Enseignement : Moins d’inscriptions, mais plus de demande

Par Simon Cordeau

Les étudiants sont moins nombreux à s’inscrire en enseignement à l’université, révélait récemment La Presse. À travers le Québec, les nouvelles inscriptions ont diminué de 10 à 15 %, selon les programmes. Après vérification, cette chute est aussi observée à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Pourtant, les besoins sont grandissants dans la région, alors que les centres de services scolaires de Rivière-du-Nord (CSSRDN) et des Laurentides (CSSL) engagent chaque année plus d’enseignants.

Diminution

En 2022, 116 nouvelles personnes se sont inscrites au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire. En 2023, elles étaient 98. En 2024, on dénombrait 93 nouvelles inscriptions. Cependant, les données de 2024 sont préliminaires, en date du 16 septembre, précise Véronique Leblanc, agente d’information et de recrutement pour le Campus de Saint-Jérôme de l’UQO. Malgré tout, cela représente une réduction de près de 20 % en 2 ans.

Sur la même période, de 2022 à 2024, les nouvelles inscriptions pour le baccalauréat en enseignement secondaire ont aussi diminué, passant de 14 à 6 pour la spécialisation en français (-57 %), et de 9 à 4 pour celle en mathématiques (-44 %).

« Précisons que les programmes en éducation à Saint-Jérôme sont contingentés et nous atteignons toujours notre contingentement. Nous admettons 50 étudiantes et étudiants au bac en éducation préscolaire et enseignement primaire », nuance toutefois Mme Leblanc.

Un programme contingenté

Pourquoi ne pas accueillir davantage d’étudiants dans les programmes d’enseignement ? « La principale raison pour laquelle nos programmes en éducation sont contingentés […] réside dans l’importance d’avoir suffisamment de places de stages dans cette région où la demande par d’autres universités est élevée. On doit aussi préciser qu’en période de pénurie d’enseignants qualifiés, le bassin d’enseignants associés intéressés à recevoir des étudiants en stage est plus restreint », indique Mme Leblanc.

Autrement dit, il manque d’enseignants pour former les nouveaux durant leurs stages.

Cela dit, la situation s’est améliorée pour le baccalauréat en adaptation scolaire au primaire. « Nous sommes passés de 20 places en 2023, à 35 en 2024, grâce à l’ouverture des milieux de stages », se réjouit Mme Leblanc. Les nouvelles inscriptions sont d’ailleurs passées de 35 en 2022, à 28 en 2023, à 39 en 2024 (+11 %). Sur le même deux ans, elles ont aussi augmenté pour le baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire au secondaire et jeunes adultes, passant de 5 à 9 (+80 %), ainsi que pour la maîtrise en enseignement secondaire, profil adaptation scolaire, passant de 9 à 23 (+256 %).

Malgré la difficulté à attirer des jeunes en enseignement, la doyenne des études à l’UQO, Stéphanie Demers, elle-même anciennement enseignante au secondaire, souligne que l’enseignement « demeure un superbe milieu et une profession stimulante ». « Les personnes qui se qualifient à l’UQO recevront une formation leur permettant de faire une différence dans le réseau de l’éducation. »

Mme Leblanc ajoute que diverses bourses, dont la bourse perspective qui peut couvrir plus de la totalité des frais de scolarité, peuvent motiver le choix des futurs étudiants en enseignement. « L’UQO tient à inviter les personnes intéressées par l’éducation à s’informer et à participer à sa journée portes ouvertes, le samedi 30 novembre. »

Des besoins grandissants

D’ailleurs, les écoles de la région engagent chaque année plus d’enseignants pour combler les besoins grandissants. Le CSSRDN employait 2 409 enseignants réguliers, à temps partiel, à la leçon et à taux horaire en date du 16 juin 2022. Il en employait 2 460 le 15 juin 2023, et 2 585 le 13 juin 2024 (+7,3 %). En date du 25 septembre 2024, 2 602 enseignants travaillaient pour la CSSRDN.

Le CSSL, quant à lui, avait 585 enseignants titulaires de postes pour l’année scolaire 2022-2023, 602 pour l’année 2023-2024, et 677 pour l’année 2024-2025 (+15,7 %). Cependant, l’augmentation est aussi due à la création d’un nouveau statut de poste dans la nouvelle convention collective, nuance Stéphanie Fournelle-Maurice, coordonnatrice du service du secrétariat général et des communications au CSSL. « [Il] a été créé pour des enseignants à statut particulier, afin de combler des remplacements connus à l’avance. […] Ainsi, une même « chaise » d’enseignant pourrait être comblée par deux postes », explique-t-elle.

Cela dit, le CSSL estime tout de même qu’il aura besoin « d’environ 18 nouveaux enseignants » l’année prochaine, pour répondre à l’arrivée « d’environ 350 nouveaux élèves par année », indique Mme Fournelle-Maurice.

Par contre, cette croissance de la population donne aussi espoir à Mme Leblanc de l’UQO. « Les prévisions démographiques démontrent que le nombre d’étudiants au cégep sera en croissance au cours des prochaines années, donc il y aura plus de candidats potentiels pour les universités. »


En chiffres

  • L’UQO a reçu 93 nouvelles inscriptions en 2024 au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire, comparé à 116 en 2022. C’est une diminution de 20 %.
  • Le CSSRDN employait 2 585 enseignants en juin 2024, comparé à 2 409 en juin 2022. C’est une augmentation de 7,3 %.
  • Le CSSL a 677 postes d’enseignants titulaires pour l’année 2024-2025, comparé à 585 pour l’année 2022-2023. C’est une augmentation de 15,7 %.
  • Selon un article du Journal de Montréal paru le 1er novembre 2021, le taux de diplomation dans les programmes d’enseignement se situe entre 61 % et 75 % selon les institutions.
  • Près de 25 % des enseignants quittent la profession dans les 5 premières années.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *