Deux exclus au caucus : Dissension au conseil municipal de Saint-Jérôme
Par France Poirier
Le 8 mai dernier, à l’issue du caucus du conseil municipal de Saint-Jérôme, les conseillers Marc-Antoine Lachance et Jacques Bouchard du Mouvement jérômien ont été avisé qu’ils seraient dorénavant exclus des discussions du caucus.
Dans un communiqué, le chef du parti, Rémi Barbeau soutient qu’« ils ont été rencontrés par les représentants du parti Avenir Saint-Jérôme qui leur ont expliqué que les prises de positions exprimées par le Mouvement jérômien par communiqué de presse justifiaient leur décision ».
« Ainsi, les deux élus ne participeront donc plus aux débats ni aux prises de décisions préalables aux propositions soumises lors des séances du conseil municipal. Pourquoi donc se priver de discussions, voire de débats, se déroulant dans un respect mutuel, alors que les intentions sont d’être au service de la population ? », se demandait Rémi Barbeau, chef du Mouvement jérômien.
Dominic Boyer, conseiller municipal et président d’Avenir Saint-Jérôme, explique cette décision. « Effectivement, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons pris cette décision. Quand nous sommes arrivés en politique, nous avions dit que nous étions tous indépendants et que nous avions tous droit à nos opinions. Jusqu’à tout récemment, ça fonctionnait très bien », dit-il.
Actuellement, le conseil est formé de dix conseillers qui se sont présentés sous la bannière Avenir Saint-Jérôme avec Marc Bourcier. Ce dernier s’est retiré du parti dès son élection. Il agit comme maire indépendant. Les deux autres conseillers, Marc-Antoine Lachance et Jacques Bouchard, font partie du Mouvement jérômien.
Des communiqués qui dérangent
Le parti Mouvement jérômien affirme que c’est en tout respect des pratiques démocratiques élémentaires que celui-ci s’est exprimé à quelques reprises sur des sujets d’actualité municipale. L’objectif était de soutenir ses élus et présenter ses positions.
« Ces communiqués, rédigés avec respect et rigueur, ont pour objectif de souligner les bons coups, de remettre en perspective les priorités ou de questionner certaines décisions portant sur des dossiers d’envergure pour les citoyens et citoyennes. Ces communiqués sont une façon légitime et démocratique d’atteindre ce but », a fait savoir le chef du Mouvement jérômien, Rémi Barbeau.
« Tu peux être en désaccord, c’est une chose. Mais de là à exprimer ton désaccord par voie de communiqué au lieu de le faire en caucus, c’est autre chose. Des gens au conseil ne sont plus à l’aise d’avoir des discussions devant eux », a expliqué M. Boyer.
Une décision anti-démocratique ?
Le chef du Mouvement jérômien indique pour sa part qu’« il sera intéressant de suivre la position du maire en ce qui concerne l’exclusion des deux conseillers du Mouvement jérômien par la majorité d’Avenir Saint-Jérôme ». « Marc Bourcier avait promis de changer la culture de Saint- Jérôme et de permettre la dissidence. Aujourd’hui, Avenir Saint-Jérôme prend une décision antidémocratique et refuse le débat en empêchant nos élus de faire pleinement leur travail de représentation », exprime M. Barbeau.
« Il y a des points de vue qui n’ont jamais été apportés au caucus. Si tu as des idées apporte-les, on va en débattre. Par exemple, ils disent vouloir revoir les finances publiques. L’un des deux conseillers fait partie de la commission des finances. Il ne s’est pas opposé aux décisions et il était en accord avec les décisions prises. Je ne comprends pas. On voit des arguments dans les médias qui n’ont pas été proposés au caucus », ajoute Dominic Boyer.
Rien de personnel
Dominic Boyer souligne que personne n’a rien à dire contre les conseillers Bouchard et Lachance. « Ce sont des personnes qui ont des idées intéressantes, ça n’a rien à voir. »
« Le problème ne réside pas dans le fait qu’ils ont émis des communiqués à l’encontre des décisions du conseil. Le problème est que lors des caucus, ils n’ont pas démontré de dissidence. Ils ne s’opposent pas en caucus, puis ils sortent par la suite pour s’opposer. C’est ce qui nous a fait perdre confiance en eux. Les autres conseillers n’ont plus confiance d’avoir des discussions devant eux. »
« Ils ne perdent pas leurs avantages »
Dominic Boyer tient à souligner que les deux conseillers ne perdent aucun de leurs avantages. « Ils conservent leur commission. Ils reçoivent la même information que les autres conseillers, mais pas en même temps. Nous déplorons la situation, mais ce n’est plus possible de travailler de cette façon », a-t-il conclu.
Interrogée sur la situation, la conseillère Nathalie Lasalle qui a vécu une situation d’exclusion sous l’ancienne administration explique que la situation n’est pas du tout comparable. « À l’époque, on m’avait retiré des commissions sur lesquelles je siégeais. On ne me donnait pas d’information hors conseil. De plus, on m’excluait de différentes activités », se souvient amèrement la conseillère. Par ailleurs, madame Johanne Dicaire avait vécu la même situation.