Élections 2025 : Bourcier en réflexion face à un conseil divisé

La dernière séance du conseil municipal de Saint-Jérôme, le mardi 18 juin, a été particulièrement houleuse à cause d’une dissension au sein du conseil. L’assemblée s’est terminée vers 23 h 15 après de nombreuses discussions au sein même du conseil.

« Plusieurs personnes me demandent si je vais me représenter aux prochaines élections municipales en 2025. Je m’étais donné comme objectif en 2021 de réparer Saint-Jérôme, autant la ville que notre réputation partout au Québec. Force est d’admettre que je n’aurais pas pu accomplir toutes ces tâches sans l’appui du conseil municipal […] », a souligné le maire, Marc Bourcier au début de la séance. « Vous l’aurez constaté, je suis un démocrate, une personne de principe, qui met un maire indépendant guidé par des valeurs de transparence, d’équité et de respect qui me guident toujours », a-t-il poursuivit.

Pour ce qui est de son éventuelle candidature, il fera part prochainement de ses intentions selon quatre choix qui s’offrent à lui. « En premier lieu, je ne me présenterai pas comme maire; deuxièmement, je ne me présenterai pas comme maire, mais je me réserve le droit d’appuyer ceux et celles qui veulent agir dans les meilleurs intérêts de la Ville; troisièmement, je me présenterai comme maire indépendant ou quatrièmement, je me présenterai comme maire en m’associant avec ceux et celles qui partagent de vraies valeurs démocratiques, qui font preuve de vision et qui agissent dans l’intérêt de tous les citoyens», a-t-il souligné.

Le maire a ajouté : « Si j’ai les moindres doutes que des membres de l’ancienne administration du maire Maher, sont dans les parages comme candidats ou associés directement ou indirectement à l’une ou l’autre des formations politiques de ce conseil, je poserai ma candidature sur le champ afin de continuer à défendre les intérêts de la Ville que j’aime tant».

Il a ensuite demandé aux membres du conseil, d’ici les prochaines élections, « de travailler en mettant la partisanerie de côté et en travaillant aux meilleures intérêts de la Ville, sans ligne de parti de manière démocratique et surtout d’agir pour le bien commun ».

« Comme dans plusieurs villes du Québec, je constate que de plus en plus de jeux de coulisses électoraux partisans commencent à se produire au sein du caucus, des gestes qui pourraient nuire au bon fonctionnement de la Ville et du bien commun et je m’en inquiète. Par exemple, mettre en valeur un parti politique lors d’une annonce municipale et s’en attribuer le crédit. Ces agissements sont à mon avis contraire aux règles d’éthique que les citoyens attendent de leurs élus et je me sens la responsabilité de les dénoncer », a-t-il mentionné le maire en début d’assemblée.

Des conseillers choqués de l’attitude du maire

À la fin de la séance, lors de la parole aux élus, certains conseillers municipaux ont fait savoir leur mécontentement face à l’énoncé du maire. Le ton a monté alors que les conseillers Martin Pigeon et Dominic Boyer, du parti Avenir Saint-Jérôme, se sont dits choqués de l’attitude du maire qui les accusent de faire de la « petite politique ». « On ne fait que de la politique comme des politiciens. Il ne faudrait pas diaboliser les gens qui font partie d’une équipe », ont-ils fait savoir.

« Monsieur le maire, on a toujours une note positive et vous êtes positif, je vous l’accorde. Depuis un certain temps, on a perçu, et plusieurs de mes collègues aussi, ont perçu une attitude différente de votre part. Vous êtes de mauvaise humeur, peut-être fatigué ou avez besoin de vacances, mais on vous demande de respecter la majorité silencieuse. Je sais que vous êtes devenu maire indépendant et que vous êtes fier. On fait de la politique au sein du parti et cessez de diaboliser ceux qui en font partie. Arrêter de faire ça sur la place publique. La Ville va très bien, vous faites du bon travail, mais nous aussi ! », a insisté Dominic Boyer à la fin de la séance. Il ajoute avoir demandé des informations sur des travaux dans son district. « Le maire m’a répondu que ma demande était basée sur la politique. Je suis un politicien et je ne le renierai pas. »

« Après avoir fait campagne au sein d’une équipe, vous avez fait le choix de devenir maire indépendant et je respecte ça. Par contre, respectez ceux qui font partie d’un groupe politique et cessez de les diaboliser. Vous-mêmes vous avez fait de la politique provinciale au sein d’un parti. On ne peut pas critiquer des gens qui se regroupent et qui ont une vision commune. La ville de Saint-Jérôme ne vous appartient pas, il appartient aux citoyens, le drapeau du Québec n’appartient pas au parti Québécois. Je suis indigné des propos que vous avez utilisés en début de séance. Je trouve aberrante votre attitude envers nous […] », a ajouté de son côté le conseiller Martin Pigeon.

Mario Fauteux, conseiller indépendant, a rappelé au maire qu’en 2021, ce dernier avait souligné qu’après les élections, chaque conseiller était libre de voter selon leur conscience. « Pour moi, c’est ça faire de la politique autrement et je souhaite que ça continue en ce sens. On est des conseillers municipaux chacun à part entière. On a tous des réflexions à faire pour ramener le bateau », a indiqué M. Fauteux.

Taxe sur l’immatriculation

De plus, la conseillère Carla Pierre-Paul a demandé d’ajouter une résolution en début du conseil afin que le conseil s’oppose à la taxe sur l’immatriculation de la Communauté métropolitaine de Montréal comme plusieurs villes ont déjà adopté une résolution en ce sens.

Le conseiller Michel Gagnon voulait ajouter ce point à l’ordre du jour, mais le maire avait demandé en caucus d’attendre puisque les discussions étaient entamées avec l’ARTM. Mario Fauteux, conseiller indépendant, a pour sa part mentionné qu’il était déçu de ne pas avoir été mis au courant de cet ajout de résolution.

« On n’aime pas recevoir des points à la dernière minute », a souligné quant à lui Marc-Antoine Lachance, du Mouvement Jérômien. « C’est comme nous mettre le “gun” sur la tempe. Le mieux aurait été de la déposer au point 9.2 pour qu’on puisse en discuter le mois prochain », a-t-il ajouté.

Cession de terrain pour le Centre de formation et d’innovation

Également, le point 5.7 concernant la cession à titre gratuit d’un terrain à la MRC de La Rivière-du-Nord pour le projet de Centre de formation et d’innovation (CFI) a fait l’objet d’un vote.

« En tant que maire, j’appuie sans réserve ce projet [CFI] et j’ai d’ailleurs demandé aux membres de notre conseil d’offrir un endroit pour le construire afin que nous ayons le privilège d’accueillir ce projet structurant pour nos gens d’affaires, mais aussi, je parle en tant que prof, pour la formation de nos jeunes, futurs travailleurs et travailleuses », a souligné le maire.

Le conseiller Martin Pigeon a demandé un amendement à la proposition afin qu’on retire l’aspect de la gratuité. Il s’agit d’un terrain de 4,6 M$ et une majorité de conseillers ont voté en faveur d’amender la proposition et de demander à la MRC de présenter un plan d’affaires tel qu’il avait été convenu avec la Commission des finances, a souligné le conseiller.

« J’espère que l’aide de la Ville de Saint-Jérôme va être à la hauteur de la qualité de ce projet qui vaut des dizaines de millions de dollars », a ajouté le maire.