Des tests permettent la vérification du niveau de radon dans les habitations

Par Luc Robert

Un peu plus d’une maison sur dix dépasse le niveau acceptable de radon dans les Laurentides.

Le radon est ce gaz radioactif produit par la désintégration naturelle de l’uranium (radium), présent dans la croûte terrestre (sol, couches rocheuses, cours d’eau).

Une enquête réalisée par Santé Canada indique que le pourcentage pondéré de Canadiens habitant dans des maisons où la concentration de radon excède 200 Bq/m3 (becquerels par mètre cube) est de près de 7 % au pays et de plus de 8 % au Québec. Avec un niveau de 10,3 Bq/m3, les Laurentides dépassent légèrement la moyenne provinciale, mais se situent loin derrière les régions de la Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine (25,3 %), du Bas-Saint-Laurent (14 %), ainsi que de Chaudière-Appalaches (13,1 %).

Détection difficile

Incolore et inodore, le radon est difficile à déceler à l’intérieur. À l’air libre, il se dilue dans l’atmosphère et se trouve moins préoccupant pour la santé. Il peut toutefois s’infiltrer dans un lieu fermé et s’accumuler en fortes concentrations à la longue. Étant plus lourd que l’air, il se retrouve souvent dans le sous-sol de maisons moins ventilées, surtout l’hiver.

« Dans les Laurentides, ce n’est pas un phénomène nouveau. Il y a des cas répertoriés dans le secteur d’Oka. Je ne suis pas un spécialiste, mais il est certain que les gens ont intérêt à bien s’équiper. Un bon système de ventilation peut être une bonne solution. Les nouveaux sont programmables pour des heures variables, ce qui aide l’hiver. Les gens ont souvent le réflexe de dire qu’ils chauffent pour l’extérieur et vont attendre au printemps pour remettre en fonction l’échangeur d’air. Mais ils doivent aussi aérer les pièces, dont le sous-sol, à longueur d’année », a commenté M. Félix Tremblay, inspecteur certifié dans les Laurentides et membre de l’Association des inspecteurs en bâtiments du Québec (AIBQ).

Pénétration du radon

La pression atmosphérique de l’intérieur d’une habitation est généralement inférieure à celle du sol qui entoure ses fondations. De la documentation de CAA-Québec indique que la différence de pression crée une aspiration du radon et des autres gaz présents dans le sol, jusque dans la maison.

Le radon peut se déplacer à travers les pores du sol, sur lequel les maisons sont construites. Il peut aussi s’infiltrer par toute ouverture en contact avec le sol, comme : les sols en terre battue (vides sanitaires); les fissures des murs et de la dalle de plancher; les joints non étanches des tuyaux de branchement ou d’évacuation (eau, égout, électricité, gaz naturel, mazout, etc.); les drains de sous-sol et autres conduits de plomberie. L’eau d’un puits peut contenir du radon, qui sera libéré dans l’air de la maison lorsque cette eau sera brassée pour les douches, la lessive, etc. Mais la concentration n’est généralement pas suffisamment importante pour constituer un risque pour la santé.

« Lors de nos inspections, nous ne pouvons certifier qu’il n’y a pas de radon. Il y a des limitations de détermination de la condition d’une habitation, car ce n’est pas apparent. Cela prend des mesures de 5 jours et plus, pour des résultats rapides. Des sondes doivent être installées pour des tests plus précis. Pour atténuer le risque, lors de la pose d’un faux plancher au sous-sol, l’installation d’un coupe vapeur va aider. Pour d’autres maisons, certains clients installent un prélart étanche à la grandeur des pièces », a-t-il remarqué comme tendances préventives.

Si le taux excède 200 Bq/m³, il peut présenter un risque de cancer du poumon à long terme. Il est recommandé de procéder aux correctifs dans un délai de deux ans, mais si la concentration dépasse les 600 Bq, il faudrait idéalement dans les 12 mois qui suivent. En 2009, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé que les concentrations de radon admissibles soient fixées à au plus 100 Bq/m³.

D’ailleurs, selon le Dr Jean-Claude Dessau, président du Comité sectoriel sur le radon au MSSSQ, le cancer du poumon demeure le seul risque connu associé à l’exposition prolongée au radon, a-t-il souligné dans la revue Touring.

« Une fois libéré dans l’air intérieur, le radon se décompose en fragments microscopiques, qui se fixent à la poussière que nous inhalons. Dans les poumons, ces fragments continuent à se désintégrer en émettant des particules de type alpha, qui produisent un rayonnement ionisant. Plus les cellules des bronches sont bombardées par ces particules alpha radioactives, plus le risque est grand qu’elles s’altèrent et se transforment en cellules malignes », a-t-il détaillé.

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