’incendie de la MRC Rivière-du-Nord, il est mentionné « qu’advenant l’impossibilité temporaire pour un service de sécurité des incendies (SSI) de déployer ses propres véhicules pour cause de bris mécaniques, d’entretiens planifiés ou autres situations de force majeure, le SSI devra pouvoir combler la lacune par le recours, dès l’alerte initiale, aux ressources disponibles des municipalités les plus aptes à intervenir, tout en assurant le caractère optimal de la force de frappe. »
Dans le cas présent, c’est un véhicule de l’extérieur qui avait un entretien planifié.