Des monteurs de lignes au repos après des efforts surhumains
Par Luc Robert
Le Lafontainois d’origine Benoît Desjardins vient de reprendre ses forces en Outaouais, après une période intensive de travaux de remise en état du réseau électrique d’Hydro-Québec.
Les besoins étaient si grands, partout en province, que ses confrères et lui travaillaient sur des quarts de travail interminables.
« Là, je suis au repos forcé pour 36 heures. On n’a pas le droit de conduire avant cette période de récupération. On y a donné la claque pendant 11 jours de suite. Dans mon cas, j’étais à l’horaire de 14h à 6h, soit 16 heures consécutives. Disons que je suis claqué », a confié le travailleur de 44 ans.
Vers les Laurentides
Comme c’est souvent devenu le cas depuis le début des années 2000, des tempêtes qui se développent et frappent en Outaouais poursuivent ensuite leur course vers les Laurentides.
« Ici, on a été 17 équipes à servir le dépannage pour les secteurs du Grand Gatineau, du Pontiac, de la MRC des Collines, de Buckingham et autres. Certaines ondes d’orages ont continué vers le Lac Gagnon et Duhamel, avant de se faufiler jusqu’à Sainte-Adèle, Morin-Heights et les environs. Ici, on a rétabli les 21 circuits principaux, dont 8 postes de distribution. Les lignes principales, les hôpitaux, les écoles, les centres commerciaux et les services d’urgence ont été remis en état en priorité. »
Si les efforts des employés 07 sont souvent salués par les citoyens, certains ont tout de même fait preuve d’impatience envers les travailleurs de la firme provinciale.
« C’est sûr que certaines personnes auraient voulu que tout soit rétabli en un claquement de doigts. Mais ça ne se passe pas ainsi sur le terrain. Dans les secteurs ruraux comme à Cantley, Val-des-Monts et La Pêche, c’était beaucoup plus d’ouvrage pour nous. Surtout quand il y a de 7 à 10 poteaux à terre, avant même de pouvoir se rendre sur les lieux. La progression était peut-être lente, mais régulière et sécurisée.»
À court de pièces
Les orages violents ont été tels que les pièces de rechange commençaient à manquer.
« C’était vraiment vaste comme tempête. C’est la première fois que je voyais autant de monde à pied d’œuvre, en même temps. On a fait tellement vite à réparer qu’on ne constatait plus l’ampleur des dégâts. On a presque manqué de pièces de rechanges, notamment au niveau des transformateurs. Depuis l’épisode des tornades, en 2018 et 2019 en Outaouais, il y a plus de tempêtes fortes. On se croyait dans le Tornado Alley des États-Unis, » a-t-il conclu.
C’est lors d’événements d’une telle ampleur que les travailleurs spécialisés se serrent les coudes.
La relève en renfort
« On a eu l’aide de notre relève. Les jeunes ont les couteaux entre les dents et apprennent vite. Il y avait autant d’interventions pendant les grands orages que des patrouilles pour vérifier l’état des lignes, pour constater les dégâts de visu. Des équipes d’Hydro-Québec de partout en province nous appuyaient : à Papineauville, il y avait sur place des confrères de Québec, du Saguenay, de Drummondville, de la Gaspésie et même des équipes du Nouveau-Brunswick », s’est souvenu le monteur de lignes de 21 années d’expérience.
C’était à son tour d’être épaulé, après avoir été lui-même appuyé d’autres provinces et états, lors de tempêtes massives.
« J’ai été six fois aux États-Unis, pour des tempêtes de neige et des ouragans. Sandy, Irène, etc… au Vermont, au Connecticut et au New Hampshire, notamment. On y va à tour de rôle, selon des listes de disponibilité. Mais en raison de la sous-traitance, on y va moins de nos jours. Il y a aussi une question de garder suffisamment de ressources manuelles ici. C’est déjà arrivé qu’une tempête chez nos voisins du sud refoule jusqu’au nord. Tu ne veux pas non plus te retrouver ici à court d’effectifs. Les trajectoires changent en cours de route », a achevé celui qui raffole du temps actif, étant un amateur de surf.