Milena et Carlos sont arrivés au Québec le 17 juin 2015, en provenance de la Colombie.

Des nouveaux arrivants nous racontent

Par Ève Ménard

Dans le cadre des Rendez-vous culturels, Ugo Monticone, écrivain et globetrotteur, a offert une conférence-atelier à la cohorte des Laurentides le 25 octobre dernier, de manière virtuelle. Au terme de cette activité, il a invité les participants à écrire un texte au sujet de leur arrivée dans notre région.

Cette semaine, à travers deux textes distincts, Carlos et Milena nous parlent d’émotions, d’apprentissages et du premier « Bienvenue au Québec! ». Le couple est arrivé le 17 juin 2015, en provenance de Bogota, en Colombie, et habite plus précisément à Boisbriand depuis le 15 mars 2020.

Immigration, comme dans un corps étranger

Je veux vous parler de mon expérience de l’immigration, du point de vue des émotions et des sensations. Ce que notre cerveau éprouve lorsque sa réalité change et que vous êtes confronté à l’inconnu.

Avant le Canada: Lorsque nous avons décidé, avec mon mari, de quitter notre pays et de vivre au Canada, nous étions très conscients qu’il s’agissait d’un engage-ment de vie. Ce n’était pas des vacances. Notre objectif était clair et à partir de ce moment, nous avons commencé à programmer notre cerveau, conscients de vouloir construire quelque chose de durable.

De nombreuses émotions apparaissent avant de voyager : La tristesse de quitter famille, travail et amis, l’angoisse de ne pas savoir ce qui vous attend de l’autre côté, l’inquiétude de ne pas savoir si c’était la bonne décision. Malgré tout, quelque chose de plus fort que tout est le sentiment d’aventure, la volonté de prouver que vous êtes capable de progresser et de suivre vos rêves peu importe où vous êtes.

Au Canada: Eh bien nous avons atteint notre destination, Laval, Québec. Fatigués du voyage, dans un transport qui s’apprêtait à nous emmener dans un appartement loué, nous observions comme des enfants les rues, les immeubles, les gens et entendions notre premier « Bienvenue au Québec ». À partir de ce moment-là, je me suis déjà sentie étrange. C’était comme si mon corps et mon esprit étaient entrés dans quelqu’un d’autre et que je n’étais qu’une simple observatrice. Après une douche, nous avons touché l’oreiller et nous sommes tombés dans un sommeil profond.

Je pourrais vous raconter des millions d’expériences, mais si quelque chose me définit bien, c’est que je suis émue par les émotions. Aujourd’hui, je suis très reconnaissante au Canada et à la province de Québec de m’ouvrir leurs portes. Cinq ans et demi où j’ai beaucoup appris sur ce pays et sur moi-même. J’ai fait des choses que je n’aurais jamais pensé pouvoir faire et j’ai surmonté des moments difficiles où je pensais m’évanouir. Des milliers de sentiments. De la frustration quand quelque chose ne va pas bien ou quand ils ne vous comprennent pas quand vous parlez. La solitude, l’insécurité, la peur et le stress lors de chaque entretien de travail. Mais comme je l’ai dit au début, tous ces sentiments en partie négatifs deviennent opaques à chaque progrès. L’apprentissage quotidien vous donne plus de confiance et de force, ces amis et ces anges que vous rencontrez en cours de route deviennent cette famille que vous choisissez, où vous trouvez chaleur, conseils, amour, et où l’important est toujours de se soutenir.

Apprentissage, charme et désenchantement, frustration et fierté, larmes et rires. L’important est de vivre chaque chose et de tirer le meilleur de chaque opportunité. Je ne regrette pas la décision que j’ai prise, car elle m’a beaucoup enrichie intérieurement et dans ma relation avec mon mari, qui est toujours mon soutien, comme je suis le sien.

Milena Mongui

Une nouvelle maison

D’abord, l’immigration ressemble à des vacances : c’est le moment de découvrir différentes places, d’autres cultures et de goûter la magnifique gastronomie du pays où on arrive. Mais cette fois, nous ne venons pas en vacances. Nous voyageons pour nous installer au Canada dans la province de Québec.

En premier lieu, la maison, la province de Québec, sont des lieux où tout est nouveau. Il nous est donc arrivé une série d’anecdotes, certaines drôles et d’autres moins, qui nous ont permis d‘ouvrir nos esprits à travers cette nouvelle étape et à surmonter des complications qui ont commencées il y a quelques années.

Je me souviens de la première fois qu’on est allés au supermarché. On a pris un produit dont la valeur était de dix dollars. J’ai cherché le billet de dix dollars dans ma poche, puis on est allé à la caisse pour payer l’article et où se trouvait une dame québécoise. Quand elle a vu que je lui donnais seulement le billet de dix dollars, elle m’a regardé directement dans les yeux et m’a dit : « Il manque des taxes. » Elle a souri et puis a dit : « Bienvenue au Québec. » Avant, on était habitués de payer seulement le prix indiqué sur l’article, car les taxes étaient déjà incluses. Cette petite histoire me rappelle toujours que je suis dans ma nouvelle maison.

D’ailleurs, s’adapter à la culture et aux coutumes québécoises est une autre façon de se souvenir qu’on est dans une nouvelle maison. Une autre fois, de nouveaux amis nous ont invités à l’anniversaire de leur fils. On a partagé avec d’autres immigrants latinos qui étaient déjà habitués à ce type de rencontre. Ils nous ont expliqué qu’ici, lors des réunions, il est habituel de manger des légumineuses crues, boire de l’eau et tout est correctement identifié pour prévenir les personnes allergiques.

Bref, les expériences de vie aident l’être humain à s’habituer et à s’adapter. Chaque expérience compte, enrichit et renforce. Même si ce n’était pas chez moi, maintenant, on en fait partie.

Carlos Soler

Rappel : Qu’est-ce que les Rendez-vous culturels?

Pendant sept semaines consécutives, un groupe de 15 à 20 allophones est invité à participer à une séance hebdomadaire leur permettant de mieux se familiariser à la culture québécoise. Les objectifs principaux consistent à favoriser leur intégration et leur donner le goût du Québec par la culture. Les activités avaient débuté le 19 septembre dernier dans les Laurentides. Alors que la conférence-atelier d’Ugo Monticone devait initialement avoir lieu à la Place des citoyens à Sainte-Adèle, elle s’est plutôt tenue sur Zoom en raison de la réalité sanitaire.

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