DOCE : La transmission du savoir de Jacques Duchesneau
Par France Poirier
Il y a quelques semaines, la DOCE (Division-Optimatisation-Contrats et Éthique) a pris la place du BIPA (Bureau de l’intégrité professionnelle et administrative), avec toujours à sa tête Jacques Duchesneau comme inspecteur général.
Le BIPA avait le mandat d’enquêter sur les cas de collusion, de corruption, de fraude et sur tout comportement affectant les fonds publics. La DOCE a les rôles de vigie, de surveillance, d’analyse, de collaboration, de transfert de connaissance et de formation.
Au cours des trois prochaines années, Jacques Duchesneau s’affairera, avec son équipe, à transmettre le savoir aux employés de la Ville de Saint-Jérôme, avec qui ils travaillent en étroite collaboration. Puis, il quittera la DOCE pour la retraite.
Il nous explique le changement de vocation du BIPA. « En 2017, quand on a créé le BIPA, j’avais mentionné que dans cinq ans, il faudrait voir où on en est. C’est là que nous étions rendus. Je vous donne un exemple. Le système judiciaire ne suit plus. On a des gens qui sont accusés de meurtre et ils sont libérés parce qu’ils n’ont pas eu leur procès à temps », explique M. Duchesneau. Les cas de corruption ne passent donc pas en priorité dans le système judiciaire. « Si quelqu’un nous vole, on va tenter d’aller le chercher. On met trop d’effort et ça ne donne pas les résultats souhaités », ajoute-t-il.
Inverser la situation
Donc, ils ont pris ça à l’inverse. « On a décidé de mieux se structurer et de mieux se préparer afin de rendre plus difficile la corruption. Avec l’expérience qu’on a eue dans les six dernières années, on a vu tous les trucs utilisés par les gens malveillants. C’est ça qu’on a tenté de contrer et c’est ce qu’on fait. »
Tous les contrats donnés à la Ville sont vérifiés par la division, avant même qu’ils se rendent au conseil municipal, ajoute-t-il. « Est-ce qu’on a bien fait les choses ? Sinon on fait des recommandations. Au cours des six dernières années, on a fait plus de 250 recommandations. Par exemple, est-ce que notre devis pour l’appel d’offres était bien clair. S’il n’est pas clair, chacun a sa propre interprétation et c’est là qu’arrivent des explosions de coûts. On s’attaque au même problème, mais différemment », poursuit Jacques Duchesneau.
Transfert de connaissances
Au cours des trois prochaines années, il y aura un transfert des connaissances. « Je suis encore impressionné de voir les gens de mon équipe. Ce ne sont pas des ingénieurs, mais ils parlent comme des ingénieurs. Ce ne sont pas des travailleurs de la construction, mais quand il faut, ils parlent avec eux pour se faire comprendre. Ces connaissances sont très pointues. On veut faire ce transfert avec les employés de la Ville. Et dans trois ans, on ne devrait plus exister. C’est une proposition que nous avons faite. On est une petite équipe de six. Nous devons travailler avec les employés municipaux. Les employés de l’avant BIPA ont été blessés. Blessés par des choses qu’ils ont vues et qu’ils ne pouvaient pas dénoncer », souligne-t-il.
Quand il y a quelque chose qui ne semble pas normal, les gens appellent et ils sont écoutés, dit-il. Par ailleurs, M. Duchesneau explique que la ligne de signalement sonne de moins en moins parce que les gens trouvent que ça va mieux. « C’est plutôt nous qui appelons. Par exemple, cinq compagnies viennent chercher les cahiers de charge, mais seulement deux soumissionnent. Pourquoi ? On les appelle pour savoir pourquoi ils n’ont pas soumissionné. On veut connaître leurs raisons. Tout ça nous permet de nous questionner », ajoute-t-il.
Plan match de trois ans
En 2023, la DOCE veut identifier ses lacunes. À compter de 2024, la DOCE souhaite partager les connaissances et développer celles des autres. Puis, pour la dernière année, intégrer et accompagner sont les mots d’ordre. « En 2025, on sera des observateurs. On va les regarder aller et apporter des ajustements qui s’imposent. Puis, en décembre 2025, on devrait leur dire bonjour », explique l’inspecteur général.