Élections fédérales 2025: premières observations

Par Rédaction

CHRONIQUE

Par Philippe Leclerc

Les deux circonscriptions fédérales touchant le lectorat du journal Accès et du journal Le Nord – Les Pays-d’en-Haut et La Rivière-du-Nord entrent en scène pour les élections. En toile de fond : la guerre commerciale Canada–États-Unis. Tarifs, instabilité, PME fragilisées. Pendant ce temps, ici : le logement abordable n’arrive pas, le transport collectif est famélique et la couverture internet et cellulaire reste incomplète. Les programmes fédéraux existent, mais peu résonnent. Ottawa reste bien loin de nos réalités.

Ces enjeux méritent mieux. J’y reviendrai plus tard dans une seconde chronique. Pour l’instant, voici un tour d’horizon des circonscriptions et des candidatures annoncées, limitées ici à celles bien identifiées ou localement actives au moment d’écrire ces lignes.

Des circonscriptions « patchées »

La Rivière-du-Nord a été redessinée. Elle a perdu des municipalités importantes comme Prévost, Saint-Colomban et Saint-Hippolyte, désormais rattachées aux Pays-d’en-Haut. Elle conserve Saint-Jérôme et Sainte-Sophie, cœur démographique et politique du comté, et gagne Sainte-Anne-des-Plaines, qui appartient à une autre réalité, plus agricole et périurbaine. Ce n’est pas une transition fluide : c’est une couture visible entre des mondes qui se croisent peu.

Les Pays-d’en-Haut est une nouvelle venue, née du démantèlement partiel de Laurentides–Labelle, devenue trop immense et ingérable, malgré le bon travail de la députée bloquiste sortante Marie-Hélène Gaudreau. Le nouveau comté regroupe maintenant les municipalités de la MRC des Pays-d’en-Haut, mais aussi Chertsey, Entrelacs et Saint-Calixte (dans Lanaudière), ainsi que les trois municipalités de La Rivière-du-Nord évoquées plus haut.

Dans les deux cas, on a joué au Tetris électoral. Sur papier, ça se tient. Mais dans la vraie vie ? On a cousu ensemble des morceaux qui n’ont ni les mêmes besoins, ni les mêmes dynamiques. Et les candidats devront marcher bien des kilomètres pour relier ces mondes.

Une Rivière-du-Nord sur le pilote automatique ?

Dans La Rivière-du-Nord, Rhéal Fortin (Bloc québécois) est de retour. Il connaît bien Ottawa, c’est vrai. Mais ici ? Les dossiers avancent peu. L’exemple le plus clair : l’immeuble Taillon, qui défigure toujours l’entrée du centre-ville de Saint-Jérôme. Le dossier piétine depuis cinq ans. Le maire Bourcier a dû le porter en cour. Au-delà de l’esbroufe indépendantiste qui sert tant le maire que le député, le projet reste bloqué. Rien ne bouge. Et rien ne changera si on garde la même approche.

Et pour le reste ? Il est discret. Sur le terrain, on dit peu le voir, que les rencontres citoyennes sont rares. Présent dans les débats, absent dans l’action. Se représente-t-il par devoir ? Ou roule-t-il sur le pilote automatique ?

Du côté libéral ? Rien. Toujours aucune candidature officielle dans la circonscription au moment d’écrire ces lignes. Une victoire concédée ?

Un duel dans Les Pays-d’en-Haut

Dans Les Pays-d’en-Haut, c’est une autre histoire. Le Parti libéral mise sur Tim Watchorn, maire de Morin-Heights depuis 16 ans. Il connaît bien son territoire, mais semble croire qu’Ottawa peut financer les villes directement, comme un guichet automatique. Il oublie qu’au Québec, les règles du jeu sont claires : le fédéral doit passer par Québec. Son incarnation d’un fédéralisme d’une autre époque passe à côté d’une réalité politique incontournable. Il est peut-être bon pour entretenir les routes de Morin-Heights. Mais gérer les rapports intergouvernementaux à Ottawa ? On repassera.

En face, Ariane Charbonneau, candidate du Bloc, arrive avec un parcours professionnel sans tache, une éloquence certaine et un profil sérieux. Mais derrière sa candidature flotte un parfum d’arrangement en coulisses. Le Bloc, et son chef, n’ont pas pris la peine d’organiser une investiture, tout était joué d’avance. Dans une circonscription aussi neuve et éclatée, c’est risqué. Refuser une investiture, c’est priver les militants d’un moment fort et d’un ancrage. Être choisie, c’est une chose. Être portée par le territoire, c’en est une autre. Et Watchorn pourrait bien la surprendre.

Une élection charnière

Cette élection sera une occasion de réancrer notre voix. De choisir des gens qui nous connaissent. Qui savent que les Laurentides, ce n’est pas juste une couleur sur une carte, mais un tissu vivant. À ceux et celles qui rêvent d’un siège à Ottawa : ne demandez pas notre appui si vous ne prenez pas le temps de marcher ici, de nous écouter, de nous comprendre. Parce que cette fois, les gens ne voteront pas par habitude ou pour suivre la vague. Ils voteront pour être représentés. Et pas à moitié.

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