" Digne d’un film d’horreur signé par Stephen Harper " – Pierre Dionne Labelle
Par Lpbw
De Saskatoon, où il participait au caucus de son parti, le député Pierre Dionne Labelle a tenu à ajouter sa voix aux témoins venus aux audiences de la Commission nationale d’examen de la réforme de l’assurance-emploi qui s’est arrêtée mardi dernier à Saint-Jérôme. « La pire réforme d’assurance-emploi depuis 40 ans, »selon le député.
Dans un bref mémoire déposé à la Commission, le député décrit le déclin du programme d’assurance-emploi aux cours des ans sous les gouvernements libéraux et les conservateurs.
« Les conservateurs et les libéraux ont tellement réduit les protections du régime qu’actuellement seulement 40 % de ceux qui payent des cotisations peuvent y avoir accès. Quand tu te payes une assurance, tu ne veux pas te faire dire que tu n’es pas assuré quand tu fais tes réclamations, ça n’a pas d’allure ! », dénonce le député.
Contre les chômeurs
« Déjà que, suite au vol du 57 milliards $ dans la caisse par les libéraux, le régime était comme un fromage plein de trous. Voilà que les conservateurs grignotent le peu qui reste, » poursuit le député rappelant que chaque agent de Service Canada s’est fait imposer un objectif de coupures de 500 000 $.
Il considère par ailleurs que "la réforme s’inscrit dans un scénario de suspicion et de harcèlement envers les sans-emploi digne d’un film d’horreur signé par Stephen Harper. "
« L’objectif de la réforme n’est pas de lutter contre le chômage, mais de lutter contre les chômeurs. Alors aussitôt qu’un chômeur fait une erreur dans sa demande, ou ne répond pas au téléphone quand un agent l’appelle, il risque d’être coupé, » s’insurge-t-il.
Pour le député du NPD, le programme d’assurance-emploi avait certes besoin d’une réforme. Mais il estime qu’à cause des faiblesses du régime, les personnes malades doivent souvent avoir recours à l’aide sociale, même si elles ont payé de l’assurance-emploi toute leur vie.
Il cite l’exemple de Mme Isabelle Richer atteinte du cancer du sein, à qui l’on a refusé des prestations au-delà de 15 semaines prévues pour la maladie dans la Loi. « C’est un manque total de respect et d’humanisme… ».
Éliminer la période d’attente
Pour Pierre Dionne Labelle, le régime d’assurance-emploi, programme pancanadien essentiel à la vitalité économique de toutes les régions, doit être disponible quand les familles en ont besoin.
Aussi le député propose d’éliminer la période d’attente de deux semaines; de ramener la période d’admissibilité à un minimum de 360 heures de travail, sans tenir compte du taux de chômage régional ; d’augmenter le taux de prestations à 60 %; de calculer les prestations sur les 12 meilleures semaines dans la période de référence. Le NPD propose également d’améliorer la qualité et la surveillance de la formation et de la réorientation pour que les Québécois et Canadiens puissent garder des emplois durables.
« Notre intention est de remplacer ce gouvernement aux prochaines élections, afin d’adopter les profonds changements tels que souhaités et exprimés par la population, » conclut Pierre Dionne Labelle, affirmant que la solution sera électorale.
Impacts régionaux
Les représentants de quatre organisations syndicales des Laurentides membres de la CSN, la CSQ, le SFPQ et de la FTQ ont déposé un document commun, à l’occasion de l’audience de cette Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi.
En plus de rappeler l’analyse et les revendications étoffées dans un mémoire conjoint national – comprenant un ensemble de propositions pour que le régime retrouve sa vocation d’origine, en protégeant efficacement les travailleurs victimes du chômage – l’objectif était aussi de faire connaitre à la Commission les impacts régionaux concrets de la réforme sur l’assurance-emploi dans les Laurentides par le biais de témoignages. «
Déjà les effets négatifs se sont fait sentir. Les chauffeurs d’autobus scolaire ont vécu des situations inadmissibles en raison de la bureaucratie qui a été instaurée et qui semble avoir pour objectif justement de décourager ceux qui veulent obtenir des prestations de pouvoir faire une demande», a dénoncé Louise Jetté, présidente du Conseil central des Laurentides CSN.
« Le travail saisonnier relié à toute l’industrie touristique, les centres de skis, l’hôtellerie et la restauration, de même qu’à la foresterie, la construction et l’agriculture est partie intégrante de notre activité économique. L’assurance-emploi est aussi nécessaire, afin d’apporter une certaine stabilité de revenus aux personnes qui occupent des emplois dans le secteur manufacturier et qui travaillent dans des PME aux prises avec des périodes creuses, » poursuit-elle.
La Commission a été mise sur pied dans le sillage de la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement Harper, décriée par une large coalition dont font partie plusieurs syndicats et organismes des Laurentides qui estiment que cette réforme accentuera l’insécurité et la précarité sur le marché du travail, en plus de frapper de plein fouet certaines industries.